[Ciné-débat] Mardi 23 février, au Cinéma le Zola, « C’est quoi ce travail ? » en présence du réalisateur

Mardi  23 février 2016 à 20h30 , le cinéma le Zola (Villeurbanne) vous propose un très beau documentaire  ‘C’est quoi ce travail ?’ La séance permettra au public d’échanger avec le réalisateur Luc Joulé et sera suivie d’un débat animé par Attac – groupe de Villeurbanne.

Tout les informations pratiques sur http://www.lezola.com

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C’est quoi ce travail ?
De Luc Joulé et Sébastien Jousse
Avec : Nicolas Frize
Documentaire
France, 2015, 1h40

Sortie nationale le 14 octobre 2015

Festival Cinéma du réel 2015 – Compétition française

Synopsis

Ils sont au travail. Les salariés d’une usine qui produit 800.000 pièces d’automobile par jour et le compositeur Nicolas Frize entreprend de composer sur place une musique originale sur fond de son des machines. C’est également l’occasion de faire le portrait d’ouvriers. Chacun à sa manière, ils disent leur travail. Chacun à sa manière, ils posent la question : alors, c’est quoi le travail ?

Lire un entretien avec les réalisateurs : ici

La critique

« Durant deux ans, le compositeur Nicolas Frize s’est installé au coeur de l’usine PSA Peugeot Citroën de Saint-Ouen, avec micros et partitions, à l’écoute du personnel et de la cadence entêtante des machines. Ce formidable documentaire fait mieux que filmer une simple expérience : il contemple, donc, le « travail », dans son essence même : un dialogue incessant entre celui qui crée et ceux qui fabriquent. Sont-ils si différents ? Portraits d’humains pris dans le métal, rêvant et pensant leur activité en voix off, dans le tourbillon mécanique. « Je me sens comme si j’étais dans la matière », dit l’un. « Il faut ramener la beauté là où elle n’existe pas », dit un autre. Ici, elle naît au croisement de l’art et de la sociologie. — C.M. » Cécile Mury pour Télérama.

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Les origines du film, la rencontre avec un compositeur

Après avoir traité le milieu ouvrier dans Les Réquisitions de Marseille et la condition des Cheminots en 2009, Luc Joulé et Sébastien Jousse déclarent engager à chaque film la subjectivité du regard du spectateur. Leur « écriture subjective » leur permet de trouver un regard propre, condition d’être selon eux du cinéma.

A la suite de Cheminots, qui relate la privatisation des chemins de fer et les conséquences que celle-ci entraine, Luc Joulé et Sébastien Jousse eurent envie d’offrir une vision moins pessimiste du monde du travail. Invités par le Ministère de la Culture à prendre part à un groupe d’études sur le thème de « la création artistique et le monde du travail », ils ont croisé à cette occasion Nicolas Frize qui les a invités à venir au sein de sa résidence d’étude dans l’usine PSA de Saint-Ouen.

Le travail de composition opéré par Nicolas Frize est partie prenante du film. Ce compositeur enregistre tous les sons imaginables issus de cette fabrique comptant près de 600 salariés. De cette riche matière, l’artiste en a tiré trois concerts avec la complicité des ouvriers dont l’un a été dispensé au sein de l’usine. Ce dernier est un peu montré à la fin du film, découvert par le presque seul regard des spectateurs dans le but de préserver l’aspect éphémère de l’oeuvre fabriquée par le compositeur (qui refuse toute captation).

Avec « C’est quoi ce travail ? »,  les réalisateurs réunissent des activités qu’au premier regard tout oppose.

« Rapprocher la partition du compositeur et le « standard » de l’ouvrier (la norme de fabrication d’une pièce), c’est se demander quelle marge de créativité est possible dans une activité industrielle », décryptent les deux réalisateurs

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Une relation de confiance avec les ouvriers

Les deux réalisateurs ont en premier lieu opéré un long travail afin de développer une relation de confiance avec les ouvriers qu’ils ont filmés au travail. Tourné chronologiquement à la préparation du concert, le filmage a duré 61 jours (27 dédiés à la création musicale pour 34 au travail de l’usine) alors que les deux réalisateurs « ont élu domicile » trois ans durant. « À force d’être vu sans caméra, il arrive même qu’on nous demande si nous allons vraiment tourner un film… C’est souvent le signe que toute éventuelle méfiance ou incompréhension s’est estompée », racontent-ils. Ils ont ainsi obtenu quelques 120 heures de rush pour 35 entretiens. Ce lien s’est prolongé jusqu’au montage final, chaque ouvrier ayant validé la partie le concernant lors d’un visionnage particulier.

Chaque entretien s’est déroulé selon une organisation bien précise : la personne fut en premier lieu filmée au travail avant de transmettre, par l’audio seulement et le lendemain au maximum, son témoignage personnel. Si la personne en exprimait le souhait, l’entretien était filmé et offert à l’interviewé. Isolé au mieux du son assourdissant de l’usine, la rencontre opérait, avec l’accord de la direction, sur le temps de travail.