Les délices de Tokyo

Les délices de TokyoTout le Japon dans un dorayaki
Une petite échoppe dans Tokyo produit des dorayakis (pancakes + purée de haricots rouges) pour les lycéennes du quartier qui en ont fait leur QG. Le cuistot, la quarantaine et ex alcoolique au lourd passé, fait ce job sans passion. Une mamie de 76 ans appâtée par une offre d’emploi de cuisinière va se présenter pour le poste. Elle aussi a eu une dure existence ; au ban de la société trop longtemps ; elle compte sur ce job pour enfin la réintégrer. Et puisque qu’il s’agit entre autre d’une histoire de transmission de valeurs entre génération ; une jeune lycéenne un peu exclue, un peu seule aussi va trouver auprès de ce duo une place qu’elle ne trouve pas ailleurs.Présenté comme cela, çà peut paraître mièvre ; mais non, ce film est juste et plein de bons sentiments. Par sa douceur et ses moments de tendresse ; ce film véhicule sérénité et sagesse. Une sorte de feel good movie à la sauce nippone où les valeurs au centre du film ne sont que positives : amitié et tolérance autour de plaisirs épicuriens. Dans la sélection « Un certain regard » à Cannes 2015, il en dit aussi beaucoup sur le Japon contemporain et de la place laissée aux anciens et de la vie des plus jeunes. Mais il témoigne aussi de l’exclusion dont furent victimes les lépreux d’après-guerre au Japon : parqués hors ville jusqu’en 1996, sans descendance et sans sépultures… des citoyens fantômes en quelque sorte. Et c’est pour cela que la première entrée dans le sanatorium est mis en scène par Naomi Kawase comme a pu le faire Miyazaki en son temps avec l’entrée dans le parc d’attraction abandonné par Chihiro. Ce film est donc gourmandise dégustée sans déplaisir, malgré quelques maladresses. Les ellipses sont quelque fois maladroites et perturbatrices de la bonne lecture de la temporalité, surtout sur la fin du film. Le scénario sans surprise offre quelques personnages caricaturaux pour permettre à Naomi Kawase d’arriver à ses fins : la patronne du magasin et surtout les situations et personnages qui en découlent. Et puis on sent l’envie de la réalisatrice de faire un film plus accessible que les précédents, peut être poussée par des producteurs internationaux. Donc son film se veut plus grand public et par conséquence les intentions sont souvent trop lisibles ; là où les images suffiraient, les dialogues viennent surligner artificiellement le propos.En fait le film aurait beaucoup gagné à être plus sobre… à l’image des cerisiers en fleurs sujets de belles photos dans la première demi-heure mais ultra présents.
Sorti en 2016
Ma note: 14/20