Genre : horreur, gore (interdit aux - 12 ans)
Année : 1985
Durée : 1h43
L'histoire : Les morts-vivants se sont emparés du monde. Seul un groupe d'humains, composé de militaires et de scientifiques, survit dans un silo à missiles. Deux solutions se présentent : fuir ou tenter de contrôler les zombies.
La critique :
En 1968, George A. Romero, encore inconnu au bataillon, lance une bombe dans le cinéma horrifique. Son nom ? La Nuit des Morts-Vivants. Depuis, et en l'espace de presque un demi siècle, son nom est devenu incontournable et évidemment associé aux macchabées affamés de chair humaine. Certes, au cours de sa filmographie, George A. Romero se détournera parfois de l'univers des zombies avec plusieurs titres de prestige, notamment (le trop méconnu) Martin (1977), Incidents de Parcours (1988), ou encore le génial Creepshow (1982), sans jamais renier ses premières amours.
Avec La Nuit des Morts-Vivants, Romero signe surtout le tout premier chapitre de la trilogie des Morts, suivi par Zombie (1978) et Le Jour des Morts-Vivants (1985).
Pour les maquillages et les effets spéciaux de cet ultime chapitre, George Romero fait à nouveau appel à son ami Tom Savini qui, par ailleurs, remportera un Saturn Award pour la qualité de son travail. A travers La Nuit des Morts-Vivants, Romero fustigeait une Amérique xénophobe et en plein marasme. Dans Zombie, le cinéaste s'ébaudissait de notre société consumériste avec des morts qui arpentaient et sillonnaient les longs couloirs d'un centre commercial.
Mais depuis 1978, notre monde a connu de profondes mutations. Le Jour des Morts-Vivants se situe évidemment dans la lignée et la logique de la diatribe dressée dans les deux précédents volets, avec néanmoins quelques subtilités et variabilités dans le discours, toujours aussi engagé.
Parallèlement à la sortie du Jour des Morts-Vivants, un autre concurrent triomphe dans les salles obscures. La même année (donc en 1985), Le retour des morts-vivants reçoit des critiques unanimement panégyriques et devient la nouvelle égérie de l'horreur à la sauce "zombie" (si j'ose dire...). Le réalisateur du film, Dan O'Bannon, en conflit avec Romero, fait de l'ombre au dernier chapitre de la Trilogie des Morts, qui sort (plus ou moins) dans l'indifférence générale.
Contre toute attente, le film ne remporte pas le succès escompté. Pis, le long-métrage parvient à peine à rembourser son modeste budget (à peine quatre millions de dollars). Toutefois, au fil des années, Le Jour des Morts-Vivants va se tailler la réputation de film culte. S'il reste moins populaire que les deux précédents volets, il n'en demeure pas moins une référence dans l'univers étriqué des zombies.
La distribution du film réunit Lori Cardille, terry Alexander, Joseph Pilato, Jarlath Conroy, Richard Liberty et Sherman Howard. Attention, SPOILERS ! À la suite de l'invasion planétaire de morts-vivants, un petit groupe arrive en hélicoptère pour rechercher d'éventuels survivants. Peine perdue, ils regagnent leur base, un camp militaire fortifié. Dans ce camp qui est en fait un silo à missile datant de la guerre froide, la tension est présente entre les deux factions présentes, les militaires et les scientifiques.
Les militaires sont partisans de l'éradication pure et simple des zombies. Quant aux scientifiques, ils recherchent un moyen d'éradiquer la contamination. Parallèlement, un mort-vivant différent, car exprimant des émotions humaines, est domestiqué par un des savants. La tension monte à son comble lors d'un raid de capture de morts-vivants, lorsque le groupe de soldats se fait en partie décimer.
En effet, chaque mort ou morsure crée un nouveau zombie. La lutte entre les deux groupes va pouvoir se faire, en présence de l’invasion de morts-vivants. Autant le dire tout de suite. Le Jour des Morts-Vivants est inférieur à ses augustes prédécesseurs. Pourtant, ce troisième et ultime chapitre conclut la trilogie en beauté. D'une certaine façon, c'est aussi le volet qui ressemble le plus au premier, tout du moins, sur la forme. A l'instar de La Nuit des Morts-Vivants, lui aussi se déroule en huis-clos, mais plus dans une maison cloîtrée au beau milieu de nulle part.
Cette fois-ci, les inimitiés ont lieu dans un camp militaire transformé en centre d'expérimentation scientifique sur des zombies. Depuis La Nuit des Morts-Vivants et Zombie, le monde humain a profondément évolué.
Dans le premier chapitre, l'invasion ne faisait que commencer. Dans le second film, les humains s'organisaient pour survivre. Ici, les survivants ne sont plus qu'une petite poignée. George A. Romero nous convie dans une société post-apocalyptique. L'intérêt du film ne se focalise plus (ou plus tellement) sur les héros encore humains, mais sur un zombie en particulier.
Face à cette invasion exponentielle et à un monde en pleine paupérisation, la science doit permettre d'apprivoiser le zombie, de le conditionner et de lui insuffler (à nouveau) des émotions et des réflexes humains. A contrario, les zombies se transmutent en cobayes affreusement estropiés, découpés et dilapidés par ces nouveaux Frankenstein de notre ère moderne.
Romero n'épargne jamais ses protagonistes humains, qu'il vilipende à la moindre occasion. Si les militaires sont plutôt caricaturaux, ils symbolisent néanmoins cette violence et cette primauté animale qui ont conduit l'espèce humaine vers la quasi extinction. A l'inverse, les scientifiques misent sur ce long travail (encore une fois) de conditionnement des morts-vivants, et plus particulièrement sur leur cerveau archaïque et primitif. Clairement, on se contrefout complètement ici du sort des militaires et des scientifiques.
C'est aussi le gros point faible du film. A aucun moment, la star du film, Lori Cardille, ne parvient à susciter la moindre émotion, ni à transcender son personnage. L'intérêt du Jour des Morts-Vivants repose essentiellement sur ses zombies de service et sur quelques séquences de tripailles bien senties. Bref, un troisième chapitre de qualité, à défaut d'être exceptionnel.
Note : 14/20