Les lecteurs réguliers de nos lignes, qui savent que l’on a apprécié Dumb and Dumber De, risque de s’étouffer avec leur petit déjeuner quand on leur dira que Deadpool nous a laissé pantois devant tant de vulgarité de bas étage maquillée avec un faux air d’humour noir. Le générique annonce avec humour, certes, mais surtout clairvoyance, que le long-métrage de Tim Miller a été « réalisé par un blaireau surpayé ». On n’aurait pas dit mieux nous-même.
Wade Wilson (Ryan Reynolds), un ancien des forces spéciales est devenu mercenaire. Atteint d’un cancer, une mystérieuse organisation, dirigée par un certain Ajax (Ed Skrein), lui propose un traitement miracle. Celui-ci le défigure et il décide de se venger dans l’espoir de reconquérir la femme de sa vie, Vanessa Carlysle (Morena Baccarin). Deadpool (Ryan Reynolds)
Passons rapidement sur les effets spéciaux cradingues et flous qui n’ont rien à envier à ceux, déjà catastrophique de Les 4 fantastiques. Deadpool est vendu comme un chef-d’œuvre de sarcasmes. Il s’en gargarise surtout lui-même alors qu’il verse surtout dans l’humour gras et bas du front. Arrêtant constamment la narration pour que le héros atypique s’adresse aux spectateurs comme un pote graveleux qui ne cessent de te taper sur l’épaule, Deadpool tire à boulet rouge sur sa propre crèmerie, raillant constamment les Studios Marvel, comme pour se convaincre et tenter de nous persuader de l’aspect contestataire du projet. Le sentiment général est plutôt de regarder une production fauchée d’Eurociné. L’essentiel des vannes ratent le coche de l’ironie pour se vautrer dans la scatophilie la plus cabotine. Seul quelques références vieillissantes, comme Sinead O’Connor, feront office de madeleine de Proust pour s’acoquiner les spectateurs à minima trentenaires. À part ça, le héros passe son temps à parler de son braquemart, faisant une véritable fixette. Wade Wilson (Ryan Reynolds) et Vanessa Carlysle (Morena Baccarin)
Son pendant féminin, titrait « La bonasse » au générique, lui donne le change avec une véritable parité dans le mauvais goût. Les quelques moments romantiques entre les deux tourtereaux font finalement tâche au milieu de tout ce gourbi. C’est le cas, d’ailleurs de toutes les vaines tentatives pour donner de la profondeur aux personnages. Les longues séquences de tortures, censées être le climax dramatique qui forge la personnalité du héros et les enjeux futurs du récit, ne constituent qu’une situation de plus pour que Deadpool verse encore dans la pitrerie la plus scabreuse. Les répliques du héros, c’est un peu du Die Hard, la classe en moins. Et c’est le spectateur qui meurt, durement, et à petit feu. L’idée de stopper les combats pour faire des digressions sur les souvenirs du héros, sous forme de retour en arrière, finit d’achever le film en rendant les affrontements eux-mêmes tellement décousus qu’ils perdent tout le fun qui aurait pu leur sied. Negasonic Teenage (Brianna Hildebrand) et Deadpool (Ryan Reynolds)
Deadpool voulait se la jouer cool en adaptant à l’écran les aventures du héros le moins conventionnel de l’écurie Marvel mais confond impertinence et grotesque. L’air de ne pas y toucher, Ant-Man était bien plus efficace dans le genre avec son héros décalé et sa manière de moquer la grosse mécanique hollywoodienne. Le film de Tim Miller, lui, se complaît dans une caricature ratée de série Z.
Boeringer Rémy
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