PATTAYA (Critique)

PATTAYA (Critique)PATTAYA (Critique)

SYNOPSIS: Franky et Krimo rêvent de quitter la grisaille de leur quartier pour partir en voyage dans la célèbre et sulfureuse station balnéaire thaïlandaise de PATTAYA. Pour pouvoir s'y rendre à moindre coût, les deux amis ont la folle idée d'inscrire à son insu le nain de leur quartier au championnat du monde de Boxe Thaï des Nains. Mais ce qui devait être pour eux des vacances de rêves va se transformer en l'aventure la plus dingue et périlleuse de leurs vies.

Pour commencer, une question. Comment renouer avec le succès quand : 1) vous avez connu la gloire en réalisant votre premier film alors que personne ne vous attendait au tournant, 2) votre premier film a eu l'honneur d'être le film le plus rentable du cinéma français l'année où il est sorti, 3) vous vous êtes tellement amusé à le tourner que vous avez envie d'en remettre une couche, 4) votre public vous suit avec tant d'attention qu'il en arrive à réclamer une seconde couche de divertissement ? La réponse est souvent aussi simple que prévisible : on fait tout pareil ! Même si l'on a vraiment bien apprécié Les Kaïra, cela fera quand même assez mal au cœur de voir le talentueux Franck Gastambide faire preuve d'autant de paresse dans l'humour comme dans l'écriture pour son deuxième essai en tant que réalisateur. A bien des égards, Gastambide et son équipe ont visiblement été atteint par le syndrome Very bad trip : en gros, on reprend le concept et les péripéties du premier film, on les modifie très légèrement pour faire diversion, et on délocalise tout ça en Thaïlande, afin que le montant du chèque - ici plus élevé qu'avant - soit au moins justifié par quelque chose. Et voilà comment on écope de Pattaya, photocopie bébête des Kaïra qui ne met pas bien longtemps à dissimuler sa pauvreté, faute d'un effet de surprise pour le coup évaporé.

PATTAYA (Critique)

Les ingrédients des Kaïra répondent tous à l'appel, mais en pire : trois héros (dont un nain) quittent leur " tier-quar " pour vivre leur rêve (" devenir star du X " laisse ici la place à " se taper des chaudasses dans un bled de la côte thaïlandaise "), l'obsédé du groupe recevra l'inverse de ce qu'il espérait (traduction : il couchera avec une obèse !) tandis que le plus sérieux (le nain) finira forcément au beau milieu d'une orgie biturée, l'humour tape à 95% en-dessous de la ceinture de Bigard en ménageant tout un tas de gags lourdingues (le plus fort étant une chiasse gargantuesque... que l'on revoit deux fois : pourquoi ?), la stigmatisation homophobe pointe le bout de son engin lorsque l'un des trois héros drague un transsexuel sans s'en rendre compte (oui, on a encore droit au " coup de la couille " comme dans Very bad trip 2...), le scénario ne mouline que des enjeux éculés de sitcom, et les seconds rôles improbables se bousculent à l'appel pour compenser le manque de surprise. Sans parler de la faculté de Gastambide - ici dans le rôle d'un fan de Vin Diesel qui veut à tout prix lui ressembler - à parodier tout ce qui lui passe par la tête, des émissions de téléréalité (teaser : vous découvrirez ici Fat Island et L'île de la ken !) à ses films cultes (L'exorciste, La haine, Karaté Kid...) en passant par des clins d'œil aux pseudo-phénomènes youtubesques (en particulier Morsay et ses insultes analphabètes). Même quand il s'agit de mettre en scène une demande de rançon par vidéo, c'est évidemment Kaïra Shopping qui sert d'inspiration première ! Pas de surprise, donc.

PATTAYA (Critique)

Ce qui ressort de tout ça n'est pas tant un film qu'un amas de références prémâchées, calées tant bien que mal - mais surtout mal - sur une narration-prétexte dont se fiche très vite au bout de vingt minutes. Si bien qu'au bout d'un moment, les ficelles du récit et les péripéties qui le sous-tendent perdent tout leur impact. Certes, quelques gags font néanmoins mouche (on retiendra surtout la scène des femmes voilées), les SMS de Sabrina Ouazani génèrent quelques sourires, la danse-éclair de Ramzy sur Ma quale idea de Pino d'Angio fait son petit effet, et les seconds couteaux (en particulier Gad Elmaleh, relooké comme le Ming de Flash Gordon, qui organise des combats de nains !) créent la surprise dès leur première apparition. Mais la frénésie de la mise en scène ne compense en rien l'ennui relatif qui ressort d'une entreprise aussi opportuniste. Franck Gastambide avait les moyens de concocter un délire plus élevé que la moyenne, mais à trop regarder dans le rétroviseur (peut-être dans le seul but de renouer avec le succès de son premier coup d'essai), ses efforts s'avèrent des plus vains.

PATTAYA (Critique)

Titre Original: PATTAYA

Réalisé par: Franck Gastambide

Genre: Comédie

Sortie le: 24 février 2016

PATTAYA (Critique)TRÈS MAUVAIS