The Revenant, le Western expérimental

Par Pulpmovies @Pulpmovies


Avec :
Leonardo DiCaprio, Tom Hardy, Domhnall Gleeson, Will Poulter, Paul Anderson, Kristoffer Joner

Interdit aux moins de 12 ans

Dans une Amérique profondément sauvage, Hugh Glass, un trappeur, est attaqué par un ours et grièvement blessé. Abandonné par ses équipiers, il est laissé pour mort. Mais Glass refuse de mourir. Seul, armé de sa volonté et porté par l'amour qu'il voue à sa femme et à leur fils, Glass entreprend un voyage de plus de 300 km dans un environnement hostile, sur la piste de l'homme qui l'a trahi. Sa soif de vengeance va se transformer en une lutte héroïque pour braver tous les obstacles, revenir chez lui et trouver la rédemption.

HISTOIRE MOUVEMENTÉ
Tout avait pourtant bien commencé. Un scénario qui tourne à Hollywood, puis un grand cinéaste qui s'y intéresse. Pour compléter le tout, Leonardio DiCaprio lui même donne son aval pour tourner le film. Ainsi commence la production de ce qui sera un enfer... Et cette endurance, qu' Inarritu n'aurait pu imaginer quand il s'est lancé dans l'aventure il y a 5 ans, ressort et transpire du produit final. The Revenant, c'est l'histoire folle - et vraie - d'un trappeur laissé pour mort par ses hommes qui va tenter de survivre et se venger. Pour retranscrire cette survie, le film fait différents choix impressionnants : tout d'abord, le film est tourné en lumière naturelle - comprenez ici existante, sans aucun projecteur et en décors naturels- ce qui force l'équipe à ne tourner que quelques heures par jour voir pas du tout si la météo ne le permet pas (le tournage a duré 10 mois). De plus, l'équipe du film est elle même plongée dans le grand froid canadien de même que les acteurs qui ne peuvent que mieux incarner leur rôle ( DiCaprio a ainsi, selon ces dires, mangé du foie de bison, dormi dans une carcasse d'animal ...). Tourner quelques mois dans le froid, être dépendant de la météo tout ça entraîne un tournage extrêmement difficile, une prise de risque qui paye puisque le film est actuellement grand favori des Oscars.

UNE EXPERIENCE TOTALE
The Revenant est clairement une véritable expérience qui se vit, se ressent. L'histoire peut paraître, à un premier degré, simple. Mais elle n'est pas l'attraction principale ! Elle est ainsi reléguée derrière une mise en scène époustouflante. Le chef opérateur Lubezki signe chaque plan comme une oeuvre, qui nous fixe à notre siège. Jamais la nature n'aura paru si belle, et l'humain si sale. Chaque séquence est millimétrée, calculée, étudiée afin d'être la plus efficace et réussie possible. Dès l'ouverture du film, avec un plan séquence - qu'on aperçoit dans les bandes annonces - grandiose, le ton est donné ! Il faut dire qu'en plus d'émerveiller, The Revenant ouvre le passage à un nouveau cinéma (le film est ainsi le tout premier de l'histoire à être tourné en 6K). The Revenant relègue donc l'histoire au second plan mettant en avant ses plans magnifiques et le talent de Lubezki, à l'instar de Gravity, où l'intéressé avait gagné un Oscar. Après Birdman Iñárritu nous replonge dans quelque chose d'exceptionnel, dans quelque chose d'expérimental.

PERFORMANCE
On avait pas vu l'acteur depuis Le loup de Wall Street il y a 2 ans, et le revoilà littéralement incarné. On ne sait plus si L eonardo DiCaprio est Hugh Glass, ou si c'est l'inverse ! Il donne de son effort, de sa personne, de son corps à chaque scène et se sent investit d'une volonté sans faille à représenter le trappeur Glass. N'en déplaise, aux acteurs à qui il donne la réplique et qui lui rendent très bien. Hardy continue à nous surprendre de rôle en rôle, et le reste de casting est tout aussi bon. Il faut dire aussi que de telles conditions de tournage ça aide, et l'équipe a du souffrir pour arriver à un tel niveau de performance. Mention spéciale à Will Poulter de plus en plus talentueux.

WESTERN
Le film en arrive, finalement, à nous questionner. Voyons-nous réellement un survival ? À l'instar de Tarantino il y a quelques semaines dans ces 8 Haîneux - osons la traduction - Inarritu livre son western enneigé avec The Revenant. Si le rythme suit l'état du personnage de DiCaprio, il en devient parfois trop à nous lâcher dans les images magnifiques de Lubezki.

Les ingrédients sont là : la conquête d'un nouveau territoire, la création des Etats-Unis et donc de leur Histoire, et même des batailles à coup de fusils ... Et la recette prend ! La véritable force du film est donc là, dans son sous-texte (peu ?) subtil : critiquer, comme tout bon western, la société. Là où Ford filmait la communauté, Inarritu filme au contraire l'homme seul, reclus, isolé, laissé pour mort. Il y traite de l'endurance, du refus de s'arrêter, de la force de la volonté. Attention, cependant, il ne laisse pas de place à un raisonnement manichéen... ON EST TOUS DES SAUVAGES, tagué sur une pancarte, nous apostrophe directement et nous fait réfléchir.

EFFRAYANT
The Revevant est donc un grand film, un véritable défi à l'heure où Hollywood préfère tranquillement produire des films flemmards. Le film est risqué, tente, trébuche mais ouvre la voix à un nouveau genre (ou à un renouveau). Enfin, en plus de la mise en scène soignée, la BO envoûtante (signée Sakamoto) étrangement ressemblante à celle de Birdman, et les performances excellentes, il ressort un aspect effrayant et terrifiant pour le spectateur. On est littéralement happé par le film, on a peur, on souffre, pleure, s'émerveille, pour nos personnages ! DiCaprio est magnifique dans cette fable-survival où Inarritu livre une mise en scène grandiose

L'Histoire américaine s'écrit rouge sur blanc devant nos yeux, face à un DiCaprio grandiose et une mise en scène unique et magistrale.