Nous avions depuis longtemps que le réalisateur mexicain est d'un des plus grands de ce nouveau siècle avec ses 5 premiers films "Amours Chiennes" (2000), "21 grams" (2003), "Babel" (2006), "Biutiful" (2010) et "Birdman" (2015) oscarisé l'année dernière. Cette fois il risque de doublé la mise en offrant (on l'espère) une première statuette pour sa star Leonardo Di Caprio... Pour ce 6ème long métrage le réalisateur co-scénarise le film d'après le livre éponyme de Michael Plunke sur l'incroyable histoire vraie du trappeur Hugh Glass. Une histoire qui avait déjà inspiré le film "Le convoi sauvage" (1971) de Richard C. Sarafian avec Richard Harris avec un spitch similaire et terriblement attrayant où l'histoire d'un trappeur qui a combattu un ours et qui revient pour se venger de ceux qui l'ont laissé pour mort... Le tournage a été difficile à cause des conditions climatiques extrêmes et du désir du cinéaste de tourner le film en lumière naturelle (à l'instar d'un Kubrick pour "Barry Lyndon" en 1975) d'où des performances d'acteurs inouïes et un tournage étalé sur 9 mois afin de rechercher la luminosité voulue au moment voulu, idem pour les choix météo. Inarritu s'est attaché les services du directeur photo Emmanuel Lubeski connu notamment pour son travail chez tous les Terrence Malick depuis "Le Nouveau Monde" (2005). Volonté avouée de placer la nature comme personnage à part entière du récit et de placer cette nature au centre même de l'action.
Dès le début les mouvements caméras choisis par Inarritu impose un style et offre des plans de toute beauté tout en fluidité, parfois en caméra subjective, parfois au centre de la mêlée, toujours immersive . Résultat, dès les premières minutes on sait que ce film ne sera pas un parmi tant d'autres... Outre la lumière naturelle pour accentuer le réalisme, un travail impressionnant a été apporté aux costumes et aux décors tirés des toiles de peintres de l'époque en question (années 1820). Il faut voir Tom Hardy (qui a dû laisser tomber le tournage de "Suicide Squad" pour celui-ci dont le tournage s'est prolongé) méconnaissable en trappeur ayant survécu au scalp, et Leonardo Di Caprio complètement habité par son rôle de vieux grizzly des montagnes. Si ces deux personnages (Hardy et Di Caprio se retrouvent après leur collaboration dans "Inception" de Christopher Nolan en 2010) focalisent l'intérêt on remarque aussi Domhnall Gleeson (dont le père Brendan a joué avec Di Caprio dans "Gangs of New-York" de Martin Scorcese en 2002) et le jeune Will Poulter qui change de registre avec brio après des films comme "Le Labyrinthe" (2014) de Wes Ball et "Les Miller, une famille en herbe" (2013) de Tawson Marshall Thruber. Le film se découpe en trois parties, le prologue jusqu'à la "mort" de Hugh Glass, son combat contre la nature hostile pour revenir parmi les vivants et enfin la vengeance. La trame n'est pas exceptionnelle et peu paraitre déjà vu mais le scénario offre plusieurs scènes clefs (l'ouverture impressionnante, le combat avec l'ours qui cloue sur place, l'intrigue de l'indienne kidnappée...) et surtout la mise en scène de Inarrit, elle est inventive et se fond dans le panorama, une mise en scène juste démente ! Avec un budget de 135 millions de dollars (plus que tous ses précédents films réunis !) Inarritu ne gâche pas un sou et signe un western écolo-survival d'une beauté dantesque où la splendeur des paysages n'a d'égal que l'horreur dont font montre les hommes qui y vivent. Horreur qui justifie l'interdiction au moins de 17 ans aux Etats-Unis mais une interdiction au moins de 12 ans est clairement plus honnête. "The Revenant" est tout bonnement un chef d'oeuvre magnifique sur tous les tableaux ! Di Caprio va enfin avoir son Oscar mérité, s'il en fallait un c'est pour ce film qu'il fallait attendre... Et ne doutons pas que si Inarritu l'a reçu pour "Birdman" l'année dernière, l'Académie se doit de lui offrir le doublé (ex-eaquo avec "Mad Max Fury Road" !). En tous cas, dans la forme comme dans le fond ce film est un pur bijou, du cinéma grandiose comme on en voit que 1 ou 2 par an.
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