Genre : comédie dramatique, érotique (interdit aux - 16 ans)
Année : 2006
Durée : 1h42
L'histoire : Les aventures tragi-comiques de plusieurs personnages new-yorkais qui naviguent entre sexualité et sentiments. Tous fréquentent un club underground moderne, Shortbus, où s'expriment toutes les sexualités. Sofia est sexologue et n'a jamais connu l'orgasme. Avec son mari Rob, elle simule le plaisir depuis des années. Sofia croise Severin, une maîtresse dominatrice qui tente de l'aider. Parmi les patients de Sofia, James et Jamie sont un couple gay qui tente d'ouvrir ses relations sexuelles à un troisième partenaire. James propose une relation avec Ceth, mais Jamie reste sur ses gardes. James semble avoir un projet secret. Il est suivi par un mystérieux observateur, Caleb.
La critique :
Cela fait déjà une bonne dizaine d'années que le film érotique, saupoudré d'humour, de comédie dramatique, de romance et/ ou de thriller sulfureux, effectue son grand retour dans les salles obscures. On a pu le constater récemment avec l'adaptation de 50 Nuances de Grey de Sam Taylor-Wood en 2015. Plus de quarante ans après la sortie du premier Emmanuelle (Just Jaeckin, 1974), le cinéma érotique semble toujours aussi obsédé, passionné ou plutôt fasciné par cette quête du désir sexuel et par les relations entre les hommes et les femmes.
C'est par exemple le cas de Shortbus, réalisé par John Cameron Mitchell en 2006. Présenté la même année au festival de Cannes, le long-métrage est presque sorti dans l'anonymat général. Ce qui est plutôt surprenant puisque la plupart des séquences sexuelles (par ailleurs non simulées) montrent clairement des scènes de coït et de pénétration.
Pourtant, Shortbus n'appartient pas au registre pornographique, mais plutôt à la classe de ces comédies dramatiques new-yorkaises, qui cherchent à démystifier le sexe sous toutes ses coutures (et ses positions) ! A ce titre, le long-métrage a écopé en France d'une interdiction aux moins de 16 ans. La distribution du film réunit Sook-Yin Lee, Paul Dawson, PJ DeBoy, Lindsay Beamish, Raphael Barker, Peter Stickles et Jay Brannan. Attention, SPOILERS !
Bien que sexologue et thérapeute de couple, Sofia souffre d'anorgasmie sexuelle. Avec son mari Rob, elle simule le plaisir depuis des années. Lors d'une consultation, elle rencontre un couple d'homosexuels, Jamie et James, deux hommes qui cherchent à ouvrir leur couple à une tierce personne (triolisme).
Sofia croise alors le chemin de Severin, une maîtresse dominatrice qui tente de l'aider. Vous l'avez donc compris. Shortbus se focalise sur plusieurs couples et personnages en plein marasme sexuel. Au programme : une sexologue anorgasmique, un homosexuel dépressif et suicidaire et une jeune femme sadomasochiste. Par le passé, le réalisateur, John Cameron Mitchell, s'est déjà distingué avec une comédie musicale, Hedwig and the angry inch, à la fois glam, trash et bigarrée.
Cette fois-ci, le cinéaste cherche clairement à décontenancer son public avec un film davantage libidineux et des acteurs arborant des pénis ithyphalliques. Certes, sur la forme, Shortbus pourra paraître peu consensuel et surtout un brin condescendant. A ce titre, la bande annonce du film aurait subi les foudres et les acrimonies de la censure.
Pourtant, le long-métrage de John Cameron Mitchell ne fait que revisiter ce vieil adage : "Quand phallus (le membre en érection) n'est plus Fascinus". Donc, rien de bien scandaleux dans ce film. Dès les premières minutes, Shortbus a le mérite de présenter les inimitiés. Une sexologue s'ébat et alterne les positions sexuelles les plus débridées avec son mari.
Ensuite, c'est un couple d'homosexuels qui coïte dans la joie et la bonne humeur. Puis, c'est un jeune homme qui est dominé par une blondinette à la tenue provocante. A cela s'ajoute un véritable acrobate et saltimbanque qui pratique carrément une auto-fellation devant le spectateur ébaubi. Par la suite, les humeurs se ternissent et se délitent. Comme une évidence. Sofia n'a jamais connu le plaisir ni le chemin de l'orgasme. Son mari ne la fascine plus. Pis, il ne l'a jamais fascinée...
Finalement, le film se focalise sur des personnages en quête de satisfaction sexuelle et à la recherche de ce phallus ou plutôt de cette dissymétrie, synonyme d'orgasme et de fontaine de jouissance. La sexualité débridée, les bacchanales, les parties de jambe en l'air, bref la "petite mort", ne sont-elles pas menacées par notre société hédoniste et consumériste ? Telle est la question posée en filigrane par le film. Conscient de la complexité de son sujet, John Cameron Mitchell euphémise son propos par de nombreuses situations comiques. Au moins, le cinéaste ne sombre jamais dans la caricature.
Mieux, il réalise de nombreux portraits passionnants, touchants et parfois saisissants de réalisme. Shortbus, ce sont aussi des personnages en déréliction et en plein marasme qui tentent de lutiner et de s'énamourer après les douloureux événements du 11 septembre.
Là aussi, le sujet est évoqué en catimini. Finalement, Shortbus exalte le retour du désir sexuel dans toute sa splendeur à travers de nombreuses parties de débauche, de satyriasis, d'agapes, d'échangisme et de soirées libertines. C'est le grand retour de Brigitte Lahaie et de Sylvia Kristel dans une société anomique, celle de la crise financière, sociale, idéologique, psychologique et sexuelle.
En résulte une comédie dramatique douce et amère qui réclame le retour du dieu "Fascinus". En outre, le long-métrage peut s'appuyer sur d'excellents interprètes. Certes, John Cameron Mitchell aurait pu approfondir (c'est le cas de le dire...) davantage son sujet. Mais on tient là un vrai bon film et une comédie dramatique souvent captivante. Bref, vivement le prochain film de John Cameron Mitchell !
Note : 14.5/20
Alice In Oliver