Le debut des scenes

Par William Potillion @scenarmag

Quelque soit la taille de votre idée, qu’elle franchisse les océans et les siècles ou qu’elle soit liliputienne, vous allez la mouliner au travers d’un processus plus magique qu’alchimique pour en faire une histoire.
Mais qu’est-ce qu’une histoire sinon une succession de scènes. A l’intérieur de chacune d’entre elles, des descriptions détaillées et vivantes, de l’information et le souffle de vie que lui procure l’action transformeront votre idée nue en quelque chose de très spécial auquel un lecteur va participer.
Une histoire ou un scénario sont une série de scènes enfilées les unes après les autres. Une œuvre de fiction est constituée de nombreuses scènes dont le nombre varie selon le projet.
Chacune des scènes doit posséder sa structure, c’est-à-dire un début, un milieu et une fin.

Le début d’une scène corresponds en fait à son lancement particulier sachant que cette scène peut s’intercaler en plein milieu d’une action ou bien continuer après une action.
Chaque scène a une responsabilité avec l’idée ou avec l’intrigue. Cette responsabilité consiste à communiquer l’idée au lecteur afin de lui faire partager une expérience.
Votre idée a des ramifications et la résolution du problème par le protagoniste fait appel à différentes facettes de votre idée. Les scènes sont donc le substratum qui permettront à toutes les conséquences qu’implique votre idée ou votre intrigue d’être communiquées au lecteur. Et si possible d’une manière qui va retenir l’attention de ce dernier.

Lorsque vous commencez à écrire une scène, vous devriez vous poser deux questions :

  1. Où en sont mes personnages dans l’intrigue ? c’est-à-dire où les avez-vous laissés et que s’apprêtent-ils à faire maintenant.
  2. Quelle est l’information majeure qui doit être révélée au cours de cette scène ?

Il y a plusieurs approches pour résoudre ces questions.

Les personnages

En règle générale, il est préférable d’introduire rapidement les personnages dans la scène. Une autre règle générale est d’utiliser le point de vue de votre personnage principal. D’ailleurs, il devrait être présent dans la majorité des scènes (à moins que nous n’ayez choisi de raconter votre histoire sous différents points de vue).

Il est donc important au cours de l’acte Un d’introduire correctement vos personnages afin que le lecteur sache bien qui ils sont et leurs fonctions dans l’histoire.

Afin de ne pas frustrer votre lecteur, gardez bien à l’esprit que celui-ci est impatient que quelque chose se produise et qu’il y est quelqu’un à qui ce quelque chose arrive. Ainsi, si votre personnage principal tarde à faire son entrée dans la scène, il y a un risque potentiel que le lecteur décroche de votre histoire.

Pour chaque scène, établissez clairement une finalité, une intention pour le personnage. Il doit avoir une raison précise pour être présent dans la scène. Il est primordial de connaitre les intentions de votre personnage parce que vous allez pouvoir élaborer sur ses intentions en termes de révélations, de suivi. Vous allez construire votre scène sur les intentions de votre personnage.

Pour définir les intentions, posez-vous ces quelques questions :

  • Quels sont les désirs immédiats de ce personnage ?
  • A quel moment sera atteint le but du personnage dans la scène ? ou bien à quel moment va-t-il rencontrer une opposition ?
  • Est-ce que cette intention a un sens en regard de l’intrigue ? autrement dit, n’êtes-vous pas hors sujet avec les intentions du personnage dans cette scène ?
  • Quels sont les personnages qui vont aider votre personnage principal à atteindre son but dans cette scène et qui sont ceux qui vont s’opposer à cet objectif ?

Les intentions devraient être sources de conflit ou faire avancer l’intrigue. Vous vous rendez bien compte que vous avez une infinie de possibilités dans le choix des intentions mais ce que vous devez comprendre est quelque soit l’intention retenue, elle soit soit accomplie, soit contrecarrée.

L’action

Si la scène que vous allez écrire concerne de l’action pure, il est préférable aussi de commencer l’action dès que possible. Plus tôt l’action sera engagée dans la scène, et plus celle-ci possèdera d’élan pour entraîner le lecteur avec elle.
Si vous ne parvenez pas à lancer l’action immédiatement, peut-être serait-il bon de préparer cette scène d’action.

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Il y a des actions qui ne se font pas spontanément. On ne frappe pas du poing dans un mur en un mouvement de colère si cette colère n’a pas été au préalable préparée et justifiée. Beaucoup de choses se produisent donc après un temps de préparation plus ou moins long mais dès qu’elles sont initiées, leur survenue est imparable.

Pour que votre scène d’action garde tout son élan et son attrait, l’action doit débuter sans délai. Ne perdez pas de temps à tenter de décrire les raisons qui  ont mené à l’action que vous allez illustrer dans votre scène.

Nous aimerions revenir sur le terme action. Comprenez bien qu’il ne s’agit pas seulement de course poursuite ou de règlements de compte. Nous entendons par action toutes ces scènes où il se passe quelque chose. Lorsque Jack aperçoit Rose pour la première fois, elle tout en haut du parapet des premières classes et lui sur le pont en bas, ce premier regard qu’ils s’échangent est de l’action pure.

En règle générale, allez droit à l’action. Si l’un de vos personnages doit sauter de la falaise dans le fleuve qui s’écoule en bas, ne lui faites pas demander au préalable si l’eau est froide, faites le sauter.

Si vous débutez la scène avec une action forte (par exemple, une explosion) ou surprenante (qui interpelle le lecteur), vous aurez plus de possibilités de développement à l’intérieur de la scène. C’est un principe que l’on retrouve assez souvent dans les scènes d’ouverture des épisodes des séries TV.

L’action décrite doit correspondre à la personnalité des personnages impliqués. Si vous avez un personnage timide, ne lui faites pas faire soudainement des actions comme s’il avait perdu toute inhibition. Soyez cohérent.

Faites en sorte que le personnage agisse d’abord et ensuite réfléchisse à ce qu’il a fait. Si Blanche-Neige venait à frapper son prince charmant, elle ne réaliserait l’horreur de ce qu’elle vient de faire qu’après son geste.

Le lieu

Le lieu est parfois si important pour l’intrigue ou pour le développement des personnages que la description du lieu doit être introduite en premier dans la scène. Si le lieu de l’action ou bien l’endroit où les personnages se trouvent agit dramatiquement sur l’intrigue ou sur les personnages, alors vous avez toutes les raisons du monde pour commencer par l’installer dès l’ouverture de votre scène.

Pour immerger le lecteur dans le lieu, donnez lui des détails visuels caractéristiques de l’endroit.

Le paysage ou le décor devrait donner le ton de la scène. Si votre personnage est perdu dans la jungle ou dans une forêt dense, situer la scène de nuit par exemple peut aider à transmettre un sentiment de frayeur.

Utilisez le lieu pour définir les sentiments du personnage. Si votre personnage est triste, par exemple, faites lui arpenter une rue où les maisons sont dans un état de délabrement plus ou moins avancé. De plus, s’il fait nuit et que le temps est à la pluie, vous renforcerez encore davantage le sentiment de tristesse.

Montrez l’impact du lieu sur le personnage. En décrivant ce qui entoure le personnage, vous pouvez montrer comment le décor façonne les sentiments du personnage. Des barreaux, une tonalité grise, des murs de béton à n’en plus finir influencent grandement l’humeur d’un personnage qui y est soumis.

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 Ne croyez pas qu’un début de scène importe peu. Prenez votre temps pour le créer. C’est une invitation pour le lecteur à aller plus loin. Rendez-le aussi attirant que possible.