Les premières scènes que vous écrirez seront certainement brutales et maladroites. Mais comme le dit John August, avec l’habitude, vous acquérerez une telle expérience que les exigences que réclament l’écriture d’une scène seront devenues une seconde nature.
Voici les conseils de John August :
Demandez-vous ce qui a besoin de se passer dans cette scène ?
Dans un article précédent, nous avions insisté sur la nécessité de l’intention du personnage principal (ce qu’il veut dans la scène) comme élément central lors de la construction d’une scène (il y avait aussi l’action et le lieu, d’ailleurs).
John August nuance cette opinion généralement admise. Pour lui, ce qui compte dans une scène, ce n’est pas tant les personnages qui ne devraient pas être autorisés à contrôler une scène car si c’était le cas, il va sans dire que comme dans le monde réel, ils éviteraient soigneusement les conflits et l’histoire serait vite ennuyeuse.
La question n’est pas non plus ce qui pourrait arriver mais ce qui doit arriver. Si vous avez planifié votre histoire, indiquez juste une ou deux phrases de ce qui doit absolument se passer dans cette scène.
Demandez-vous si une scène que vous avez écrite était coupée si cela aurait beaucoup d’impact sur votre histoire ?
Si l’histoire ne s’écroule pas lorsque vous retirez une scène, cela signifie souvent que cette scène n’était pas utile à votre histoire. Si l’on veut bien reconsidérer Aristote et considérez qu’une histoire est un Tout, si en retirant une scène, ce Tout tient toujours debout, alors vraiment n’hésitez pas à la retirer si vous l’avez écrite et dans le cas contraire, ne perdez pas de temps à l’écrire.
Efforcez-vous de placer votre meilleur matériel dans des moments qui doivent absolument être là. Ne retenez pas une scène dont vous considérez l’apport dramatique excellent si cet apport n’est pas indispensable. Un script est un outil de travail qui coûte cher à mettre en images alors assurez-vous que chacune de vos scènes ait une raison essentielle à sa présence.
Demandez-vous qui a absolument besoin d’être dans la scène ?
Certaines scènes sont parfois embourbées de personnages qui n’ont n’ont rien à y faire. Virez les !
Demandez-vous où la scène pourrait bien se dérouler ?
Nous avions parlé des lieux comme entrée en matière d’une scène lors d’un article précédent, mais ici John August a un regard un peu différent peut-être plus perçant sur l’importance du choix de l’endroit où se déroule la scène.
Pour lui, il faut toujours considérer ce que le personange pourrait faire même si ce n’est pas directement en rapport avec l’objectif de la scène. Il prend pour exemple un moment de complicité entre un père et son fils.
Et il situe ce moment soit dans un abattoir, soit au cours d’une partie de bowling. Vous vous apercevez par vous-mêmes que le même échange n’aura pas la même portée dans un cas ou l’autre.
Demandez-vous quelle pourrait être la chose la plus surprenante qui pourrait se produire dans la scène ?
A l’évidence, une histoire a toujours besoin de quelques moments inattendus et déroutants. Si vous l’avez planifiée, il y a peut-être un petit écart à s’accorder dans l’organisation bien pensée de vos scènes. Après tout, et si votre héros venait à mourir ? et même temporairement ?
Cela doit rester rare cependant mais vous pouvez vous demander dans le cours de votre histoire, s’il ne serait pas le moment d’y glisser une scène surgissant de nulle part.
Demandez-vous si une scène doit être longue ou bien courte ?
Il vaut mieux en effet se poser la question avant d’avoir écrit trois pages et se rendre compte que la scène tenait en une page.
Il est difficile de donner des conseils dans ce cas précis. Mettez votre scène en perspective avec les autres scènes de l’acte que vous êtes en train d’écrire et réfléchissez. Ne vous précipitez jamais. Remettez au lendemain si nécessaire le cours de vos réflexions.
Envisagez toutes les possibilités de débuter votre scène ?
Si vous avez lu notre article,
LE DEBUT DES SCENES
vous savez que vous pouvez débuter une scène soit avec le personnage principal ou en fait n’importe quel personnage qui a une raison précise d’être là ou bien par l’action ou bien encore en accordant dès le début de la scène une importance à l’environnement dans lequel elle se situe.
John August ajoute un point important concernant le lancement d’une nouvelle scène. Sommairement, cela revient à se poser la question de la pertinence de la scène. Est-elle vraiment nécessaire maintenant ? Est-ce que la précédente scène aurait pu se prolonger et ainsi de trouver le moyen d’éviter cette nouvelle scène en incorporant l’information qu’elle devait révéler dans le cours de la scène précédente ?
Habituellement, il est toujours conseillé d’y réfléchir à deux fois avant de commencer une nouvelle scène. Ce qui amène l’idée de bien réfléchir à comment vous devez terminer une scène.
A lire :
SEQUENCE ET SCENE
En fait, il y a souvent un élan naturel qui se créé dans la succession des scènes et il peut alors apparaître une image d’ouverture ou une ligne de dialogues qui s’imposent d’eux-mêmes.
Jouez la scène dans votre tête
C’est ce que vous devriez faire la moitié du temps. Certes, c’est un exercice autobloquant. Pour John August, nul besoin de se la jouer du début à la fin, surtout que d’après lui, écrire la fin d’une scène se fait face à la page blanche et non pas dans la tête.
Cependant, faire ainsi rouler la scène dans son imagination devrait permettre progressivement d’entendre les personnages se parler et les quelques vagues mouvements au début de l’exercice deviennent des actions nettes et précises.
Laissez la scène percoler, marmonnez les dialogues et immergez vous dans le moment…
… et souvenez-vous en !
Lorsque vous imaginez la scène dans votre tête avant d’avoir noirci quoi que soit, notez sur un bout de papier ou dans votre traitement de texte la suite de toutes ces images ou actions qui vous sont apparues. Sinon ce sera comme un rêve et vous risquez de l’oublier au réveil.
Ne faites pas de phrases complètes, notez seulement les grandes lignes de ce qui va se passer dans la scène. N’écrivez pas de dialogues sauf s’ils articulent la scène. Même si tout cela peut paraître brouillon, il s’agit de vous fournir un guide pour plus tard écrire une scène complète.
Ecrivez la scène complète
Ce que vous aurez écrit précédemment de vos visions, c’est un plan général de votre scène, un guide.
Maintenant, ne remplissez pas les blancs entre vos lignes. Relisez votre plan et démarrez avec une nouvelle page blanche. Ainsi, vous ne vous fermez pas à de nouvelles idées qui pourraient être meilleures que celles que vous avez couchées dans votre plan.
John August précise tout de même que si vous avez accordé suffisamment de temps à vos rêveries, alors le plan devrait être déjà plus ou moins définitif.