Les Envahisseurs (Le cauchemar a déjà commencé)

Par Olivier Walmacq

Genre : science-fiction
Année : 1967-1968
Durée : 43 épisodes de 48 minutes

L'histoire : Un soir, alors qu'il s'assoupit au volant de sa voiture, David Vincent, architecte, est témoin de l'atterrissage d'une soucoupe volante. Depuis cette nuit-là, il n'a de cesse de convaincre ses semblables de combattre ces extraterrestres qui sous une apparence humaine infiltrent insidieusement la Terre afin de la coloniser.

La critique :

"Les envahisseurs : ces êtres étranges venus d'une autre planète. Leur destination : la Terre. Leur but : en faire leur univers. David Vincent les a vus. Pour lui, cela a commencé par une nuit sombre, le long d'une route de campagne, tandis qu'il cherchait un raccourci que jamais il ne trouva. Cela a commencé par une auberge abandonnée et par un homme que le manque de sommeil avait rendu trop las pour continuer sa route. Cela a commencé par l'atterrissage d'un engin spatial venu d'une autre galaxie. À présent, David Vincent sait que les envahisseurs sont là, qu'ils ont pris une apparence humaine, il s'est fixé pour tâche de convaincre un monde incrédule car il sait que le cauchemar a déjà commencé". 
Qui n'a jamais entendu ce générique de la série Les Envahisseurs, réalisé par Larry Cohen et produit par Quinn Martin entre 1967 et 1968 ?

La série télévisée se divise en deux saisons, une première de 17 épisodes, et une seconde de 26 épisodes, soit 43 épisodes au total. La série s'achévera (plus ou moins) dans l'indifférence générale. Les producteurs et les scénaristes se querellent sur la suite des aventures de David Vincent. C'est la raison pour laquelle la série se termine "en queue de poisson" (si j'ose dire).
La série consacrera la gloire et la notoriété de son acteur principal, Roy Thinnes, à jamais confiné dans le rôle de David Vincent. Viennent également s'ajouter d'autres stars du grand écran au fil des épisodes, notamment Gene Hackman, Kent Smith, Peter Graves ou encore Roddy McDowall. Certes, à priori, le scénario des Envahisseurs est plutôt simpliste et laconique. Attention, SPOILERS !

Un soir, alors qu'il s'assoupit au volant de sa voiture, David Vincent, architecte, est témoin de l'atterrissage d'une soucoupe volante. Depuis, il tente de convaincre ses semblables de l'invasion d'extraterrestres qui, sous une apparence humaine, veulent s'emparer de la Terre afin de la coloniser. Telle est la trame de départ de la série, tout du moins dans sa première partie.
L'épisode pilote, intitulé Première Preuve, a le mérite de présenter les inimitiés. Dès les premières minutes, le ton (grave) est donné. Un homme (donc David Vincent au cas où vous n'auriez pas suivi) est témoin de l'atterrissage d'extraterrestres aux intentions bellicistes. Dès lors, l'architecte va tout sacrifier (même sa carrière professionnelle) et combattre les envahisseurs. Hélas dans l'indifférence générale.

Malgré ses investigations, David Vincent ne trouve aucune preuve. Néanmoins, les extraterrestres anthropomorphiques ne sont guère coopérants. Comme l'indique le générique de la série, "ils" ont pris forme humaine. Seul leur auriculaire (leur petit doigt) souffre d'un petit défaut, et plus précisément d'une anomalie physiologique (en l'occurrence une raideur incoercible).
C'est même à cela qu'on les reconnaît ! Ensuite, quand ils meurent, ils ne laissent qu'une petite poudre sur le sol. Dans ces conditions, difficile de prouver leur existence. Pourtant, David Vincent s'ingénie et se montre particulièrement opiniâtre. Contre toute attente, les premières épisodes de la série ne connaissent qu'un succès d'estime aux Etats-Unis. 

Jugée trop sombre et pessimiste, la série télévisée s'exporte néanmoins à l'étranger, surtout en Europe. Les Envahisseurs triomphe dans nos contrées hexagonales. Les aventures de David Vincent passionnent les Français. Surtout, la série s'inscrit dans la logique des films de science-fiction des années 1950 : l'arrivée (insidieuse) d'extraterrestres hostiles qui se sont fourvoyés à la population, tout une série de complots pour cacher leur existence et mener leurs expériences, un gouvernement indifférent face à cette invasion secrète, une ambiance brumeuse...
Tels sont les ingrédients de la série. Dans sa seconde partie (épisodes 18 à 43), la série change de tonalité. David Vincent s'humanise. Surtout, son combat commence à convaincre certains individus haut placés, notamment un riche industriel.

Toutefois, au fil des épisodes, la série pose le doute sur la bonne santé mentale de son héros principal. David Vincent serait-il atteint du Complexe de Cassandre ? Selon l'architecte, les extraterrestres n'ont pas seulement pour but de nous envahir, mais de nous annihiler, et même (éventuellement) de transformer la Terre en une surface radioactive. Dans Les Envahisseurs, il est donc question de l'ère nucléaire et des prémisses de notre société consumériste.
Le monde change. Inexorablement. 
La série est aussi le témoignage édifiant d'une époque en perpétuelle mutation, que ce soit d'un point de vue politique, économique et idéologique : l'espionnage, la course aux armements, le communisme et cette paranoïa ambiante, bref tous les symptômes engendrés par la Guerre Froide.

Ce n'est pas un hasard si la plupart des épisodes se déroulent soit dans des endroits isolés voire désertiques, soit en huis clos, dans des maisons ou des entreprises esseulées et/ou désaffectées. Par conséquent, la série aborde également le thème de la solitude, l'un des nouveaux grands maux de notre société égotiste. Bref, on trouve dans cette série toutes les thématiques et surtout les corollaires du capitalisme. Derrière cette diatribe à peine déguisée de la globalisation, la série tance également notre humanité en décrépitude. Les vrais ennemis de David Vincent, ce ne sont pas forcément les envahisseurs, mais plutôt tous ces personnages humains couards, turpides et fallacieux, qu'il croise au gré de ses pérégrinations.
Certes, certains contempteurs fustigeront (probablement) l'aspect (un brin) obsolète de la série. Pourtant, plus de 45 ans après sa sortie, la série conserve encore un charme indicible. 

Note : 15/20

 Alice In Oliver