Plutôt discrète depuis la fin de Desperate Housewives en 2012, Eva Longoria nous revient avec un projet qui lui tenait à cœur depuis un petit bout de temps : Telenovela, une comédie format vingt minutes qui se déroule dans les coulisses d'un soap opera tourné à Miami. Star incontestée du show, Longoria est aussi productrice et occasionnellement réalisatrice, ce qui lui permet d'imposer sa patte bien à elle dans cette série créée par Jessica Goldstein ( Cougar Town), Robert Harling ( GCB, Steel Magnolias) et Chrissy Pietrosh ( Earl, Cougar Town). Beaucoup de chefs dans la même cuisine pour un résultat intéressant certes, mais pas toujours fiable. Parlons peu, parlons bien, il y a beaucoup de choses qui valent la peine dans cette série. Le casting est impeccable, rassemblant autour de leur star une ribambelle d'acteurs plus ou moins connus et tous plus talentueux les uns que les autres. On retrouve entre autre Amaury Nolasco, le Sucre de Prison Break, qui se délecte de son rôle de méchant super-sensible pour qui l'art de l'acteur se résume à sa moustache, l'excellente Diana Maria Riva qui joue la styliste d' Ana ( Eva Longoria) et fait preuve d'une énergie irrésistible, ou encore Jose Moreno Brooks et Jadyn Douglais qui jouent Gael et Roxi, seconds rôles exquis et touchants de naïveté. Quant à l'Homme avec un grand H (comprenez celui qui finira par faire chavirer le cœur de notre Héroïne, aussi avec un grand H), il est interprété par Jencarlo Canela, star de la telenovela mexicaine Más sabe el diablo. Tout ce petit monde se retrouve donc aux studios pour tourner leur série fictive Las Leyes de Pasión et vivent ensemble de nombreuses aventures toutes plus délurées les unes que les autres. La photographie est acidulée à souhait et la série se moque gentiment de certains des clichés du genre, mais sans jamais y aller franchement. Et c'est là que le bât blesse un peu dans cette série, comme si les scénaristes avaient peur du libellé, ce qui est un problème quand la mécanique de départ repose sur un principe satirique. Passées les deux ou trois allusions au monde en lui-même, la plupart des blagues tournent davantage autour de la vie de tous les jours. Et c'est bien dommage quelque part, d'être dans un univers si spécifique et si riche d'énormités et d'invraisemblances (faut-il que nous parlions de Calatina Creel et de son cache-œil ?) et de passer à côté pour se pencher exclusivement sur les problèmes quotidiens de nos personnages qui paraissent bien insignifiants à côté de ce que leurs personnages de telenovela vivent. Là où la superposition est épineuse, c'est quand la mise en abyme révèle un monde plus chatoyant que ce à quoi le spectateur s'attendait. On en peut s'empêcher de regretter les opportunités manquées et ce regard quelque peu classique et machinal qui aurait pu être tellement exaltant. Reste à voir si la série trouvera son chemin au fil des saisons et si nos scénaristes cesseront un jour de marcher sur des œufs. Il y a tant de potentiel dans le pitch que ça nous ferait vraiment mal de voir la série annulée avant d'avoir pu atteindre son rythme de croisière.
Crédits: NBC