Un grand merci à Artus Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le dvd du film « Le pénitencier du Colorado » de Crane Wilbur.
« Que ferais-je d’une remise de peine ? où irais-je ? C’est cela notre plus grande punition : personne ne veut plus de nous »
Dans le centre pénitentiaire du Colorado, Carl Schwartzmiller fomente une évasion. Il rassemble onze autres prisonniers autour de lui et échafaude son plan.
Une nuit, lors des fêtes de fin d’année, les détenus parviennent à s’évader. L’alerte est rapidement donnée.
Alors que neuf hommes se font rattraper, Schwartzmiller et deux autres complices se cachent chez un vieux couple.
« Si c’est possible ramenez-les en vie. Sinon, tirez si nécessaire ! »
La prison. Un lieu d’enfermement, de souffrances, où l’on casse les plus récalcitrants. Un huis clos où se retrouvent enfermés toute sortes d’indomptables, d’irréductibles et de rebus de la société. De vrais durs et quelques faux méchants. Un lieu de privation de toutes libertés où la loi du plus fort semble s’imposer à chacun. Un lieu d’où chacun n’a qu’un seul rêve : s’évader. Forcément, la prison est un lieu et un thème extrêmement cinématographiques, qui a donné lieu à quelques chefs d’œuvre du genre, tels « La grande évasion », « Le trou », « Midnight express » , « Luke la main froide » ou encore « Vol au-dessus d’un nid de coucou ». Ancien acteur du temps du muet reconverti comme scénariste et réalisateur (on lui doit notamment « Le masque » avec Vincent Price), Crane Wilbur signe avec « Le pénitencier du Colorado » (1948) une sorte de docu-fiction sur l’univers carcéral.
« Ce qui a tout gâché, c'est que j'ai cru qu'en tenant une arme je serai plus malin. Mon Dieu que cette erreur m'a coutée cher! »
Inspiré d’un fait divers réel (l’évasion spectaculaire de douze prisonniers du pénitencier de Canon City en 1947), le film se distingue par son approche quasi documentaire (un panneau nous indique en préambule que le vrai Directeur du pénitencier interprète son propre rôle dans le film tandis qu’une voix off présente le pénitencier et commente les évènements), procédé alors en vogue dans le cinéma américain des années 40 (on pense à « Il marchait dans la nuit » et « Incident de frontière » d’Antony Mann ou encore à « Appelez Nord 777 » d’Hathaway). Ainsi, la première partie du film est consacrée à la présentation du pénitencier, sorte de forteresse imprenable (on s’amuse de voir l’importance donnée au portique de détection des métaux, présenté comme étant la pointe de la modernité) et à la préparation de l’évasion, tandis que la seconde partie nous conte la cavale des fuyards et leur poursuite par les autorités. En la matière, si le film se laisse suivre sans déplaisir, on regrette un peu que le réalisateur n’ait pas pris le temps de développer un peu plus les portraits psychologiques de ces douze évadés, se focalisant véritablement sur trois d’entre eux : le vrai dur jusqu’au-boutiste, le fort en gueule intelligent et calculateur, et le faux méchant embarqué malgré lui dans cette galère. Ce dernier est d’ailleurs le personnage le plus intéressant. Celui qui nous rappelle qu’il faut toujours avoir foi en l’Humain et qu’une part de bonté peut se cacher dans chaque homme. Une petite touche d’espoir dans un film à la tonalité plutôt sombre et clairement à la gloire du système judiciaire (qui casse les méchants et recadre les égarés) et des forces de police. Une vraie curiosité cinématographique.
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