Qu’est-ce qu’une intrigue ?

Par William Potillion @scenarmag

Créer une intrigue semble difficile et çà l’est. Si l’on n’a pas compris comment la définir et la construire.
C’est le concept du conflit que vous devez d’abord comprendre. Gràce à ce concept, vous pourrez créer des personnages complexes et des intrigues crédibles. Le conflit vous permettra plus ou moins aisément de compléter votre acte Deux (plus si vous maîtrisez bien les mécanismes du conflit).

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LA GALERE DU SECOND ACTE

Le conflit est un élément dramatique aussi puissant qu’une structure. Vous ne pouvez commencer le processus d’écriture et assaisonner votre œuvre d’éléments conflictuels après coup. Cela ne fonctionnera pas car le conflit ne s’entend qu’à travers vos personnages.

Une intrigue est donc une série d’événements. Ces incidents plus ou moins forts ont la particularité de réunir autour d’eux des personnages jusqu’à ce que les problèmes soient résolues. Il se crée ainsi une dynamique dans les relations entre les personnages. Une dynamique commune est celle que l’on trouve entre le protagoniste et son antagoniste.

La vraie vie recèle d’histoires fascinantes mais elles ne pourraient être contées aussi facilement parce qu’il faut une structure pour rendre fascinante une fiction. L’intrigue est ainsi un élément structurel.
Une intrigue se compose de motivations, d’un objectif à atteindre, de conflits, de désastres et de moments de tristesse et bien sûr d’une résolution. Il est possible de s’inspirer de la réalité de notre monde et d’en tirer une histoire fascinante à condition que les éléments dramatiques sus-nommés soient intégrés à cette histoire.

A travers les articles de Scenar Mag, vous avez compris qu’un personnage doit évoluer et devenir autre d’ici la fin de l’histoire. Vous avez compris aussi qu’il doit avoir de vraies motivations pour rendre légitimes et crédibles ses actions et décisions.

Le conflit interne

Le conflit personnel de votre personnage principal est ce qui donne du sens à l’intrigue. C’est aussi ce qui le maintient émotionnellement en porte-à-faux jusqu’au moment du climax.
D’où vient ce conflit ? Il est basé sur un désir puissant et une peur fondamentale et prend sa source dans le passé du personnage ou dans ses motivations.

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LES PEURS FONDAMENTALES

Ce dysfonctionnement dans la psyché du personnage l’empêche d’obtenir ce qu’il veut tant qu’il n’aura pas au préalable surmonté ce conflit personnel. Cela maintient aussi l’attention du lecteur qui s’inquiète de connaître si ce défaut dans la personnalité du personnage pourra être vaincu (un défaut connu du lecteur mais qui ne l’est pas nécessairement par le personnage).
Rick dans Casablanca souffre de la blessure que lui a laissée Ilsa et n’aspire qu’à la vengeance. Tant qu’il n’a pas résolu ce problème, les chances de fuir de Ilsa et Victor sont réduites à néant.
Pourtant à la fin, il a surmonté sa déception et se sacrifie pour le bonheur de Ilsa et Victor.

Le conflit externe

La nature, les guerres, une séparation, une maladie ou une pandémie, un accident… génèrent des conflits externes, extérieurs au personnage.
Le conflit externe a cela de particulier qu’il peut influencer les relations entre les personnages et augmenter la tension dans la situation décrite. Pour ce faire, il se nourrit du conflit interne. En effet, un conflit extérieur ne peut interférer dans les relations entre les personnages ou changer le comportement d’un personnage que lorsqu’il trouve les raisons de le faire dans la psychologie des personnages (et en particulier, dans le défaut de leur personnalité).

Les motivations : vecteurs de l’intrigue

Tout le monde veut quelque chose : la sécurité, l’évasion, le confort, le pouvoir, un abri, une position sociale, la connaissance, le succès, l’argent, la reconnaissance, l’admiration, le sexe, l’amour. Ce sont des motivations concrètes qui ont la forme d’un objectif à atteindre.

Par contre, la raison de ces motivations est aussi une motivation mais beaucoup plus intime, beaucoup plus personnelle. Par exemple celui qui recherche la liberté souffre-t-il d’un manque de confiance en soi. Il est peut-être enfermé dans une sorte de carcan émotionnel qui l’étouffe. Il exprime ainsi son malaise par son désir de liberté.
Celui qui souffre d’un besoin de reconnaissance ne parvient-il pas à accomplir les projets qu’il tente. Le sentiment d’échec se traduit alors par cette recherche de reconnaissance qui peut prendre des tournures désastreuses s’il devient un serial killer.
Le personnage qui a commis une faute grave pourrait rechercher le pardon, la rédemption. Mais en interne, c’est le respect de soi qu’il doit regagner.
Si ce personnage avait eu une enfance ou une adolescence malheureuse ou compliquée, peut-être que lorsque son histoire commence, il aspirerait de toutes ces forces à la paix. On pourrait ainsi découvrir un personnage très engagé pour faire respecter les droits des minorités.
Celui qui court après la richesse ou la notoriété pourrait tenter de combler une impossibilité à aimer ou d’être aimé.
Et si le but est de trouver l’amour (parce qu’il n’y parvient pas, s’entend), les motivations profondes sont à foison : des parents mal aimants, une rupture difficile…

La plupart si ce n’est tous ces motifs, qui apparient une motivation profonde et un objectif, relève de la crise identitaire.
Considérons Just Married (ou preque) de Josann McGibbon, Audrey Wells et Sara Parriott. Le problème de Maggie est qu’elle est paniquée à l’idée de s’engager émotionellement avec un homme. Son souci est qu’à chaque fois qu’elle est amoureuse, ses goûts, ses répulsions, ses désirs deviennent les mêmes que ceux de son amant. Elle n’est plus elle-même et de peur de se perdre complètement, elle abandonne au dernier moment (devant l’autel) ses fiançés.

Quel est son objectif dans cette histoire ? Réussir son mariage.
Quel est le défaut majeur dans sa personnalité ? Sa plus grande peur est la solitude. Mais d’où vient sa motivation ? De son passé.
En effet, à la mort de sa mère, Maggie a du s’occuper de son père alcoolique. Elle a développé le sentiment que l’amour n’était que désintéressement et don de soi au bonheur de l’autre. Ce n’est pas cela  l’amour et pour que Maggie puisse changer son point de vue sur l’amour et en être profondément transformée, elle doit affronter ses peurs.

Toutes les fois où un protagoniste réagit à quelque chose, cela doit montrer un peu plus qui il est vraiment. Nous sympathisons avec des protagonistes qui font face à des combats que nous pouvons comprendre et qui doivent lutter pour surmonter les obstacles.
Vous pourriez commencer, par exemple, avec un personnage accro du shopping qui ne voit aucune raison de faire autre chose. Dès le premier regard que le lecteur posera sur lui, il ne lui trouvera probablement rien de très passionnant à porter intérêt. Mais s’il survient un événement dans la vie de ce personnage qui lui fera soudain comprendre la futilité de sa vie et l’urgence d’en changer, les efforts qu’il fournira dans ce sens attireront aussitôt la sympathie du lecteur car il peut comprendre ce qu’il tente de faire.

Puis vient l’intrigue

Lorsque les personnages  de votre histoire ont des motivations à agir et un dessein vers lequel orienter cette énergie, vous pouvez leur créer des scènes auxquelles ils réagiront.
Vous êtes le créateur du monde de votre histoire. Vous maîtrisez le passé, le présent et le futur de cet univers.

Les conflits externes les plus efficaces sont ceux qui vont venir nourrir les conflits internes. En travaillant le conflit externe, vous pouvez déterminer la réaction souhaitée qui révèlera une facette intime de votre personnage.
Edward Lewis dans Pretty Woman a quelque peu le vertige. C’est ainsi qu’il évite de se rendre sur le balcon de l’hôtel. Cependant, à la fin de l’histoire, il doit surmonter cette peur du vide pour rejoindre sa dulcinée.
On peut déduire qu’un héros doit faire un sacrifice à fin d’être réellement héroïque et montrer ainsi qu’il a su évoluer.

Le conflit interne donne du sens à l’intrigue. Il intervient sur le plan émotionnel du personnage. Le conflit externe, quant à lui, regroupe les personnages autour de l’objectif mais sans jamais départir l’histoire de l’émotion que les événements décrits génèrent chez les personnages.
Les émotions suscitées par les événements rapprochent les personnages. Même si les événements extérieurs œuvrent pour que les personnages soient séparés, le lien émotionnel qui les unit perdure.

Gardez à l’esprit qu’une succession d’événements ne fait pas une histoire. Décrire des conflits sans que ceux-ci n’affectent en aucune manière vos personnages relève davantage du reportage que de la fiction.