Fatima (2015) de Philippe Faucon

Séance de rattrapage pour ce film qui vient de rafler la statuette ultime aux derniers Césars 2016. Déjà présenté à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes 2015, Prix Louis-Delluc 2015, voilà que ce film est le vainqueur surprise (ou pas !) avec le César du Meilleur Film 2016 !... Quelle surprise au vu de la concurrence, et en même temps en cette période quel choix évident, d'une démagogie bienvenue qui veut ouvrir à la tolérance. Car loin de dénigrer le message et le film, si on oublie le sujet et si on reste focaliser sur le cinéma jamais "Fatima" ne fait le poids devant la sélection de nommés au César... Cela étant dit ce film n'est pas mauvais mais il est juste d'une banalité sidérante. Philippe Faucon ne surprend pas en signant un film dont la thématique revient de façon récurrente dans sa filmographie avec notamment "Samia" (2000) et "La Désintégration" (2012). Cette fois il adapte les livres "Prière à la Lune" (2006) et "Enfin, je peux marcher seule" (2011) de Fatima Elayoubi, où comment une femme de ménage algérienne, parlant pas le français, bosse énormément pour donner le meilleur à ses deux filles dont l'une entre en fac de médecine.

Fatima (2015) de Philippe FauconFatima (2015) de Philippe FauconNote : Fatima (2015) Philippe FauconFatima (2015) Philippe Faucon

Dans le rôle titre le réalisateur-scénariste a choisi une amatrice, Soria Zeroual, qui a des points communs avec son personnage mais très vite on s'aperçoit que ce n'est pas vraiment la mère le personnage principal mais l'ainée, interprétée par Zita Hanrot. Cette dernière a fait sa percée puiqu'elle a reçu le César de meilleur espoir féminin pour son rôle. En effet c'est bien l'étudiante en médecine qu'on suit autant dans la difficulté de ses études que dans les déboires financiers. Le soucis est que la maman rame sans jamais influencer réellement le cours des choses. Ses deux filles (la cadette est particulièrement mal castée, trop éloignée physiquement pour être pertinente) vivent comme elle l'entende, l'une étudiante promise à une belle réussite, l'autre qui préfère l'école buissonnière et faire le rebelle. Rien que dans les personnages on est dans le trio clichés éculés de la famille issue de l'immigration, il manquiat plus que le frère misogyne. On aurait aimé une maman à la présence plus forte, la partie où elle décide d'apprendre le français par exemple est juste survolée et insinuée. Ensuite le passage ou elle court la prolongation maladie est à la fois maladroite et malheureuse. De la même manière d'ailleurs l'étudiante est un personnage assez peu approfondi. Faucon signe une chronique familiale réalite et touchante, souvent pertinente mais malheureusement le réalisateur reste fidèle à un style naturaliste qui empêche l'attachement et la chaleur. On nous empêche presque d'approcher le detsin des ces femmes et jeunes femmes alors qu'on est là pour elle finalement. 10-15mn de plus aurait sans aucun doute offert plus de densité pour étoffer les personnages. Une mise en scène trop plate qui donne un côté docu-fiction un peu froid. Un film plaisant, pas inintéressant mais sans surprise et qui manque un peu de nouveauté dans le propos. En tous cas, s'il n'est certainement pas mauvais, ça reste un film très surestimé pour un César du Meilleur Film.