La Chute de Londres (Critique | 2016) réalisé par Babak Najafi

Par Kevin Halgand @CineCinephile

Synopsis : "Les plus grands leaders du monde occidental sont attendus à Londres aux funérailles du Premier ministre britannique, mort dans des circonstances plus que douteuses. Mais ce qui avait commencé comme l'évènement le plus sécurisé de la planète tourne rapidement au désastre. Cible d'un complot terroriste, la capitale anglaise est mise à feu et à sang et la plupart des chefs d'état faits prisonniers. Seuls ont pu s'échapper le président américain et l'agent secret Mike Banning, qui vont devoir à la fois combattre pour survivre et mettre fin aux agissements des terroristes."

Alors que l'on parle à tort et à travers de la classification Rated-R depuis la sortie et le triomphe international du film Deadpool, voici que débarque un nouveau film qui l'est également lui aussi. Et on n'en fait pas tout un plat pour autant... Après avoir sauvé le président des États-Unis à l'aide d'une petite cuillère - oui j'exagère, mais pourquoi pas après tout - dans le film La Chute de la Maison Blanche, Gerard Butler va a nouveau devoir mettre ses muscles et sa bouche en coin à l'épreuve des balles dans La Chute de Londres. Sauver le président des États-Unis à Londres, telle est la nouvelle mission de cet agent secret encore moins secret que James Bond puisqu'il n'est ni plus ni moins que le garde du corps du président des États-Unis. Ainsi que son frère, son confident, peut-être même son amant... Il a une vie complètement folle ce Mike Banning ! Trêves de plaisanteries, parlons plus sérieusement de La Chute de Londres, film d'action survitaminée qui fait suite au film La Chute de la Maison Blanche réalisé par Antoine Fuqua et paru sur nos écrans français le 20 mars 2013.

En 2013, Antoine Fuqua en surprenait plus d'un en faisant de la simple série b Olympus Has Fallen, un succès rentable avec près de 150 millions de recettes pour 70 millions de dollars de budget. Contrairement à une concurrence portée par un certain White House Down, qui ne fût qu'un simple flop. Décomplexée et jouissif à souhait grâce à un second degré permanent ne serait-ce que dans le traitement du duo principal incarné par Gerard Butler et Aaron Eckhart, Olympus Has Fallen replissait avec brio son cahier des charges. Un cahier des charges dont on ne demandait pas plus que de divertir avec panache et l'envie de faire plaisir aux spectateurs sans pour autant le prendre pour un idiot fini. Amateurs d'explosions et de séries b décomplexés, soyez ravis, puisque London Has Fallen reprend à l'exactitude le même cahier des charges. Nouvelle production Millenium Films - studio de production bien connu pour leurs Direct to Vidéo explosifs - London Has Fallen reprend le même schéma que son aîné en allant encore plus loin. Plus d'explosions, plus de morts, plus de violences, mais également plus d'invraisemblances et d'éclectisme dans la réalisation.

Disposant d'une durée plus courte que celle de la majorité des films du même genre, London Has Fallen prouve qu'il n'est pas nécessaire d'allonger la durée d'un film afin que le plaisir du spectateur soit décuplé. Une heure et trente-neuf minutes de films, générique compris. Le temps nécessaire au film pour offrir aux spectateurs un spectacle frénétique, intense et bien rythmé. Néanmoins, il fallait bien un début à cette histoire. On reprochera avec aisance une exposition d'une quinzaine de minutes. Exposition bien trop longue pour un film dont le premier opus avait déjà suffisamment bien insisté sur la caractérisation des protagonistes et ce qui les unissait les uns aux autres. Une exposition trop longue, qui en s'étirant laisse le temps aux spectateurs de se rendre compte des ressorts scénaristiques ridicules utilisés afin de lancer la course poursuite. La fameuse course poursuite au travers de Londres, entre un groupuscule mené par un grand nom du trafic d'armes et le président des États-Unis. Une sombre histoire de vengeance, dont clairement, le spectateur se moque éperdument. Ce dernier ne souhaite qu'une seule chose en se déplaçant au cinéma voir un film tel que La Chute de Londres : de l'action. Ce que le film lui sert sur un plateau d'argent. Une action frénétique et tonique, qui ne sera à aucun moment entachée par un scénario convenu, prévisible et aux apparitions et "rebondissements" téléphonés. L'histoire n'est que prétexte à fournir des scènes d'actions jouissives, grâce à un film décomplexé.

Décomplexé dans son scénario dans un premier temps par la mise en exergue du duo principal par le biais de punchlines bien senties. Punchlines toujours à la limite du ridicule en jouant sur les clichés, mais qui fonctionnent véritablement grâce à un second degré constant et à une sympathie immédiate que font transparaître les protagonistes. Décomplexé également dans sa réalisation. Habitué du genre, après avoir réalisé la suite du long-métrage Easy Money, ainsi que des épisodes de la série Banshee, Babak Najafi se fait littéralement plaisir avec ce film de commande. On lui reprochera dans les premières minutes de mettre en place une réalisation en pilotage automatique. Un montage frénétique suivant exclusivement l'action aux dépens du hors champ n'aide en rien le film à gagner en fraîcheur. Cependant, c'était pour mieux surprendre dans sa seconde partie.

Un assaut final d'une trentaine de minutes aux choix de cadrages par moments incompréhensibles, ou trop serrés faisant office de cache-misère, mais majoritairement plaisant. Entre (faux) plan séquences à l'épaule maîtrisée mettant en lumière une chorégraphie bien orchestrée afin d'avoir une action intense et lisible en permanence et plans hommages au monde vidéoludique, le réalisateur s'impose et assume ses choix. Assume le fait que son film n'est autre qu'un défouloir, mais un défouloir maîtrisé aux multiples hommages et références. Hommages notamment au monde vidéoludique par le biais d'invraisemblances scénaristiques dont il se moque ouvertement dans le film même, mais également par le biais de sa réalisation. Entre plans à la troisième personne et plans en vue subjective à la manière d'un Call of Duty, tout y est rapidement justifié et loin d'être désagréable. On ne pourra reprocher au réalisateur de tenter des choses et surtout de mettre sa caméra et les mouvements et effets proposés au profit de l'action. Ce film n'a pas la classe visuelle d'une production Emmerich ou Bay, mais il propose un spectacle jubilatoire et assumé comme tel, à savoir un pur divertissement. Ce qui reste et restera le nerf de guerre de ce film, de cette série b.

En Conclusion :

"De bourbon et d'erreurs de jugement." Voici ce que représente le film La Chute de Londres vis-à-vis de ceux qui aiment juger sans chercher à avoir un esprit suffisamment ouvert envers celles et ceux qui peuvent apprécier ce genre de films. Un scénario convenu, des séquences et "rebondissements" téléphonés, des incohérences, quelques effets visuels pas terribles, quelques faux raccords, mais rien que ne gâche véritablement ce long-métrage d'être une série b jubilatoire grâce à un second degré constant et à une montée en puissance dans l'action. Assumé d'un bout à l'autre, le film use du capital sympathie de son duo principal afin de le plongé dans une aventure explosive, bien rythmée et avant tout maîtrisée. On reprochera surtout au film de céder aux sirènes d'une bande sonore omniprésente, agaçante et par moment incohérente au rythme de l'action. Histoire de vous rassurer, depuis Olympus Has Fallen, Gerard Butler n'a pas tourné dans d'autres films - mis à part le Gods of Egypt pas encore paru sur nos écrans - et il en a simplement profité pour aller, non pas aux cours de théâtre, mais simplement à la salle de musculation.