Anomalisa, étrange objet cinématographique. Au carrefour entre un Her et un film d'animation "pour adultes", Anomalisa est l'histoire d'un homme lui aussi au carrefour de sa vie, vie monotone, dépressive. On suit son vol pour un séminaire sur son livre à succès. Sa perte dans un hôtel de luxe où il rencontre deux femmes mais surtout LA femme, celle dont la voix n'est pas comme les autres, monocordes. Moment de grâce entre les deux personnages avec cette scène d'amour douce, presque réaliste qui en ferait oublier qu'il s'agit d'un film de marionnettes. L'auteur, d'ailleurs avec ces marionnettes, semble nous dire que nous vivons dans un monde deshumanisé, alors quoi de mieux que de représenter ce monde par des marionnettes désarticulées, pantins de nos vies.
En bref, avec Anomalisa, la vie vaut d'être vécue pour ses instants de fugacité. Mention spéciale à Jennifer Jason Leigh (oui encore elle, cf. Les Huits Salopards) pour son incroyable interprétation d'une chanson désuète de Cyndi Lauper : hors du temps, magique.