Spotlight

Par Dukefleed

Quand le 4ème pouvoir dézingue le 5èmepouvoir… ou inversement
Fraichement auréolé de l’Oscar du meilleur film, le fait divers dont est inspiré ce film est une enquête journalistique fouillée qui fût récompensée en 2003 par le prix Pulitzer. C’est dire que le cœur de ce long métrage est solide et riche. Dans la veine de « Les hommes du président » de Pakula (1976) dont l’inspiration est assumée par Tom Mc Carthy, « Spotlight » est une enquête journalistique menée avec beaucoup de justesse et de précision. Il rend hommage au travail de l’ombre, parfois d’utilité publique, rempli par la presse. Là, une équipe de journalistes du « Boston Globe » se consacre à démontrer les actes de pédophile commis par des prêtres et surtout à démanteler toute l’organisation ecclésiastique destinée à couvrir les agissements des prêtres concernés. On découvre alors des enfants victimes de prêtres mais aussi de l’Eglise. Le lieu de l’action aussi n’est pas anodin. A un moment dans le film, il est dit « Boston est la plus grande petite ville d’Amérique. Tout le monde semble se connaitre. »… et à Boston, la place de l’Eglise est proéminente. Au point de penser que Boston prend des accents de petite bourgade irlandaise catho où tout le monde fréquente les mêmes paroisses, les mêmes écoles. Et au travers du travail de fourmi des journalistes, on perçoit au combien la religion à imprégnée toutes les arcanes du pouvoir (police, justice, presse). Une pression douce et sociétale, sans besoin de transgresser les lois, s’exerce sur la population de Boston… éloquent. Le côté thriller et suspense n’est que guère présent, tout est bien trop balisé, nous sommes bien loin de « Zodiac » de Fincher. Tom Mc Carthy n’est pas un grand cinéaste, c’est là, la différence majeure entre les deux films. Sobriété et classicisme épuré sont au cœur du film : scénario, mis en scène, musique, interprétation ; tout est au diapason. Pas de théâtralisation et ni d’emphase pour les réussites ; mais une limite majeure, trop peu de cinéma. 
Sorti en 2016
Ma note: 14/20