A Nice, ce mercredi 24 février 2016, nous avons assisté à la première de la représentation niçoise du Barbier de Séville qu’interprète à travers le monde la compagnie lyrique Circuito Lirico Lombardo. Dans une mise en scène moderne et fort agréable, la troupe italienne nous a gratifié de l’un des plus connus et des plus fameux opéra bouffe du XIXe siècle. Le barbier de Séville de Gioachino Rossini, inspiré de l’œuvre éponyme de Beaumarchais, sur un livret de Cesare Sterbini, a été créé le 20 février 1816 au Teatro Argentina à Rome. C’est donc, avec un certain brio, que l’Opéra de Nice a fêté les cent ans de l’œuvre.
Rosina (Ketevan Kemoklidze) est retenue sous la tutelle du médecin Bartolo (Alfonso Antoniozzi). Le vieil homme, très jaloux, envisage de la marier et la garde à l’égard du monde. Mais, seconder par le barbier Figaro (Mattia Olivieri), le comte Almaviva (Daniele Zanfardino) lui joue la sérénade à la fenêtre et ravi son cœur.
Adieu Séville et le charme de l’Andalousie qui ne demeure que par le texte, le metteur en scène a préféré situer l’action aux États-Unis dans des décors des années 50. Peu importe, le sujet est universel et intemporel. Sur le green d’un parcours de golf, Bartolo s’évertue à améliorer son swing alors que débute l’ouverture de l’Opéra. Au premier abord, le tapis vert défriché fait mauvais effet et l’on craint que le reste des décors soit du même acabit. Heureusement, la scène pivote lentement et laisse découvrir la maison de type coloniale du médecin. L’intrigue se déroule alors entre l’extérieur et l’intérieur de la maison où tentent de s’introduire incognito le comte qui a séduit la belle et la soustraire au pouvoir tyrannique de Bartolo. La pièce unique, ornée de deux portes, permet de laisser toute sa place au récit vaudevillesque. C’est que Le barbier de Séville est une franche comédie où tout finit bien dans le meilleur des mondes. On se dit alors que le choix des décors américains est parfait pour cette happy-end. La partition envolée de Rossini incarne la douce folie qui s’étend sur scène et imprègne le public. Les thèmes en canon, jouant sur les voix des barytons et de la soprano, sont de vrais morceaux de bravoure où il est d’usage que ces premiers accélèrent le rythme comme un défi lyrique. Véritable pièce dans la pièce, la présence d’un professeur de chant intriguant, Basilio (Marco Vinco), permet aux chanteuses incarnant Rosina de choisir l’œuvre de leur choix lorsqu’elle interprète leur cour de chant. Une autre particularité du Barbier de Séville qui étonnera ceux qui le découvrent pour la première fois, est que la sérénade est jouée à la guitare seul. Tandis que le guitariste joue dans la fosse, Almaviva mime sur scène. Farce comique avant toute chose, Le barbier de Séville est un véritable divertissement qui ne s’encombre d’aucun autre procès que celui qu’il fait à cet homme vieillissant et ridicule qui pense que l’argent vaut tous les plus doux regards. Le reste n’est que pure fantaisie.
Production rafraîchissante, opéra moderne avant son heure, d’ailleurs hué à la première puis célébré par une foule en délire, Le barbier de Séville par le Circuito Lirico Lombardo est un événement à ne pas manquer.
Boeringer Rémy