Ave César, critique

Ave César, critique

Attention, @JM_Siousarram est de retour avec une première critique pour 2016 et pour cela, rien de moins que le nouveau film des frères Coen au casting 4 étoiles qui plonge le Hollywood des années 50 !

Ave César, critiqueStakhanovistes. Appellation devenu lambda pour désigner originellement un travailleur ultra-productif à l’époque de la grande URSS, tirée du nom d’Alexeï Stakhanov qui aurait sorti 102 tonnes de charbon en une nuit de labeur. C’est le mot qui correspondrait le mieux à Joel et Ethan Coen selon moi, bien que sévissant dans un tout autre domaine et mobilisant des muscles d’un autre acabit. Réalisateurs émérites grandement reconnus avec le triomphe de No country for old men, ils se sont spécialisés dans le portrait d’un Amérique des losers magnifiques avec une exigence de tous les instants concernant leurs scénarios et leur mise en scène. Inside Llewyn Davis, leur dernier film en date, est d’ailleurs un modèle du genre pour illustrer la virtuosité de leur cinéma.
Ces dernières années, les frères les plus célèbres d’Hollywood semblent être passé à lavitesse supérieure en signant pas mal de scénarios qu’ils laissent, excusez du peu, à Steven Spielberg ou encore Angelina Jolie, le soin de les porter à l’écran. De vrais grands bûcheurs, ce que confirment amplement leur cuvée 2016, Avé César.

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Stakhanoviste. C’est également le mot qui siérait le mieux à Eddie Mannix, le personnage principal de ce nouveau long métrage consacré au Hollywood des années 50. Incarné par le toujours impeccable Josh Brolin, qui a décidément la vraie gueule de l’américain moyen contemporain, Mannix est l’homme à tout faire des studios Capitol, sorte de major cinématographique de l’époque. Dès qu’il y a un soucis d’acteur, de production ou on imagine bien d’autres demandes loufoques, c’est pour l’homme à la moustache et au regard franc. Fort de ce personnage sympathique, dynamique et au langage décomplexé, les Coen vont nous tisser une multitude de toiles et de digressions plus ou moins bien sentis avec pour fil rouge, l’enlèvement de l’acteur star Baird Whitlock, campé par le toujours très grimaçant George Clooney chez eux.
Parmi les défis de Mannix, trouver un père pour la starlette Johansson, transformer un magnifique cascadeur à la diction chewing gum en un séducteur de première, jongler avec des jumelles-journalistes hystériques, ou essayer de faire s’entendre les principales instances religieuses autour de Jesus Christ. Là, on sourit à plein régime, voir même, on laisse échapper quelques éclats de rire, car le casting 5 étoiles fait parfaitement le job au service d’une réalisation toujours aussi inspirée.Ave César, critiqueMais, il manque la petite étincelle autour du fil rouge.En effet, est-ce à cause des nombreuses digressions ou du côté plaisir que s’accordent les frères Coen en nous embarquant de longues minutes durant dans des séquences entières de film dans le film, mais toujours est-il qu’on se laisse facilement décrocher de l’enlèvement de Whitlock.
En effet, on ressent énormément le côté plaisir du duo quand ils étirent des reconstitutions de ballets aquatiques, de comédies musicales, de westerns ou de comédies romanesques, hors tout cela ne fait que parasiter le fil rouge dont on en a rapidement plus rien à faire. Se succèdent alors les numéros d’acteur parmi lesquels la révélation Alden Ehrenreich dans un super numéro de cowboy arriviste face au tout Hollywood, et notamment l’excellent Ralph Fiennes en réalisateur émérite et acariâtre à souhait. Jouissif comme souvent chez les Coen. Mais trop peu pour classer cet Avé César aux côtés des plus grandes réussites des frangins. Il n’en reste pas moins un très bon divertissement mordant servi par un joli casting et des répliques acérées pour retranscrire l’âge d’or des studios US.