Nous continuons sur la lancée de cet article dont nous vous conseillons la lecture préalable :
HORREUR ET IDEE D’HISTOIRE
Et commençons avec les types d’horreur.
Une histoire horrifique a besoin de toucher viscéralement son auditoire.
Il existe de nombreux films et d’histoires qui s’appuie sur l’horreur et ses sous-genres (qui en font la substance, en fait). Il apparaît cependant que les frontières entre les sous-genres sont assez floutées pour créer des hybrides puissants et étranges.
Devin Watson distingue deux types principaux : l’horreur psychologique et le surnaturel. La différence résidant entre les deux concerne l’antagoniste : ou bien il s’agit d’un être humain ou bien, c’est quelque chose ou quelqu’un qui possède ou est possédé par des pouvoirs surnaturels.
L’horreur psychologique
L’horreur psychologique a ses figures iconiques en Norman Bates et Jack Torrance. Parmi les monstres humains, nous pourrions nommer aussi Hannibal Lecter.
La folie est au cœur de ces histoires horrifiques et la psychologie y a une place importante.
A lire :
LA PSYCHOLOGIE DU PERSONNAGE
WILLIAM INDICK : DU CONFLIT – PART 1
WILLIAM INDICK : DU CONFLIT – PART 2
WILLIAM INDICK : DU CONFLIT – PART 3
WILLIAM INDICK : DU CONFLIT – PART 4
Les origines de cette folie peuvent avoir de nombreuses sources à la fois interne et externe telles que la vengeance, la culpabilité, une obsession ou une compulsion, une schizophrénie. Les personnages peuvent être aussi des psychopathes ou des sociopathes.
Jason (Vendredi 13) est un personnage complètement dérangé qui tue mais n’est-il pas simplement un meurtrier bien humain qui rôde les bois assoiffé d’un désir de vengeance et de justice quelque peu personnel.
Billy Loomis est certainement l’antagoniste le plus troublant de Scream qui ne s’est pourtant jamais remis de la séparation de ses parents et qui cherche à faire payer la mère du protagoniste pour le rôle qu’elle a joué dans cette séparation.
Tous ces personnages ont une tendance psychopathe et sociopathe et voient autrui comme des objets à tuer sans égard à la vie, moyen qu’ils utilisent pour mener à bien leurs objectifs personnels.
Frankenstein nous ouvre aussi les yeux sur une vérité trop longtemps cachée : le monstre se tapit dans la folie et l’obsession d’un scientifique. La créature a été poussé à certaines extrémités qui ont fait d’elle un monstre mais s’il est coupable, il n’est pas responsable.
Seul son créateur et le monde (illustré par les villageois) devront supporter le fardeau de ce péché. Et c’est pour cela, bien que l’on puisse s’en défendre, que nous sommes autant attirés par cette pauvre créature et sa destinée.
Le surnaturel
Lorsque la raison ne peut plus expliquer les choses, que les limites de notre univers sont dépassées, apparaît les fantômes, les démons, les anges, les méchants aliens, les zombies, les univers parallèles et d’autres choses encore plus terrifiantes.
Gardez à l’esprit qu’il y a énormément de personnes qui croient en l’existence de choses qui ne peuvent encore être prouvées rationnellement et ils sont des lecteurs (ou des spectateurs) potentiels pour l’horreur. Que ce soit des tueurs qui pourchassent leurs proies dans de sordides cauchemars, des fourmis tueuses mutées sous un quelconque prétexte scientifique, des maisons hantées… Toutes ces choses qui ne peuvent encore être expliquées rationnellement sont de grandes sources de frayeurs pour un auteur.
La boite à outils dramatiques de l’auteur
Les outils dramatiques à disposition de l’auteur horrifique sont les mêmes que tout auteur écrivant dans n’importe quel genre.
- Suspense
- Tension
- Conflit
Et il devra les utiliser fréquemment à l’intérieur même de sa fiction. Comme le dit Devin Watson, le sang et les tripes ne remplaceront jamais ces ingrédients dramatiques indispensables.
Le conflit peut se nicher entre deux personnalités mais il est aussi celui de l’antagoniste qui essaie de ruiner les plans du protagoniste dans sa quête (généralement en cherchant à le tuer).
Le conflit génère de la tension. Celle-ci est communicative. En effet, que le conflit soit entre deux personnages ou contre quelque chose d’externe (un monstre, la nature, la société elle-même), la tension générée se transmet au lecteur. Conflit et tension combinés peuvent créer un effroi chez le lecteur et le rendre encore plus disponible pour vos intentions horrifiques.
L’intention première d’un auteur est de faire en sorte que son lecteur continue de tourner les pages en se demandant ce qui va bien pouvoir se passer ensuite. Et le suspense est un bon moyen pour y parvenir.
Fondamentalement, le suspense est de soulever une question ou de ne pas montrer immédiatement quelque chose et de prendre son temps avant de révéler la solution.
Que l’on ne sache pas qui est le tueur ou quel est ce chaînon manquant qui retarde le protagoniste dans sa mission et l’imagination du lecteur se mettra en branle. Ainsi, vous le maintenez dans votre monde, vous le captivez.
Dans Alien, par exemple, le monstre n’est jamais montré en pied et se cache autant qu’il le peut dans l’ombre. Cette approche terrifia davantage que d’offrir un monstre clef en main au spectateur qui naturellement combla les coins obscurs entourant le monstre avec sa propre imagination.
En fouillant un peu, vous vous apercevrez que le monstre rôdant dans l’osbcurité est un motif très souvent utilisé.
Comment transcrire tout cela en mots ?
L’idée est simple. En tant qu’auteur, vous connaissez toute la vérité de votre histoire mais vos lecteurs, eux, ne découvrent que les bribes d’informations que vous leur communiquez. Distribuez-les par petites doses jusqu’au moment d’en révéler davantage. Vous pourriez même selon Devin Watson, ne pas tout expliquer et laisser le lecteur réfléchir.
Faites en sorte de garder dans l’ombre les rebondissements de votre histoire jusqu’aux moments les plus opportuns pour les jeter dans l’esprit de votre lecteur.
Maintenant, il faut savoir où placer ces moments particuliers. Généralement, il y a un événement majeur pour une histoire d’horreur qui se produit presque immédiatement, voire dans l’Opening Image (la séquence d’ouverture). Cet événement permet de lancer l’histoire.