Tout est relié. Pour chaque action, il y a une réaction égale et opposée. Ce qui signifie que nous existons en relation les uns avec les autres, en relation avec le monde, en relation avec tout ce qui vit.
Dans un scénario, c’est le même principe.
Une histoire est un tout. Chacune de ses parties est relié au tout. Si vous modifiez une scène ou une ligne de dialogue en page 10, cela influencera ou impactera une scène ou une ligne de dialogue en page 80.
Syd Field ajoute même que si vous changez un élément à la fin de votre histoire, vous devrez modifier ou ajouter ou supprimer un ou plusieurs éléments au début de votre histoire.
Vous aurez une dizaine de pages pour mettre en place votre histoire (les dix premières pages, en fait) alors si vous souhaitez retenir l’attention de votre lecteur, autant installer votre histoire dès la première page.
Le lecteur doit comprendre ce qui se passe immédiatement. Ne ralentissez pas l’action en expliquant par de longues tirades toutes les informations dont a besoin le lecteur pour appréhender votre histoire, car vous n’y parviendrez pas de cette façon.
Une histoire doit progresser et comme le scénario est un outil qui sert un médium visuel, il est important de mettre en place votre histoire visuellement.
Mettre en place votre histoire consiste à faire comprendre au lecteur qui est le personnage principal, votre prémisse, de quoi parle votre histoire et la situation c’est-à-dire les circonstances qui entourent l’action.
Que votre séquence d’ouverture soit orientée vers l’action pure (Les Aventuriers de l’Arche Perdue, par exemple) ou qu’elle soit bien plus dramatique (Les Evadés de Frank Darabont et Stephen King, par exemple), les éléments cités au paragraphe précédent doivent être introduits dans les dix premières pages de votre script.
Pour Syd Field, ces dix premières pages sont capitales car elles vont mettre en place tout ce qui suit. Elles doivent être conçues avec efficacité et apporter une véritable valeur ajoutée à votre histoire. Ces dix premières pages sont une entité dramatique que vous devez traiter comme telle.
Comme à son habitude, Syd Field prend l’exemple de Chinatown pour asseoir ses propos et se souvient d’en avoir parlé avec son auteur Robert Towne.
Jack Gittes est un détective privé qui s’est spécialisé dans les filatures discrètes et il a une certaine réputation à tenir donc il veut toujours paraître parfait. Il fait tout ce qu’il peut pour faire bonne impression. Il est impeccablement habillé, ses chaussures sont cirées chaque jour et il possède son propre code moral.
Le non-dit chez Gittes, sa peur profondément enfouie est de ne pas être pris au sérieux, de paraître ridicule.
L’histoire de Chinatown est un véritable puzzle à résoudre et ce qui est passionnant est que nous découvrons chaque morceau du puzzle, un à la fois, en même temps que Gittes. Nous sommes informés de ce qui se passe dans le même temps que Gittes. Ainsi, le lecteur et le personnage principal sont liés par ce travail de reconstitution d’informations qui parviennent les unes après les autres et puis qui s’assemblent
A lire :
LA NOTION DE STRUCTURE PAR SYD FIELD
Dès la séquence d’ouverture, une image (une série de photographies) sur laquelle on entend les gémissements de Curly nous montre le métier de Jake Gittes. C’est un détective privé spécialisé dans les divorces, les épouses infidèles. Gittes farfouille dans le linge sale de ses contemporains.
Jake Gittes se définit par ce qu’il fait, par ses actions. Chinatown est vraiment mis en place dans cette toute première séquence. Lorsque la fausse Madame Mulwray vient engager Gittes parce qu’elle soupçonne son mari, lui dit-elle, d’être volage, c’est tout naturellement que Jake commence sa surveillance discrète de Hollis Mulwray.
A partir de ce moment, nous apprenons ce que Gittes apprend.
Puis arrive l’incident déclencheur au moment où Gittes rencontre la véritable Evelyn Mulwray. A cet instant précis, des questions se soulèvent dans l’esprit de Jake : qui est la femme qui se fait passer pour Evelyn ? et qui a commandité ses services ? et surtout pourquoi ?
Ce sont ces questions qui sont autant de questions dramatiques que se posent Gittes et le lecteur. Et ce sont précisément ces questions qui lancent Gittes dans l’aventure.
Toute l’exposition avant l’incident déclencheur qui consiste en la fausse Madame Mulwray, Gittes qui suit Hollis Mulwray jusqu’au lit asséché de la rivière, puis à l’océan, puis le tract sur la ville qui meurt de soif… chaque scène, chaque information (aussi minime soit-elle) révèle quelque chose sur l’histoire et mène à ce moment où la vraie Evelyn Mulwray fait son apparition.
Cet entité dramatique qui consiste en une série d’événements ou d’informations apparemment non reliés sert à établir trois choses :
- Qui est le personnage principal ?
- Le sujet de l’histoire (le rapport à l’eau se dessine assez nettement)
- La situation dramatique (Los Angeles mourrant de soif)
Adoptons une démarche analogue à celle de Syd Field.
Le personnage principal Jake Gittes est introduit dans l’histoire à son bureau montrant des photos compromettantes sur la femme de Curly.
On note immédiatement sa tenue vestimentaire et une gestualité qui indique qu’il est un homme méticuleux.
Par ailleurs, dans le script de Robert Towne, aucune mention physique n’était précisée (ni sa taille, ni son poids, ni quoi que soit d’autre) ce qui laisse supposer que si des critères physiques ne sont pas indispensables à la définition du personnage en relation avec l’histoire, ne les mentionnez pas dans votre scénario.
Un autre indice sur la personnalité de Gittes nous est donné lorsqu’il raccompagne Curly. Tout semble indiqué que Gittes est un chic type dans la relation qu’il a établie avec Curly.
Notez bien qu’il s’agit d’exposition. Cette scène ne fait avancer en aucun cas l’intrigue. Dans cette exposition, il s’agit de nous montrer qui est Jake Gittes.
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