Genre : horreur (interdit aux - 12 ans)
Année : 2010
Durée : 1h29
L'histoire : Eté 2010. Australie. Cinq amis partent en croisière pour des vacances de rêve. Mais lorsqu’ils font naufrage, le rêve vire au cauchemar : dans l’eau rôde une terrible menace.
La critique :
1974. Steven Spielberg invente un nouveau genre dans le cinéma horrifique : le requin sanguinaire qui vient semer la terreur dans une station balnéaire. Bienvenue dans Les Dents de la Mer (aka Jaws, de son titre original) ! L'immense succès du film est suivi par trois nouveaux épisodes, puis par de nombreux succédanés : La Mort au Large (Enzo G. Castellari, 1981), Les Dents de la Mort (Charles Robert Carner, 2008), Shark 3D (David R. Ellis, 2011), la trilogie Shark Attack...
Les squales sont même parodiés dans des productions graveleuses et licencieuses, la plupart du temps estampillés Nu Image ou Asylum. Cette fois-ci, les poissons aux incroyables rotondités sont confrontés à des monstres préhistoriques. C'est par exemple le cas de Mega Shark Vs. Giant Octopus (Jack Perez, 2009), Mega Shark Vs. Crocosaurus (Christopher Ray, 2010), Super Shark (Fred Olen Ray, 2011) ou encore de L'attaque du requin à deux têtes (Christopher Ray, 2012).
Bref, le requin tueur s'est littéralement démocratisé au cinéma. Il est même devenu le sujet de fous-rires et de rodomontades. Parallèlement, dans les années 2000, certains cinéastes tentent d'apporter leur modeste pierre à l'édifice en privilégiant l'aspect documentaire sur fond d'histoire vraie ou de faits réels. En 2003, Chris Kentis réalise Open Water : En Eaux Profondes.
Si le long-métrage passe (plus ou moins) inaperçu au cinéma. Il rencontre un certain succès en vidéo. Selon certains fans, Open Water renouvélerait un genre moribond depuis belle lurette. En 2006, une suite, Dérive Mortelle, est même réalisée par les soins de Hans Horn. La disparition horrible de nageurs intrépides dans l'océan inspire le cinéma horrifique. C'est par exemple le cas de The Reef d'Andrew Traucki, sorti en 2010.
Trois ans auparavant, Andrew Traucki avait déjà réalisé Black Water, un film de crocodile, lui-même inspiré d'une histoire vraie. Le cinéaste s'est déjà fait les armes (ou plutôt les dents) sur ce premier long-métrage. Avec The Reef, il confirme sa prédisposition pour le film de créatures sous-marines, plutôt appréciée sur le même Black Water. Andrew Traucki sera-t-il capable de renouveler la même performance ?
Réponse dans les lignes à venir. En l'occurrence, The Reef se situe dans la lignée, la logique et la continuité d'Open Water. A l'instar de Chris Kentis, Andrew Traucki opte pour une mise en scène quasi documentaire. Pour la petite anecdote, Rob Gaison, directeur général du tourisme en Australie, a déclaré que ce film risquait de nuire au tourisme, un "exploit" (si j'ose dire) déjà réalisé par le même Open Water.
En outre, The Reef se distingue dans plusieurs festivals. Les fans jubilent et tiennent la nouvelle référence en matière de requins tueurs. Certains évoquent même le nouveau "Dents de la Mer". Pourtant, hormis le squale de service, les deux films sont peu comparables. The Reef s'inscrit dans ce cinéma moderne, avec une poignée d'acteurs et d'actrices inconnus au bataillon, et sortis d'une agence de mannequinat. Contrairement au film de Steven Spielberg, The Reef ne s'engage pas dans une réflexion philosophique ou dans une diatribe du consumérisme et du capitalisme.
Le long-métrage se contente d'exposer les faits. Le scénario est donc de facture classique et laconique. Attention, SPOILERS ! Eté 2010. Australie. Cinq amis partent en croisière pour des vacances de rêve. Mais lorsqu’ils font naufrage, le rêve vire au cauchemar : dans l’eau rôde une terrible menace...
Indubitablement, Andrew Traucki recherche avant tout l'efficacité. D'une durée assez courte (à peine une heure et 25 minutes de bobine, générique de fin y compris), The Reef reprend (encore une fois) la formule (gagnante ?) d'Open Water : un accident stupide, des touristes perdus au beau milieu de l'océan et obligés de nager plusieurs kilomètres pour trouver un morceau de terre, et évidemment un squale qui vient s'inviter aux inimitiés. Bref, rien de bien nouveau dans ce film de requin de la nouvelle "Vague".
Si Andrew Traucki reprend effectivement le concept d'Open Water, il parvient néanmoins à transcender son sujet. Premier constat : la mise en scène se veut brute de décoffrage et va directement à l'essentiel. Contrairement à Open Water, The Reef élude les conversations oiseuses et sybillines.
Le film nous plonge en plein cauchemar. Le spectateur est convié à partager le calvaire et l'angoisse de cinq touristes. La situation est (plus ou moins) plausible. Ensuite, la caméra d'Andrew Traucki suit les mouvements des vagues, ce qui renforce cette sensation de menace inexpugnable. En vérité, le requin est peu présent à l'écran. Ses interventions et ses attaques ne durent que quelques secondes, avant de disparaître à nouveau dans l'immense océan.
Contre toute attente, la formlule fonctionne sur la durée du film. Certes, The Reef parvient à transcender son histoire et s'inscrit parmi les meilleurs films de requin du moment. Néanmoins, peu ou prou de surprises au tableau de bord. Le seul intérêt consiste à savoir dans quel ordre nos héros vont être dévorés. Enfin, Andrew Traucki se concentre assez peu sur le portrait et la psychologie de ses personnages.
Par conséquent, difficile de réellement se passionner pour leurs aventures ou d'être émoustillés par leur disparition. Toutefois, le film possède de solides arguments : une belle photographie, une mise en scène solide, un rythme toujours soutenu et une interprétation de qualité. C'est déjà pas mal.
Note : 12.5/20
Alice In Oliver