Synopsis : "A sa sortie de prison, Dieumerci, 44 ans, décide de changer de vie et de suivre son rêve : devenir comédien. Pour y arriver, il s'inscrit à des cours de théâtre qu'il finance par des missions d'intérim. Mais il n'est pas au bout de ses peines. Son binôme Clément, 22 ans, lui est opposé en tout. Dieumerci va devoir composer avec ce petit "emmerdeur". Il l'accueille dans sa vie précaire faite d'une modeste chambre d'hôtel et de chantiers. Au fil des galères et des répétitions, nos deux héros vont apprendre à se connaître et s'épauler pour tenter d'atteindre l'inaccessible étoile."
Lucien Jean-Baptiste fait partie de ces réalisateurs qui aiment raconter des histoires qui leur tiennent à cœur. Des histoires qu'il a pu vivre ou qui s'avèrent être proches de ce qui a fait de lui l'homme qu'il est aujourd'hui. Après avoir raconté les déboires d'une famille en vacances à la neige dans Première Étoile, puis son retour aux Antilles dans le film 30° Couleur, Lucien Jean-Baptiste prend racine à Paris. Première réalisation au cœur de la plus grande fourmilière de France qu'est Paris et troisième comédie en tant que réalisateur, ainsi qu'interprète et scénariste. Cette fois, il plonge le spectateur dans une réalité qui pourrait être celle de tout à chacun, auprès de deux personnages qui ne souhaitent qu'une chose : réaliser leur rêve de gosse.
Non, ce n'est pas un film autobiographique, mais c'est bel et bien un film dont les grandes lignes de l'histoire retracent une histoire qui pourrait être celle de Lucien Jean-Baptiste. Devenu acteur sur le tard, avant d'exploser aux yeux des Français en tant que réalisateur, Lucien Jean-Baptiste a pu réaliser son rêve de gosse. Sur une idée de Gregory Boutboul, avant que Lucien Jean-Baptiste inclue sa patte personnelle et humaniste dans ce qui deviendra le scénario final, DieuMerci va être catalogué comme un film à morale. Un film qui n'a de cesse d'être bienveillant envers ses personnages, et ce, même s'ils sont dans la galère la plus totale. Il ressort de chacune de ses réalisations, un homme profondément bienveillant qui souhaite se servir de l'art qui le passionne pour faire passer des messages. Des messages humains et sincères qui seront en mesure de toucher chacun des spectateurs qui verront ses films. Durant sa période de détention carcérale, Dieumerci, protagoniste interprété par Lucien Jean-Baptiste, a pris conscience qu'il lui fallait réaliser ses rêves tant qu'il en avait encore la possibilité. Derrière ce prélude scénaristique ne se cache pas un film au sous-texte social. DieuMerci est une comédie qui ne cherche pas à critiquer notre société ou le système que peuvent partager les personnages et les spectateurs.
Les comédies de ce type se servent d'un univers en cohérence avec la réalité afin d'obtenir une immersion et un attachement plus simple de la part des spectateurs envers les personnages. Le scénario de ce long-métrage va se concentrer sur l'humain. Les rapports que peuvent entretenir les humains entre eux. Jouer sur les clichés afin de faire sourire dans un premier temps et faire des préjugés quelque chose à ne pas banaliser. Faire comprendre que tout à chacun a le droit de tout tenter pour réaliser ses rêves et qu'il ne faut surtout pas prendre en compte des avis négatifs et préjugés qui se mettront en travers de cette longue route. Afin de faire passer au mieux ce message sincère et bienveillant, Lucien Jean-Baptiste va s'appuyer sur une structure scénaristique classique aux différents ressorts comiques et tragiques classiques. C'est extrêmement simple, mais pas simpliste pour autant. Grâce à cette sincérité qui émane du film et du jeu des acteurs par le biais de la mise en scène, le film démontre qu'il ne cherche pas à épater la galerie. Cette structure scénaristique et ses différents ressorts utilisés le sont, dans le simple but de faire transparaître une réalité. Les personnages ont une vie tumultueuse, une vie faite de hauts et de bas, à l'image de la vie de chaque personne qui décide du jour au lendemain de tout faire pour vivre ses rêves. Un bien pour un mal. Un bien, car c'est justifié et assumé. Un mal, puisque ça ne permet pas au film d'être plus qu'une jolie comédie portée par des acteurs de talent.
Lucien Jean-Baptiste ne laisse pas un personnage radicalement au second plan. À l'image des morales que souhaitent faire transparaître ses films, il est un metteur en scène bienveillant envers ses acteurs. Acteurs de premier comme de second plan. Le personnage qu'il interprète n'est qu'un fil conducteur, celui qui va permettre à tous les acteurs qui gravitent autour de lui d'avoir leur moment de gloire. Baptiste Lecaplain va bien évidemment apporter sa sensibilité et son dynamisme comique qu'il peut avoir sur scène, afin de dynamiter des séquences qui auraient pu être moins marquantes sans lui. Mais les autres acteurs ne sont pas en reste. Olivier Sitruk, Delphine Théodore, Michel Jonasz, Jean-François Balmer et Firmine Richard, vont chacun apporter quelque chose au film. Un décalage, une sensibilité, une humanité ou au contraire une méchanceté nécessaire au récit afin de déboucher sur le développement de la morale finale. Un casting éclectique, aux personnages complémentaires et qui forment à eux un film sensible, drôle et humain.
En Conclusion :
2016, l'année où le cinéma pousse les spectateurs à réaliser leurs rêves, leurs rêves de gosse. L'ouverture d'un restaurant, d'un endroit convivial et accueillant pour Greta Gerwig dans Mistress America; l'ouverture d'un bar pour Tom Vermeir et Stef Aerts dans Belgica; maintenant le rêve de devenir acteur pour Lucien Jean-Baptiste et Baptiste Lecaplain dans DieuMerci. Chacun de ses films précédemment cités possèdent une thématique similaire, mais pas la même finalité et concrétisation de l'acte. On pourrait reprocher à DieuMerci d'être un film trop bienveillant, trop positif, mais c'est finalement ce qui fait sa particularité. C'est un film sincère et humain avant tout. Un film qui a ses défauts, notamment de réalisation, mais qui réussit très rapidement à trouver son rythme. Trouver son rythme et rendre ses personnages attachants grâce à une mise en scène soignée mettant en avant les acteurs et leurs belles prestations. Ils nourrissent le film et le rende aussi drôle que charmant. DieuMerci, convenue et prévisible dans son déroulement, mais drôle et sincère dans le message véhiculé.