La moralite du personnage

Par William Potillion @scenarmag

Pour dessiner un personnage avec justesse, il est important de comprendre son code moral.
La gamme des codes moraux c’est-à-dire comment être au monde (dans la société, du moins) s’étend de Mère Térésa à Adolph Hitler comme le remarque Jessica Page Morell.
De manière similaire, les personnages de nos fictions doivent adopter aussi leur propre code moral. Ils ont besoin d’un certain niveau d’intégrité, de décence et d’honnêteté.
La moralité ou l’immoralité d’un personnage (même un héros peut se comporter immoralement selon les situations) est une décision de l’auteur qui façonnera son histoire.

Le code moral qui est une façon d’être en société peut être de ne jamais mentir, tricher, voler. Ou bien, cela peut être de tordre les règles de temps en temps mais sans jamais aller contre la loi.
Ce peut être aussi de ne pas heurter les sentiments d’autrui, de ne jamais blesser personne. La sobriété ou ne pas être intrusif sont aussi des éléments d’un code moral.

Ce code moral n’est pas inné. Il est acquis de différentes sources : famille, religion, éducation… Chacun (dans la vie réelle ou la fiction) est influencé dans son enfance ou à n’importe quelle époque de sa vie. Ces influences sont ce qui crée en nous un code moral que nous respectons même si parfois, nous devons nous comporter de manière immorale pour préserver autrui d’une blessure éventuelle comme par exemple de mentir à une amie sur la robe qu’elle vient d’acheter et qui la rend plus ridicule qu’autre chose.

Il est donc important de comprendre jusqu’où peut aller l’un de vos personnages pour obtenir ce qu’il veut et de connaître comment s’est formé son code moral.
Si vous savez que votre personnage est un être équitable ou vindicatif, honnête ou trompeur, un honnête citoyen ou un criminel, ces différences dans leur code moral impactera les possibilités de déploiement de votre histoire.

Vous devriez toujours avoir votre lecteur à l’esprit. En effet, l’histoire lui est avant tout destinée. Et l’histoire, à vrai dire, permet à votre lecteur de comprendre ce qu’est une moralité particulière et ses conséquences.
La plupart des pièces de Shakespeare abordent des problèmes moraux, par exemple.

L’art de conter se base essentiellement sur des personnages devant prendre des décisions morales. Ces décisions morales et les actions qui les accompagnent parlent au cœur du lecteur. C’est pour cela que vous devriez prêter une attention particulière à la moralité de vos personnages et aux décisions qu’ils doivent prendre afin que leurs significations atteignent le lecteur et le maintiennent engagé dans l’histoire.

La moralité d’un personnage se juge lorsqu’elle se confronte aux codes moraux des autres personnages. Afin de vous aider à la définir, il peut être bon d’imaginer votre personnage dans ses moments intimes interagissant avec des personnages qui lui sont proches. Cette intimité permet de lever certains tabous sociaux et d’atténuer l’effet du masque social de votre personnage.

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Les moments les plus intimes sont lorsque nous sommes seuls, loin du regard d’autrui. Lorsque votre personnage a des scènes où il est seul, posez-vous ces quelques questions :

  • Est-ce que ces routines de vie (repas, hobby, repos…) sont normales ? C’est-à-dire se comporte-t-il à peu près comme tout le monde dans ses moments intimes ? Par exemple, s’il a une vie de famille et que sa famille a dû se rendre chez un lointain cousin et que votre personnage pour une raison ou une autre a dû rester seul à la maison, comment prépare-t-il ses repas ? Comment vit-il cette solitude soudaine ?
  • Dans les moments et comportements privés, est-ce que le lecteur découvre une information à voir déambuler votre personnage ? C’est peut-être le moment de révéler une faiblesse de caractère chez votre personnage. Par exemple, vous pourriez mettre en avant une addiction au jeu en lui permettant de s’attabler à son ordinateur et de jouer en ligne dans les moments où il est seul.
  • Est-ce que votre personnage a un comportement compulsif ? Est-ce que cela remonte à son enfance ou à un trauma ?
  • Est-ce que votre personnage cache un terrible secret ? Cela peut jouer sur son comportement lorsqu’il est seul. Par exemple, seul, il pourrait fixer étrangement un portrait, un comportement réprimé lorsqu’il est accompagné.

Vous pourriez révéler le code moral de votre personnage lorsqu’il est en présence d’enfants, lorsqu’il parle avec un proche… l’idée est de lui permettre de délivrer son cœur comme s’il était au confessionnal.
Pour Jessica Page Morell, il est important de bien déterminer comment votre personnage agira ou réagira en présence de personnages vulnérables (du moins, plus vulnérables que lui). Sera-t-il protecteur ? ou au contraire fermera-t-il les yeux devant leur détresse ou pire ?

Les moments intimes et privés d’un personnage sont un excellent moyen de révéler des informations sur sa personnalité. Le lecteur reconnaîtra ces traits de caractère. Il les abominera ou les admirera voire même les admirera secrètement mais il les identifiera. Sachant jusqu’où peut aller un personnage (même s’il agit parfois contre son code moral), gardez à l’esprit que vous pouvez les faire agir de manière crédible certes, mais dans une fiction, vous avez la possibilité de les faire agir d’une manière que le lecteur ne serait pas autoriser à agir dans la vie réelle.