Le sens de l’ethique

Par William Potillion @scenarmag

Ciné7 (Patrice) a soulevé un point important au cours de son commentaire à la suite de notre article sur la moralité du personnage.
Nous avons décidé de dédier une rubrique entière à l’éthique de nos personnages car nous sommes persuadés que le code moral est un moyen pratique et responsable lors de la construction de personnages.
Comment expliquer la fascination que nous éprouvons envers les méchants dépeints dans les histoires ? (Nous tenons à distinguer entre la fiction et la réalité). De quoi est composée cette force qui nous pousse à les admirer ?

Une réponse possible (et qui peut être critiquée) est en rapport avec notre libre-arbitre dans le sens où cette liberté d’agir et de penser nous autoriserait à faire ce que nous voulons, quand nous le voulons et avec ou contre qui nous le voulons.

Nous nous identifions donc dans les histoires aux personnages qui sont concernés d’abord et avant tout par la satisfaction de leurs propres désirs sans regard aux conséquences qui en découlent.
Ce qui signifie que par un personnage interposé, nous mettons à mal notre propre sens de l’éthique en nous débarrassant des contraintes morales que nous suivons dans notre vie quotidienne.

Si nous considérons Michael Corleone (Le Parrain), Tony Montana (Scarface) ou Tony Soprano (Les Soprano), on ne peut que constater qu’ils jouissent d’une sorte de liberté dont nous ne pouvons que rêver.
Mais si l’on considère aussi ce qui leur arrive au cours de leurs histoires respectives, on est bien obligé de constater que leurs styles de vie les a menés vers une destinée pas très enviable. Il y a un prix à payer et le sens de l’éthique reprend ses droits.

Quelqu’ait été leur excitation au cours de leur montée en puissance, cela a abouti à de la peur, l’isolement et le meurtre. Superficiellement, ces histoires semblent valoriser la vie de ganster mais si l’on prend en compte l’arc dramatique de ces personnages, il semble alors évident que les histoires qui les illustrent sont des fables morales qui préviennent des dangers d’une vie immorale.

Le message n’est donc pas un encouragement à suivre la voie de ces personnages immoraux mais juste le contraire : en suivant vos propres besoins et désirs et que vous soyez prêts à tout faire pour les satisfaire, le prix à payer sera conséquent et vous ne pourrez pas défaire les torts causés par vos choix.

Malgré notre fascination pour ce type de personnages, nous ne pouvons raisonnablement envier leur style de vie car ce serait une méconnaissance de troubles d’adaptation ou comportementaux. Et nous aurions besoin d’une sérieuse réadaptation relationnelle et sociale.