[Ciné-débat] Vendredi 11 mars au CinéMourguet « Les Suffragettes »

Par Journal Cinéphile Lyonnais @journalcinephil

Ciné Mourguet, 15 rue Deshay (en face de la Mairie),  69110 SAINTE FOY-LÈS-LYON
Accès (10 minutes depuis Perrache) : C19 – arrêt Ste Foy Mairie / 49 et 90 – arrêt Ste Foy Châtelain / 17 – arrêt Ste Foy Centre
Parkings à proximité : MéridienToutes les informations pratiques sur www.cinemourguet.com

 Les Suffragettes
Un film de Sarah Gavron
Avec : Carey Mulligan, Brendan Gleeson, Helena Bonham Carter,
Anne Marie Duff, Ben Wishax, Meryl Streep
Royaume Uni, 2015, 116 mn

Synopsis

En Angleterre, au début du XXe siècle, Maud, une jeune femme élégante, mariée et mère de famille décide de s’engager auprès du groupe de militantes féministes britanniques appelé « Les suffragettes », un mouvement radical qui lutte pour obtenir le droit de vote des femmes au Royaume-Uni. Face aux réactions agressives du gouvernement envers les diverses manifestations pacifiques, Les suffragettes, dirigées par la célèbre Emmeline Pankhurst, sont prêtes à recourir à la violence et à risquer leur travail, leur famille et leur vie pour porter leur message…

A propos du film

Les Suffragettes mêle l’Histoire et la fiction,  conjugue avec succès portrait intimiste et fresque historique.  

Les suffragettes aborde de front le sacrifice de ces femmes activistes du début du 20ème siècle, qui doivent affronter leur mise au banc d’une société conservatrice. Incomprises, elles font face au harcèlement policier,  aux menaces du ministère de l’intérieur,  aux regards blessants des voisins et des collègues. Le scénario insiste sur la dimension sociale de ce combat, dirigé par des femmes de la grande bourgeoisie, mais mobilisant à sa base des ouvrières, sur-exploitées, subissant la loi des hommes en plus de la loi du marché.

Maud (Carey Mulligan)

L’angle intimiste du film permet de comprendre la brutalité que représente l’engagement d’une femme aux côtés des suffragettes. L’incompréhension du mari, le risque de perdre son enfant, la précarisation absolue de sa situation.  Dans le Londres de 1912, le film de Sarah Gavron (rendez-vous à Brick-Lane)  retrace l’histoire de Maud, ouvrière dans une blanchisserie, mariée, maman d’un petit garçon, une femme à la vie difficile. Prise un peu par hasard dans le mouvement, Maud va découvrir plus qu’un combat légitime, une véritable communauté humaine et hétéroclite de femmes en lutte. Des femmes soumises rêvant de liberté, des femmes libres rêvant de justice pour toutes, des femmes modernes rêvant de progrès social. Maud va devenir militante, s’engager dans la lutte et tout risquer : son travail, sa maison, son enfant et même sa vie. Son engagement à plaider la cause des femmes va produire chez elle une profonde métamorphose. Elle va dire non à son patron violent, non à l’injustice et au silence et elle va plonger dans la clandestinité. le rôle de Maud est interprété tout en sensibilité et en énergie par la formidable Carey Mulligan.

Emmeline Pankhurst (Meryl Streep)

Le film décrit aussi le mouvement des « Suffragettes » comme l’alliance inespérée des classes. Les ouvrières succombent au discours d’une bourgeoisie aux commandes, avec la personnalité charismatique de l’une des leaders du mouvement féministe anglais Emmeline Pankhurst. Celle-ci est jouée par Meryl Streep, qui ne fait que quelques apparitions de balcon, à l’image de son personnage traqué et contraint à manœuvrer dans les coulisses. La classe moyenne éduquée, au sein de laquelle les femmes veulent travailler est représentée dans le film par le personnage de la pharmacienne Edith Ellyn (Helena Bonham Carter).

Edith Ellyn (Helena Bonham Carter)

Au travers d’une mise en scène sobre, bien articulée, des acteurs formidables, Les suffragettes ne nous éclaire pas sur les éléments politiques et historiques qui ont permis d’aboutir à l’accord du droit de vote aux femmes anglaises, en 1918. Mais il nous apprend beaucoup sur la naissance d’un mouvement féministe radical.

© Pathé Distribution

Au-delà du combat pour le droit de vote, c’est la condition féminine, sujet intemporel et universel, qui est au coeur du sujet. Le film est aussi une immersion dans le quotidien des femmes de la classe ouvrière de cette époque. Une vie où l’âge minimum légal du mariage est de 12 ans, où la femme n’a aucun droit sur ses enfants ou sur ses biens.

La fin du film rappelle de bien belle manière que le combat des femmes n’est pas terminé. En effet, pendant le générique du film, défilent les dates d’octroi du droit de vote aux femmes dans différents pays du monde: Finlande en 1906, Angleterre en 1918,  France en 1944, Suisse en 1971, Arabie saoudite en 2015 …

Légèrement mélo, émouvant, Les suffragettes immerge le spectateur dans l’une des plus importantes batailles livrées par les femmes, la conquête du droit de vote.

Après la découverte du film, deux phrases restent gravées dans les esprits :
Si vous voulez que nous respections les lois, les lois doivent être respectables” et
Les lois sont faites par les hommes pour des hommes, laissez aux femmes le droit de faire leurs propres lois”.

Les Suffragettes au Royaume Unis – Les différents mouvements 

Dans le film celles que l’on appelle les Suffragettes sont les militantes de la Women’s Social and Political Union (WSPU) , une organisation créée en 1903 sous la houlette de Emmeline Pankhurst (jouée par Meryl Streep).  Le mouvement fondateur de cette organisation a lieu en 1905. Une des filles Pankhurst, Christabel, fait irruption dans une réunion politique du Parti libéral, en pleine campagne électorale et pose la question du vote des femmes. N’obtenant aucune réponse, elle répète encore et encore la même question. Elle finit par se faire exclure par le service d’ordre et commence alors un meeting dans la rue. La police l’arrête pour trouble à l’ordre public, Christabel crache au visage du policier. Arrêtée pour outrage à un agent de la force publique, elle est emmenée au commissariat local ; refusant de payer la caution, elle est emprisonnée. La confrontation avec la police et les autorités publiques  n’est désormais plus un tabou. Puisque les lois sont faites sans les femmes, elles n’ont pas de raison d’obéir. Ensuite, elles se sont battues  jusqu’à recourir à la violence, pour obtenir le droit de vote. « Deeds not words ! » (« Des actes, pas des mots ») était leur slogan. Le film Les Suffragettes relate certains actes de violences effectués par ce mouvement comme la jeune suffragette, qui se jette sous le cheval du roi George V au derby d’Epsom, et donne au mouvement sa martyre. Ses funérailles donneront lieu au plus grand rassemblement féministe jamais vu à Londres. e regroupement politique a été considéré par le Pouvoir et les autorités comme un groupe d’anarchistes.

La WSPU n’est pas le seul mouvement luttant pour le vote des femmes au Royaume Uni.  A partir de 1860, de multiples associations voient le jour en Angleterre, en Écosse et en Irlande dans la décennie 1860 si bien qu’en 1912, la fédération suffragiste a énormément d’adhérents. Certains sont employés pour faire des discours partout dans le pays. La National Union of Women’s Suffrage Societies (NUWSS), puissante organisation légaliste fondée en 1897, utilise des méthodes politiques similaires aux partis politiques existants : lettres aux parlementaires et meetings. La présidente de la NUWSS, Millicent Garrett Fawcett est l’une des premières femmes à s’exprimer en public, en 1872. Habituellement, les militantes suffragistes écrivaient des textes lus par des hommes à la tribune, une femme respectable ne s’exprimait pas publiquement.

Photo d’archive