Genre : horreur, gore, trash (interdit aux - 18 ans)
Année : 2004
Durée : 47 minutes
L'histoire : Deanna, une jeune et jolie infirmière, subit un viol brutal alors qu'elle se rend à son travail. Le lendemain, son agresseur tente de récidiver mais, cette fois-ci, la jeune femme réussit à le maîtriser. Au lieu de prévenir la police, elle choisit de séquestrer l'homme et de se venger à sa manière. La victime devient alors le tortionnaire. Et lorsqu'elle surprend à nouveau son boy friend en train de faire l'amour avec sa meilleure amie, Deanna, prise d'une folie sanguinaire, décide de régler ses comptes à sa manière...
La critique :
En 2008, Ryan Nicholson se fait connaître avec Gutterballs, un curieux métrage à la croisée de l'horreur "grand public" et du trash underground. Film qui se démarquait de la concurrence par son concept (un huis clos dans un bowling) et sa mise en scène très typée années 1980. Bien que le film soit loin d'être un chef d'oeuvre, il mélange avec une certaine réussite le slasher et une atmosphère de perversion sexuelle très crue. Il peut aussi se targuer de posséder, sans nul doute, les dialogues les plus orduriers de l'histoire du cinéma ! Par la suite, Nicholson réalisera plusieurs films, toujours dans la même veine gore et outrancière, mais il ne connaîtra plus qu'un succès d'estime.
Torched, qui nous intéresse aujourd'hui, marque les tous débuts du réalisateur. En effet, c'est avec ce moyen métrage que le réalisateur américain fourbit ses premières armes dans le cinéma d'horreur. Et déjà, il annonçait la couleur avec un style ultra violent, des situations scabreuses et un propos jusqu'au-boutiste qui s'asseyait délibéremment sur le politiquement correct.
Inutile de retracer l'historique du "rape and revenge", genre désormais bien connu de tous les cinéphiles. En matière de violence, vous pouvez oublier les références de la catégorie. La dernière maison sur la gauche et Day of the Woman, car Torched envoie sans problème ces deux vieux classiques au rayon des antiquités. En matière de qualité, c'est tout autre chose car Ryan Nicholson n'a pas le talent (loin s'en faut) d'un Wes Craven ou d'un Meir Zarchi. Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'agressivité et la provocation ne remplaceront jamais un bon scénario.
Quant au manque de moyens financiers, il ne peut servir d'excuses à de flagrantes lacunes de mise en scène. En 1972, Wes Craven ne disposait lui aussi que d'un budget minuscule lorsqu'il tourna La dernière maison sur la gauche. Pourtant, plus de quarante ans plus tard, son film est toujours unanimement considéré comme le sommet du genre. Il serait donc étonnant que l'on se souvienne de Torched pendant aussi longtemps...
Attention, SPOILERS ! Deanna est une jeune et jolie jeune femme, infirmière de nuit dans un hôpital. Alors qu'elle se rend à son travail, elle est victime d'un viol brutal dans son garage. Traumatisée, elle a cependant la présence d'esprit de prélever quelques gouttes de sperme de son violeur sur du coton tige afin de les analyser. Le lendemain, le même agresseur pénètre chez elle et tente de récidiver. Mais cette fois-ci, Deanna prend le dessus et parvient à ligoter le maniaque.
Au lieu de prévenir la police, la jeune femme choisit de séquestrer l'homme chez elle. Puis, comme si de rien n'était, elle reprend une vie normale, se rendant à son travail et commençant même une relation amoureuse avec Trevor, son nouveau voisin. Dans l'appartement de Deanna, le violeur séquestré vit un enfer car la jeune femme entend lui faire payer très chèrement ses exactions. Elle s'adonne donc à des sévices particulièrement douloureux sur son ancien bourreau, tout en prenant de plus en plus de plaisir à ces sadiques punitions. La vie de la jeune femme bascule soudainement dans l'horreur lorsqu'elle surprend sa meilleure amie, Leanne, faire l'amour avec Trevor.
Folle de jalousie et sombrant dans une crise de folie meurtrière, Deanna les massacrera au cours d'une scène de violence parxystique. Ayant définitivement perdu la raison, elle exécutera par la suite tous ceux qui auront eu la malchance de croiser sa route. Quoique Torched ne puisse être décemment classé parmi les oeuvres extrêmes, on ne peut nier que le film envoie du lourd dans les passages gore, tous plus gratinés les uns que les autres. Et honnêtement, le métrage ne se laisse regarder que pour cela car pour le reste... Au programme donc, nous aurons droit à des brûlures au décapeur thermique, à une décapitation à la scie circulaire, à un défoncement de crâne toujours à l'aide de cet instrument, ou encore à un perforage oculaire à l'allume cigare. Quant au clou du spectacle, il arrivera avec la castration du violeur quavant tout chose, notre héroïne aura pris soin de torturer méthodiquement en lui plantant des aiguilles dans le gland du pénis avant de lui carboniser les parties génitales au chalumeau.
Ouille ! Décapeur, scie, chalumeau, ce film aurait pu être sponsorisé par Monsieur Bricolage ! Plaisanterie mise à sport, Ryan Nicholson et son équipe ont effectué un travail remarquable sur les effets spéciaux.
Et heureusement, car c'est le seul bon point de ce métrage parfaitement oubliable. Sur le plan purement cinématographique, Torched n'est en effet pas loin de frôler le zéro pointé. Evidemment, c'est un premier film mais tout de même... Au niveau du style, certaines erreurs sont impardonnables. Passe encore pour le tournage en vidéo, le cinéma underground regorge de films dans ce format, mais des maladresses techniques apparaissent totalement rédhibitoires.
Ainsi, on peut voir la main d'un technicien dans le champ de la caméra ou l'ombre de la perche-son refléter sur un mur. De plus, de nombreuses incohérences scénaristiques parsèment le film : pourquoi Deanna n'enlève-t-elle pas la cagoule de l'homme qu'elle séquestre pendant plusieurs jours ? Qu'ont donné les résultats ADN du violeur ? Quant à l'interprétation, elle ne remonte guère le niveau du film. Si l'actrice principale, Michelle Boback, s'en tire avec les honneurs, le reste de la distribution ressemble plus à un casting de sitcom et joue comme un pied.
Non, décidément, Ryan Nicholson n'a pas le talent de Wes Craven. Pour sa première, le réalisateur américain délivre un film bancal et sans imagination, qui ne restera sûrement pas dans les mémoires. Ce manque d'étincelle se confirmera par la suite, où mis à part Gutterballs, aucune autre de ses oeuvres ne sortira du lot, faisant du réalisateur un artisan de seconde zone (pour ne pas dire un tâcheron) du cinéma gore. Pour la relève d'outre Atlantique, nous ferons largement plus confiance au talentueux Dustin Mills, dont l'excellent Her Name Was Torment avait créé la sensation à sa sortie.
Bref, on passera assez vite sur cet opus horrifique dépourvu d'un quelconque intérêt, si ce n'est l'extrême réalisme de ses effets spéciaux. Largement insuffisant. Oeuvre mineure réalisée par un cinéaste mineur, Torched s'adressera en priorité à un public féru de gore et peu regardant sur la qualité artistique d'un film. Décevant.
Note : 07/20