A l'instar du merveilleux "The GrandMaster" (2013) de Wong Kar-Wai, le réalisateur taïwanais se lance dans le cinéma de genre, celui du Wu Xia Pian, du film d'arts martiaux et de sabre. Comme son prédecesseur dans ce domaine Hou Hsiao-Hsien avait surtout signé jusque là des drames plus ou moins contemporains comme "Millenium Mambo" (2001) et "Three Times" (2004) pour citer les deux films dans lesquels il avait déjà fait tourner son actrice Shu Qi, et son acteur Chang Chen pour le second seulement. Pour son projet le réalisateur s'est inspiré d'un chuanqi, nouvelle traditionnelle intitulée "Nie Yinniang" (titre original du film également), ainsi que d'un conte "L'oiseau bleu et le miroir", un conte très populaire en Chine au point que les mots chinois miroir et oiseau sont devenus synonymes...
Prix de la mise en scène au dernier Festival de Cannes 2015 le cinéaste avait conquis la Croisette, une belle promesse pour ce changement de genre. Le réalisateur a annoncé pourtant qu'il ne souhaitait pas un film dans la veine des films chinois mais il avait plutôt en tête le chef d'oeuvre japonais "Ran" (1985) de Akira Kurosawa... Malheureusement, Hou Hsiao-Hsien s'est trop focalisé sur la forme en oubliant le fond. En effet l'intrigue de base est simpliste et perd encore de son potentiel quand on comprend qu'on aura jamais le pourquoi du comment. Le personnage de la Nonne étant une énigme. Le scénario est trop complexe et/ou trop indigeste pour qu'on s'y intéresse pleinement. Au final le récit est aussi déroutant que la beauté formelle est envoûtante. Car le film surnage grâce à l'incroyable beauté plastique du film, une photographie magnifique qui emprunte au théâtre d'ombres et de fantômes mais également à la peinture. Le réalisateur offre un film contemplatif, avare d'action, une ouvre d'art où 75% des scènes offrent autant de tableaux de maitre mais qui, le plus osuvent ne servent en rien à faire avancer l'histoire. C'est magnifique mais le plus souvant ces scènes ne servent aucun enjeu. La beauté formelle du film se sert magnifiquement des paysages grandioses de la Mongolie intérieure et de la province de Hubei (ça donne envie d'y aller faire un tour !). La musique toute en économie assoie pourtant cette sensation d'envoûtement. Mais malgré une image merveilleuse il manque un récit plus clair et plus pris au sérieux. Allié forme et fond est pourtant possible, on peut le voir chez Kurosawa justement ou encore chez Zhang Yimou. Une forte déception donc pour ce film où le réalisateur semble avoir été obnubilé par la plasticité de son film, où est-ce un soucis de montage ?! Toujours est-il que ce film est digne d'un chef d'oeuvre dans sa forme mais qu'il pêche par son histoire floue et ennuyeuse. Note obtenue de justesse.
Critiques De Films
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