Room (2016) de Lenny Abrahamson

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Après avoir eu un bel accueil pour son original "Franck" (2015) avec Michael Fassbender, un film que n'aurait pas renié Michel Gondry, le réalisateur Lenny Abrahmson se lance dans cette adaptation du roman éponyme de Emma Donoghue qui signe également le scénario. Si les médias français rappelle que c'est inspiré de l'affaire Natasha Kampush (autrichienne plus proche de nous) mais en vérité l'auteure s'est surtout inspirée de deux autres affaires, celles de Elizabeth Fritzl et Jaycee Lee Dugard... "Room" est donc une histoire fictionnelle mais qui reprend certaines éléments de ces deux dernières affaires. On suit donc une jeune femme, mère d'un enfant de 5 ans issu des viols qu'elle a subit pendant sa séquestration après avoir été enlevé à l'âge de 17 ans. Cette jeune femme est interprété par Brie Larson, excellent choix quand on sait que Shailene Woodley ("Divergente") était pressentie avant que Brie Larson ne soit remarqué pour sa performance dans "States of Grâce" (2014) de Destin Cretton. L'actrice offre une joli performance qui gagne en évitant d'en faire trop, une performance qui lui permet d'être lauréate de l'Oscar 2016 de la meilleure actrice. Son fils est interprété par le jeune Jacob Tremblay, un petit jeune qu'on risque de revoir bientôt, autant pour son travail dans le film que pour son petit show lors de la cérémonie des Oscars...

Note :

Le film est séparé en deux parties bien distinctes. La première où on est immergé dans la chambre (Room) de 10m2 avec cette maman et son fils qui n'a donc jamais vu l'extérieur. Cette situation est judicieusement utilisée par le choix d'un voix Off incarnant les pensées du jeune garçon, plaçant d'emblée le film sous le conte pour enfant, conte terrible mais qui permet au film de ne pas sombrer dans la noirceur totale. Cette voix Off permet aussi au spectateur de rappeler que l'enfant reste une personnalité qui se construit malgré l'enfermement et notamment grâce à la télévision, seul fenêtre sur l'extérieur et qu'il lui faut aussi comprendre. La second partie suit l'évasion, et donc concerne le retour au monde, le retour vers l'extérieur. Tout d'un coup nous n'avons plus trois personnages (n'oublions pas le monstre joué par Sean Bridgers, "Old Nick", en référence à une vieille croyance du 17ème où le diable était nommé ainsi) mais les policiers, avocats, médecins et surtout les parents de Joy (la maman). Ces derniers sont joués par le couple Joan Allen- William H. Macy, qui se retrouve après avoir été déjà unis dans "Pleasantville" (1999) de Gary Ross (futur réalisateur de "Hunger Games" !). Le choc est rude entre entre les deux parties. La première reste assez "sage", Joy faisant tout pour que son fils s'amuse et vivent le mieux possible en le laissant dans une certaine innocence. La seconde partie fait tomber la maman dans la déprime et une reconstruction pas évidente. Cette dernière partie est la plus dure émotivement, une heure diffile où votre coeur ne peut que se serrer. Le danger est de tomber aussi dans le pathos et le tire-larme et faut avouer que le film flirte avec et joue le funambule mais ça tient la route, car jamais le scènes ne sont tirées en longueur. Bon point également sur le fait d'éviter le trop explicatif sur des évidences (pourquoi le garçon a-t-il les cheveux longs, le langage du garçon...). Dans le même temps on se doute, vu le sujet, qu'il y a des moments obligatoires. La réussite du film est aussi cette jolie fin, qui évite justement le larmoyant avec une touche d'optimisme apporté (encore !) par le personnage du fils dont l'innocence cache surtout une maturité qui impressionne. Un drame intelligemment mis en image, parfaitement interprété et d'une puissance émotionnelle qui risque de marquer les plus sensibles. Un drame déchirant mais qui évite l'écueil d'une trame trop linéaire et qui a l'intelligence de laisser le premier rôle à un enfant qui n'avait rien demandé.