De: Lynn Shelton.
Avec: Keira Knightley ( The Duchess, New- York Melody), Sam Rockwell ( Moon, The Way, way back), Chloe Grace Moretz ( Si je reste, Kick-Ass).
Synopsis: In the throes of a quarter-life crisis, Megan panics when her boyfriend proposes, then, taking an opportunity to escape for a week, hides out in the home of her new friend, 16-year-old Annika, who lives with her world-weary single dad.
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Je pourrai répéter comme bon nombre l’ont fait avant moi que le titre et l’affiche français sont une catastrophe. Je me demande encore comment on peut transformer et faire passer un film adulte pour une comédie girly alors qu’il n’en est rien. Et comme si cela ne suffisait pas, le doublage français n’est pas du tout à la hauteur faisant passer notamment le personnage d’Anthony pour un débile.
Heureusement qu’il y a la BA et le synopsis en VO pour nous faire réaliser que le film est bien plus que ça. J’attendais depuis longtemps un film qui parle des désillusions de notre génération. J’ose même dire que d’une certaine manière Megan c’est moi.
Le découragement, les emplois merdiques, la sensation de plus en être en phase avec ses amis et sa famille. Ce sentiment omniprésent et vivace de ne trouver sa place nulle part. Aucun point d’ancrage juste cette sensation de faire du sur place tandis qu’autour de soi, les autres avancent. Il y a aussi ces remarques d’apparence anodines mais qui te blessent; les conseils des uns et des autres pétris peut-être de bonnes intentions mais qui ne font finalement que creuser davantage ton mal être et le fossé entre toi et les autres. Qui font que tu es toujours plus seule, toujours un peu plus en marge.
Moi aussi, je croyais que si je faisais tout bien que si je travaillais bien eh ben le reste suivrait. J’y croyais dur comme fer sans doute parce que dans cette idée. Et puis, j’ai grandi et je ne sais pas j’ai du rater quelque chose en cours de route. En même temps de perdre mes illusions et ma naïveté, je ne savais plus où j’en étais et ce dont je voulais. Alors que certaines de mes cousines et certaines de mes camarades de lycée étaient mariées et mères avant 30 ans, moi j’étais toujours à me demander: » Qui es-tu? Que veux-tu? « .
Légitime comme question non? Je voudrai pas être comme Noah ( The affair) à faire tout à l’envers c’est-à-dire me marier et ensuite, me demander qui je suis et si c’était vraiment ce que je voulais. Et, je ne suis pas prête non plus comme Miles Roby à enterrer mon » moi profond » même si ce dernier joue à cache à cache avec moi. Alors en attendant, j’applique le très célèbre » Connais-toi toi-même ».
Vous l’aurez donc compris, je suis une laggie tout comme le personnage incarné par Keira Knightley. Entendez par là, à la traine, en retard; plus une ado mais pas tout à fait une adulte non plus. Megan cherche sa place au soleil, le moyen d’exister en dehors de son groupe de copains et copines du lycée dont elle se sent de plus en plus en décalage. La nostalgie ne fait plus effet; les désillusions, les rêves brisés sont passés par là aussi. Mais, il faudra un certain moment pour que la jeune femme comprenne qu’elle est comme un vieux serpent qui traine avec elle sa vieille peau.
Annika alors entre en jeu. Une nuit, elle demande à Megan d’acheter des bières pour elle et ses copains. Cette dernière accepte et une partie de skate plus tard, les deux se lient d’amitié et se retrouvent saoules ( du moins Megan) dans un parc à parler librement de ses doutes et des peurs à des jeunes eux-mêmes en quête de stabilité, d’identité et d’amour. Néanmoins et comme le dira la concernée elle-même à un moment du film, elle avait besoin de ne pas se sentir jugée juste écoutée et comprise.
Sans trop savoir comment, cette petite famille recomposée va se serrer les coudes. Pleurer, rire et faire les 400 coups ensemble malgré leur 14 ans d’écart. Malgré les parents qui se séparent à foison, malgré les mamans qui quittent mari et enfant, malgré le mari qui après 30 ans de mariage trouve le moyen de tromper sa femme. Plus fort que tout, ensemble. Et parfois, c’est chez un étranger qu’on se sent chez soi, à l’abri. Quelqu’un qui laisse toujours sa porte ouverte comme Craig, le père d’Annika chez qui Megan va trouver un refuge et ce qui ressemble le plus à un foyer.
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Dans ce film, Keira confirme une fois de plus son talent mais Sam Rockwell a été un énorme coup de cœur ( qui continue toujours depuis[ Je me suis instaurée un challenge SR depuis]). J’ai trouvé sa prestation remarquable, touchante et terriblement juste. C’est celui qui nous apparait le plus adulte, le plus sérieux mais néanmoins très comique ( J’adore ses interrogatoires). Pourtant, on voit peu à peu comment l’apparition puis la disparition d’un taffetas blanc a bouleversé sa vie pour le meilleur et pour le pire. Comme tout le monde, il avait un plan en tête et un certain nombre de choses à accomplir ensuite il pensait que tout coulerait de source. Mais non, « La vérité c’est qu’on est toujours seul « .
Laggies est une comédie douce-amère sous fond de désenchantement, d’humour et d’apprentissage. Le film aurait sans doute gagné davantage en profondeur si la réalisatrice avait creusé davantage les questionnements notamment professionnels de Megan. Cependant, je l’aime comme il est dans son imperfection mais surtout dans sa capacité à véhiculer des émotions communes, des problématiques et préoccupations réelles vécues par des hommes et des femmes qui nous ressemblent. Magique!