Avec Joaquin Phoenix, Emma Stone, Parker Posey ...
Sortie en France le 14 octobre 2015.
Professeur de philosophie, Abe Lucas est un homme dévasté sur le plan affectif, qui a perdu toute joie de vivre. Il a le sentiment que quoi qu'il ait entrepris - militantisme politique ou enseignement - n'a servi à rien.Peu de temps après son arrivée dans l'université d'une petite ville, Abe entame deux liaisons. D'abord, avec Rita Richards, collègue en manque de compagnie qui compte sur lui pour lui faire oublier son mariage désastreux. Ensuite, avec Jill Pollard, sa meilleure étudiante, qui devient aussi sa meilleure amie. Si Jill est amoureuse de son petit copain Roy, elle trouve irrésistibles le tempérament torturé et fantasque d'Abe, comme son passé exotique. Et tandis que les troubles psychologiques de ce dernier s'intensifient, Jill est de plus en plus fascinée par lui. Mais quand elle commence à lui témoigner ses sentiments, il la rejette. C'est alors que le hasard le plus total bouscule le destin de nos personnages dès lors qu'Abe et Jill surprennent la conversation d'un étranger et s'y intéressent tout particulièrement. Après avoir pris une décision cruciale, Abe est de nouveau à même de jouir pleinement de la vie. Mais ce choix déclenche une série d'événements qui le marqueront, lui, Jill et Rita à tout jamais.
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La chronique de MathileFaut-il se laisser tenter par l'homme irrationnel ?
D ommage que Woody Allen ait quitté cette veine créatrice romantique, optimiste mais réaliste que l'on retrouvait avec délice dans Vicky Cristina Barcelona (2008). Dans l'Homme Irrationnel, on ne retrouve qu'un amas de tristes clichés frôlant le pathos et le déjà-vu-cent-fois que Woody avait pourtant brillamment réussi à contourner jusqu'alors. C'est donc l'histoire d'un prof désabusé qui s'éprend d'une de ses élèves (c.f. Les mots pour lui dire, Marc Lawrence (2014) avec Hugh Grant dans le rôle principal). Grâce à cette étudiante et à un drôle de concours de circonstances, il retrouve goût à la vie. Le cliché quoi.Joaquin Phoenix a toujours eu un charme certain, un charisme même. Mais en enseignant de philo ventripotent qui méprise la vie et se complait dans sa misère affective, il est carrément répugnant. Comment Jill Pollard, son étudiante la plus brillante, peut elle s'éprendre de lui ? On aimerait pouvoir dire qu'elle l'admire pour son érudition, or il ne croit même pas aux principes philosophiques qu'il cite à tout va, qui régissent pourtant l'existence humaine, et dont il ne tire satisfaction que grâce à la fameuse sentence sartrienne : " l'enfer, c'est les autres ".
Emma Stone, en potiche dévergondée aveuglée et naïve, transpire de bons sentiments corroborés par sa navrante tendance aux répliques-bateau. Exemple : " ne t'inquiète pas, c'est toi qui m'envoûtes ", lorsque son copain affirme être inquiet qu'elle soit justement si envoûtée par son nouveau prof de philo.
Une petite rengaine jazzy vient régulièrement ponctuer les scènes où un twist s'opère. Or, ce n'est qu'une maigre tentative pour rompre la prosodie à laquelle on s'attendrait lorsqu'Abe, incarné par Phoenix, décide de mettre à exécution une idée qui changera sa vie. Epic fail. Allen aurait mieux fait d'accoler à l'ambiance une atmosphère musicale assortie, comme en témoignent les morceaux de Paco de Lucia et autres artistes hispaniques parsemant Vicky Cristina Barcelona.
Et puis, pourquoi Allen s'acharne-t-il à alourdir toutes les réflexions existentielles qui traversent ses films par des personnages caricaturaux au possible et entièrement dénués de charisme, d'intérêt même ? Jill Pollard et Abe Lucas forment un couple probable, certes, mais ils se soucient si peu d'être aperçus ensemble sur le campus... Ca, c'est improbable. Et que Diable lui trouve-t-elle de si attirant ? Hugh Grant était lui-même très charismatique dans un rôle semblable qu'il a su camper avec bien plus de personnalité que celui endossé par Phoenix, reflétant un " cinéma de la paresse " que sert ici volontiers Woody Allen.
Une déception de plus dans la filmographie d'un génie qui, comme beaucoup, fatigue avec l'âge. Aucun intérêt, donc, dans cette œuvre qui se veut intelligente sous ses airs de film potache et ses faux-semblants. Mais le morne intérêt qu'on y porte ne donne même pas le courage de s'attarder sur les questionnements existentiels pléthoriques dont nous assomme Allen avec chaque fois la même rengaine. Passez votre chemin.