Genre : horreur, action (interdit aux - 12 ans)
Année : 1999
Durée : 1h44
L'histoire : Sur une ancienne base de ravitaillement de sous-marins perdue au milieu de l'océan, une équipe de biologistes se livre à des manipulations génétiques sur le cerveau des requins dans le but de trouver un remède contre la maladie d'Alzheimer. L'expérience tourne mal, les requins sont différents, leurs capacités ont évolué… Ils vont alors se déchaîner et attaquent la plate-forme, fragilisée par une tempête dans le même temps. La terreur règne dans le bâtiment, et les biologistes doivent trouver la sortie dans ce labyrinthe avant qu'il ne soit trop tard !
La critique :
Toujours la même antienne. Est-il encore nécessaire de s'appesantir sur les films "de" requin ? Tout commence en 1975 avec Les Dents de la Mer. Le film de Steven Spielberg marque plusieurs générations de cinéastes. Toujours imité mais jamais égalé. Le long-métrage sera suivi par trois nouveaux chapitres et de nombreux succédanés. A tel point que le requin envahit littéralement nos écrans.
Très vite, le sujet s'épuise. Paradoxalement, le public répond toujours présent, surtout par l'intermédiaire de la vidéo. Pourtant, en 1999, deux nouveaux films avec des squales relancent les inimitiés : il s'agit de Shark Attack (Bob Misiorowski) et de Peur Bleue, connu aussi sous le nom de Deep Blue Sea (c'est le titre original). L'air de rien, ces deux productions vont signer l'avènement du requin sous un nouvel angle.
Cette fois-ci, il n'est plus question de voir le poisson aux incroyables rotondités comme le symbole d'un capitalisme lucratif et mercantile, mais plutôt sous le jour de la parodie ou du gros nanar avarié. Par la suite, le requin se transfigurera en pachyderme préhistorique affrontant toute une pléthore de monstruosités provenant de l'ère "Jurassique". Les firmes Nu Image et Asylum exploiteront le filon à satiété avec des titres particulièrement pittoresques : Super Shark, Mega Shark vs. Giant Octopus, Sharknado, L'attaque du requin à deux têtes, ou encore Avalanche Sharks, pour ne citer que ces exemples.
Evidemment, Peur Bleue a largement participé à cette vague déferlante de séries B azimutées. Le film est réalisé par Renny Harlin. Le cinéaste est loin d'être un novice derrière la caméra.
On lui doit plusieurs films à succès : Cliffhanger : traque au sommet, Le Cauchemar de Freddy et surtout 58 minutes pour vivre. La distribution de Peur Bleue réunit Thomas Jane, Samuel L. Jackson, Saffron Burrows, LL Cool J, Jacqueline McKenzie, Michael Rapaport, Stellan Skarsgard et Aida Turturro. A noter la courte apparition de Renny Harlin en tant qu'employé quittant la plateforme au début du film. En l'occurrence, le scénario est de facture classique et laconique.
Attention, SPOILERS ! Sur une ancienne base de ravitaillement de sous-marins perdue au milieu de l'océan, une équipe de biologistes se livre à des manipulations génétiques sur le cerveau des requins dans le but de trouver un remède contre la maladie d'Alzheimer.
L'expérience tourne mal, les requins sont différents, leurs capacités ont évolué… Ils vont alors se déchaîner et attaquent la plate-forme, fragilisée par une tempête dans le même temps. La terreur règne dans le bâtiment, et les biologistes doivent trouver la sortie dans ce labyrinthe avant qu'il ne soit trop tard ! Autant le dire tout de suite : le scénario de Peur Bleue brille surtout par sa vacuité, son idiotie et son inanité. Inutile ici de rechercher la moindre intelligence dans un script condamné à l'opprobre et aux gémonies. Déjà cette histoire de requins "intellos", capables de se mouvoir dans tous les sens (même en marche arrière), a le mérite de provoquer quelques rictus imbéciles.
Oui mais voilà, toutes ces expérimentations ont pour but de guérir de la maladie d'Alzheimer. On croit rêver !
Heureusement, Renny Harlin élude promptement ce scénario amphigourique au profit d'un film d'action et d'horreur étrangement fun, licencieux et égrillard. Tout d'abord, il y a ce casting de bras cassés avec un Thomas Jane aussi musculeux que transparent (c'est dire à quel point il l'est... Transparent !), un LL Cool J qui en fait des tonnes dans le rôle du black sympa qui claironne des rodomontades à chaque apparition... Sans compter Saffron Burrows qui joue les scientifiques infatués, hélas peu (jamais) crédible dans son rôle. A cette distribution peu éloquente, viennent s'ajouter des effets spéciaux d'une rare laideur avec ces requins en images de synthèse.
Par exemple, la mort de Samuel L. Jackson, lui aussi en mode cabotinage, est à se pisser dessus !
Pourtant, malgré ces nombreux défauts, Peur Bleue possède un charme indicible. Un oxymore. Au moins, force est de constater que l'on ne s'ennuie jamais. Contrairement à la majorité des films de requin, Peur Bleue rentre rapidement dans le vif du sujet et va directement à l'essentiel. Ici, point de conversations oiseuses et sybillines. Point de présentation (ou alors très rapide) des divers protagonistes, tous destinés à servir de menu fretin à des squales à l'appétit aiguisé.
Point de psychologie sur notre équipe de bras cassés, à peine émoustillés par l'arrivée, puis par l'invasion de requins gigantesques au beau milieu de l'océan. Thomas Jane interprète le héros intrépide et impavide, capable d'échapper miraculeusement au courroux des requins affamés. Clairement, Renny Harlin ne nous épargne rien : des squales espiègles, des personnages tous plus stupides les uns que les autres, tout une série de conflagrations et des squales qui meurent de la même manière que dans les trois premiers Les Dents de la Mer (par une bombonne de gaz pour le premier, une électrocution pour le second et un explosif pour le dernier). Bref, on tient là un nanar hors norme, largement supérieur (en termes de fun et d'excentricité) à toutes ces productions faméliques de ces dernières années.
Oui je dois (honteusement) l'avouer : j'aime bien Peur Bleue... Un vrai plaisir coupable en fin de compte.
Côte : Nanar
Alice In Oliver