" Lorsqu'on est veuf depuis peu, il est difficile de s'habituer à sa nouvelle vie... C'est le cas d'Hubert Jacquin, qui passe le plus clair de son temps dans son immense appartement à déprimer devant sa télé. Un beau jour, suite à un quiproquo, sa vie va être bouleversée. Manuela, une jeune et pétillante baroudeuse à la recherche d'un logement s'invite chez lui ! D'abord réticent, Hubert va vite s'habituer à la présence de cette tempête d'énergie, qui parvient même à le convaincre de loger deux autres personnes. Entre les errements de Paul-Gérard que sa femme a quitté et les gardes à l'hôpital de Marion la jeune infirmière un peu coincée, la vie en colocation va réserver à Hubert de nombreuses surprises... "
Le public le plus retissant aux comédies françaises pourrait avoir des plaques d'eczéma à l'annonce d'Adopte un Veuf. Avec un titre un peu kitch, trop flagrant et trop tape-à-l'œil, on s'attend à découvrir une nouvelle catastrophe dans nos salles obscures. Pourtant, pour notre plus grand plaisir et à notre grand étonnement, ce nouveau film de François Desagnat est une petite pépite. A son niveau, donc celui de la comédie français (ahem), Adopte un Veuf est très bon !
Le réalisateur avait déjà tourné quelques films qui, sans aucun doute, auront tranchés les spectateurs en deux. D'un côté les " Mais comment peut-on faire de pareilles m**** ? " et de l'autre côté les " Ces films là, ils sont cuuultes ! ". Pour faire court, François Desagnat avait réalisé avec le duo Michael Youn / Vincent Desagnat et les 11 Commandements avec le duo ... Michael Youn, Vincent Desagnat ! Les excès de ces films très lourds, avec l'abus d'humour en dessous de la ceinture et des vannes retranchées dans leur ultime limite, étaient complètement assumés. Cela en faisait leur marque, leur force, et ils avaient trouvé un public complaisant. Mais on pouvait comprendre que les spectateurs soient mitigés sur les réalisations de François Desagnat.
Mais cette année, il revient au cinéma beaucoup plus mature, beaucoup plus calme et surtout, beaucoup plus délicat, avec la sortie d'Adopte un Veuf.
Simple, et alors ? !
Le scénario est très bon en tous points. A partir de là, nous pouvons vous assurer de la qualité du film. En effet, dans cette réalisation, tout est soigné, tout est propre, tout est épuré, et ça marche. Le scénario est extrêmement bien construit. Sa simplicité est très efficace. Sans être léger, Adopte un Veuf va droit au but. Certes, il n'aborde pas des thèmes vraiment très originaux. Parmi eux, on trouve principalement celui des joies et aléas de la colocation et celui d'un nouveau départ dans une vie morose. Relativement banal nous diriez-vous. Pourtant, les scènes se succèdent, et on ne s'ennuie pas une seconde. Cela se justifie très simplement : le film est absolument naturel. On se reconnait, on s'identifie aux personnages et on se remémore des souvenirs à travers l'histoire de ces personnages. En plus de cela, les décors sont parfaits. On passe une majeure partie du temps dans un grand appartement chaleureux et accueillant. De quoi avoir envie d'y flâner le dimanche. Tout bonnement, on a l'impression de voir ses propres colocs, sa propre famille à travers une mise en scène très bien élaborée et en parfaite concordance avec la simplicité du scénario. Le tout est très divertissant.
Superbe coloc
Il faut dire qu'un joli casting se dresse devant nous. A l'instar du réalisateur, les choix d'acteurs sont plus raisonnables et mûrs qu'auparavant. On retrouve cette fois Bérengère Krief, André Dussollier, Arnaud Ducret et Julia Piaton. Lequel est le mieux ? Difficile à dire. Leurs personnages se veulent tous être très différents les uns des autres. Quant aux prestations des acteurs, elles sont formidables. Pas de quoi prétendre à un César pour ce film, évidemment. Mais chaque interprète semble content de tourner dans Adopte un Veuf, et chacun d'eux rentre en parfaite cohésion avec son personnage au point qu'on n'arrive pas à imaginer un autre acteur à leur place. Ce quatuor forme une harmonie parfaite, et difficile à retranscrire sans faute au cinéma. Pourtant, François Desagnat a relevé le défi, et il y est arrivé. Comme des frères et sœurs, ils se chamaillent, ils rigolent, ils s'aiment et se détestent en même temps. Bon, quand même, mention spéciale à Bérengère Krief, plus pétillante et fraîche que jamais. Elle nous fait sourire tout du long. Spontanée et extrêmement attachante, elle est le véritable rayon de soleil d' Adopte un Veuf. Ceci dit, comme elle, tous les rôles ont une particularité, et tous les rôles ont ce côté attachant.
De plus, les dialogues sont cash, expéditifs, et très bien travaillés. L'humour est fin. Pour une comédie française, ça fait du bien. Ça change. Pas de comique de répétition lourdingue, pas de vannes crasseuses. Ici, les blagues sont subtiles. Elles tiennent le rythme. On rigole du début à la fin du film, avec une intensité variable, dosée et maîtrisé par ce scénario si bien travaillé. Mais au-delà des dialogues, les silences sont eux aussi d'une importance capitale. En effet, le personnage du fameux veuf, joué par le très bon André Dussollier est avant tout un vieil homme solitaire. Très peperre, il veut mener une vie calme. Ses expressions de visage, ses non-paroles, et son air agacé quand on lui parle veulent en dire beaucoup. Tout cela va être cassé par l'arrivée de Bérengère Krief. S'installe alors un jeu de scène digne d'une pièce de théâtre où, à travers l'utilisation des mots, les caractères des deux personnages sont mis en opposition. Un réga l.
Adopte un veuf est rafraîchissant, touchant et il relève les niveaux des dernières comédies françaises de ces derniers temps. Loin du chef d'œuvre, il nous fait tout de même passer un très bon moment.