La Guerre des Mondes - 1953 (Mars Attacks !)

Par Olivier Walmacq

Genre : science-fiction
Année : 1953
Durée : 1h25

L'histoire : Après avoir enquêté sur le crash de plusieurs météorites, le docteur Forrester est persuadé que le phénomène n'est pas naturel. Sa théorie se confirme lorsque des extraterrestres envahissent la Terre et plongent la population dans le chaos. Pour empêcher l'invasion, le gouvernement prépare une attaque nucléaire

La critique :

Au moment de la publication du roman La Guerre des Mondes, l'écrivain, H.G. Wells, décrit l'invasion d'extraterrestres belliqueux comme le reflet de l'angoisse de l'époque Victorienne et de l'impérialisme. Mais depuis la fin du XIXe siècle, le monde a connu de nombreuses mutations : deux guerres mondiales, l'extermination de six millions de Juifs dans les camps de la mort, l'avènement puis la fin du IIIe Reich. Le monde à la fois moderne et contemporain vit dans une époque troublée.
Dès la fin de la Seconde Guerre Mondiale, la Russie et les Etats-Unis se lancent dans une course terrible à l'armement nucléaire. Bienvenue dans l'ère de la radioactivité et donc d'une éventuelle Troisième Guerre Mondiale ! Au début des années 1950, plusieurs films de science-fiction s'inquiètent de ce contexte de Guerre Froide et de belligérance.

Le Jour où la Terre s'Arrêta (Robert Wise, 1951) est le premier à se soucier d'une humanité en plein marasme et condamnée à s'annihiler. Le long-métrage est bientôt suivi par de nombreux classiques : La Chose d'un autre Monde (Christian Nyby, 1951), Les envahisseurs de la planète Rouge (William Cameron Menzies, 1953), Des Monstres Attaquent la Ville (Gordon Douglas, 1954), Les soucoupes volantes attaquent (Fred F. Sears, 1956) ou encore L'homme qui rétrécit (Jack Arnold, 1957). Vient également s'ajouter La Guerre des Mondes, réalisé par Byron Haskins en 1953.
Le long-métrage s'inscrit dans cette paranoïa ambiante sur fond d'invasion martienne. A juste titre, La Guerre des Mondes version 1953 appartient aux grands classiques de la science-fiction.

En 2005, le film connaîtra un remake homonyme, cette fois-ci réalisé par les soins de Steven Spielberg. A l'époque le long-métrage de Byron Haskins impressionne par ses effets spéciaux et ses qualités techniques. L'air de rien, La Guerre des Mondes contient tous les ingrédients de l'invasion martienne (ou alien) au cinéma : l'arrivée d'extraterrestres aux intentions bellicistes, des météores qui se transmuent par la suite en vaisseaux de guerre, une résistance humaine qui s'organise, une situation qui semble condamnée à l'impasse, puis la défaite des petits hommes verts.
A la fin, ce sont toujours les hommes qui triomphent. A la seule différence que la victoire ne revient pas aux hommes, mais à un élément pour le moins inattendu... d'une taille infinétésimale, rappelant à l'Humanité qu'elle doit son existence à la cosmogenèse, au fondement même de l'univers, donc à cet atome qui a créé la bactérie, puis la vie.

Vous l'avez donc compris. La Guerre des Mondes n'est pas seulement un film d'extraterrestres au sens classique du terme. La distribution du long-métrage réunit Gene Barry, Ann Robinson, Les Tremayne, Robert O. Cornthwaite, Sandro Giglio, Ann Codee et Lewis Martin. La Guerre des Mondes est également produit par George Pal. Ravi du résultat final, celui-ci adaptera un autre roman de H.G. Wells en 1960 avec La Machine à explorer le Temps. Attention, SPOILERS !
L'astronome Clayton Forrester est en vacances dans la petite ville de Linda Rosa en Californie. Une nuit, une météorite tombe à proximité de la localité. Le bolide se disloque et dégage une soucoupe volante qui prend son vol et, à l'aide d'un puissant rayon, anéantit tout sur son passage. Bientôt, Linda Rosa ressemble à un site archéologique tandis que des milliers d'engins rejoignent la soucoupe solitaire.

Les Martiens commencent la conquête de la planète. Clayton Forrester arrivera-t-il à stopper l'invasion ? Dès son introduction, le film adopte un point de vue scientifique. Mars, un astre en déliquescence, qui connaît ses dernières heures. Sur quelle planète, les aliens peuvent-ils lancer leurs désirs de conquête ? Evidemment, le propos (pour le moins ingénu) a le mérite de provoquer quelques rictus imbéciles avec Jupiter, dont la surface serait jonchée de volcans en fusion...
Mais peu importe, à l'époque, les connaissances en astronomie ne sont pas encore si pointues ni vétilleuses. Que les choses soient claires : La Guerre des Mondes reste le film le plus connu de Byron Haskins. Le cinéaste ne fait pas forcément partie des plus grands érudits de la caméra. Il s'agit d'un honnête artisan du Septième Art.

En vérité, La Guerre des Mondes n'est pas forcément "le" film de science-fiction des années 1950, ni le grand classique si souvent encensé par les critiques. Dans La Guerre des Mondes, la fin des temps a une vraie consonance religieuse. Face à cette invasion martienne, l'homme et sa frappe de force nucléaire se révèlent obsolètes. Les vaisseaux aliens sont dotés de boucliers invisibles et impénétrables. La défaite semble inéluctable et pourtant... L'espoir réside encore.
Dans un premier temps, c'est un révérend qui tente de dissuader les envahisseurs et qui parle au nom du Saint Père... Sa mort a visiblement provoqué la colère divine. C'est donc la création primaire de "Notre Père" qui va décimer les extraterrestres. Très vite, la science est promptement évincée par la nature primitive et surtout par cette intervention à la fois indicible et spirituelle.

Byron Haskins multiplie les symboles religieux et catholiques. Par certains aspects, son film n'est pas sans rappeler des événements aussi importants que le Déluge et l'Apocalypse, eux aussi synonymes de la fin des temps. Certes, le film de Byron Haskins contient plusieurs idées intéressantes. Néanmoins, le long-métrage n'est pas exempt de tout reproche. Par exemple, les deux héros principaux, Clayton Forrester et Sylvia von Buren, sont assez caricaturaux.
A aucun moment, les deux acteurs (respectivement Gene Barry et Ann Robinson) ne parviennent à transcender leurs personnages. Ensuite, si le film possède encore un certain charme, il a tout de même bien souffert du poids des années, à l'image de ces fils parfois visibles à l'écran, qui maintiennent des télépodes rougeoyants et destructeurs. Quant au design longiligne de nos chers extraterrestres, il n'est guère éloquent. Mais ne soyons pas trop sévères.
Malgré son statut de production ambitieuse et démesurée, La Guerre des Mondes s'apparente (davantage) à une honnête série B. 

Note : 13.5/20

 Alice In Oliver

Synopsis du film sur : http://www.dvdclassik.com/critique/la-guerre-des-mondes-haskin