Vos idées, votre imagination et votre perspective du monde (d’après vos expériences) sont la genèse de l’écriture.
En tant qu’artisan (voire démiurge) de votre monde, vous apportez quelque chose d’unique et par conséquent d’importance non seulement en regard de l’art de conter mais aussi pour les corps de métier qui peuvent s’emparer de votre travail et s’en servir comme l’outil de base à la création cinématographique.
Toutes les idées ne peuvent être scénarisées. Vous allez devoir évaluer et développer vos idées pour les transformer en un scénario qui ait quelque chance d’attirer l’attention. Pour cela, il va falloir de tenter d’en tirer tout le potentiel.
Avoir des idées n’est pas compliqué. Vous êtes scénaristes et vous avez tendance à rechercher des idées un peu partout. Mais évidemment, la majeure partie de ces idées ne donnera lieu à aucun scénario.
Autrement, si vous ne pensez pas percevoir d’idées, emportez avec vous un notebook et lorsque vous lisez ou entendez quelque chose ou rencontrez une personne intéressante ou bien si vous entendez par hasard des bribes de conversation qui vous interpellent, notez-les sur votre notebook.
Il serait étonnant qu’en vous plongeant de temps en temps dans vos notes, vous ne perceviez pas de bonnes idées d’histoires, de personnages, de scènes ou de dialogues.
Il est certain aussi que vous parviendrez à mieux écrire des émotions que vous avez vous-mêmes éprouvées ce qui ne signifie pas que vous allez écrire sur votre vie. Vous décrivez une émotion que beaucoup de personnes partagent avec vous.
Vous pourriez même toucher du doigt l’inconscient collectif en mettant en scène des archétypes qui mettront probablement en branle des mécanismes insconscients chez un grand nombre de lecteurs.
A lire sur le sujet des archétypes :
ARCHETYPES
Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’en illustrant votre histoire avec des personnages qui ont des émotions et des sentiments identifiables (donc quelque part universels), vous pouvez donner à vos personnages n’importe quelle identité. Que l’un de vos personnages soit un clone de vous-même ou un individu d’un passé ou d’un pays très lointain, tant qu’il partage les mêmes émotions et sentiments que vous, il les partagera aussi avec vos lecteurs.
Il serait préférable aussi que vous écriviez sur des choses qui vous intéressent, qui vous passionnent ce qui vous facilitera par ailleurs la recherche documentaire sur votre sujet ou sur les lieux où l’histoire va prendre place.
La réalité du monde qui nous entoure est souvent passionnante mais par contre possède peu de possibilités narratives. Il vous faudra tordre cette réalité pour la faire entrer dans une forme dramatique.
Une rupture par exemple est une réalité courante mais qui n’est pas vraiment passionnante à conter. Donnez-lui un tour dramatique et vous obtiendrez la trame de Roméo et Juliette que vous pourrez accomoder pour en faire une œuvre personnelle.
Vous avez aussi la possibilité de l’adaptation. Dans ce cas, vous travaillez sur le concept de quelqu’un d’autre.
Généralement, l’envie d’écrire s’accompagne d’une foultitude d’idées. Il vous faudra choisir la bonne sur laquelle vous allez passer des mois à écrire et à réécrire. Il s’agit donc d’être sûr de soi.
Ecrivez sur ce qui vous intéresse
Il faut un certain enthousiasme lorsque l’on se lance dans un projet d’écriture. Si votre sujet ne vous passionne pas vraiment, tous vos efforts finiront au fond d’un tiroir et votre scénario ne sera probablement même pas fini.
L’objectif n’est pas de vendre ce script mais plutôt d’éprouver d’abord une véritable satisfaction à l’écrire. Même dans une commande, vous devriez avoir un esprit d’ouverture suffisamment large pour trouver un plaisir d’écrire.
De toutes façons, une fois le script lancé sur le marché, il vous échappe quelque peu alors autant prendre plaisir à l’écrire. Profitez-en aussi pour vous demander si l’une de vos idées offre quelque chose de suffisamment différent pour justifier son existence sous la forme d’un scénario.
Travailler à partir d’histoires vraies
Cela peut paraître facile de prime abord. Personnages, conflits et événements sont à portée de main. En pratique, le challenge n’est pas si facile à relever.
La réalité est loin de répondre aux règles de la dramaturgie. Les événements ne se produisent nécessairement pas dans un ordonnancement dramatique ou bien un événement crucial de l’intrigue peut être vécu par une personne réelle qui ne corresponds pas à votre protagoniste mais plutôt à l’un de vos personnages secondaires. Beaucoup de critères réels ne peuvent être adaptés dans un cadre scénaristique.
Le principe alors est de modifier les faits tout en restant dans l’esprit de la réalité des événements que vous décrivez. Vous faites de la fiction, après tout. Une histoire vraie doit donc servir de base à votre fiction et ne pas être la fiction elle-même.
Vous allez devoir sculpter la réalité pour la faire entrer dans un cadre narratif. Et vous devrez probablement faire face à des choix sur l’exactitude des faits relatés.
Jusqu’où impliquer la réalité du monde dans votre fiction est un choix d’auteur. Et c’est de votre responsabilité. Assumer cette responsabilité, c’est prendre le risque de l’opprobre. Vous risquez aussi la diffamation ou la calomnie si votre personnage principal prend les traits (physique ou de personnalité) d’une personne réelle encore en vie.
Il est certainement préférable de ne pas chercher à retranscrire avec toute l’exactitude les faits dans une fiction. En effet, les faits peuvent imposer la direction de votre histoire vous déparant de votre libre-arbitre. Si un fait va à l’encontre d’une ligne dramatique, il vaut mieux le tordre suffisamment pour qu’il n’interfère pas avec celle-ci. La réalité de votre fiction prime sur la réalité des faits.
Une recherche documentaire sur votre sujet est souhaitable. En fondant votre histoire sur des faits réels (et parfois même historiques), ce travail de recherche vous permettra d’accumuler du beau matériel.
Il va falloir faire le tri et décider quels seront les éléments les plus importants dans la perspective de l’histoire que vous vous apprêtez à conter. Ce qui signifie que vous allez devoir faire des coupes déchirantes dans tout le matériel que vous aurez à votre disposition.
Prendre modèle sur des personnes réelles implique aussi que vous allez devoir comprendre qui ils sont, ce qui se passe dans leur tête afin de ne pas interpréter faussement qui ils sont vraiment. Vous devrez comprendre pourquoi ils font ce qu’ils font ou ont fait.
Encore une fois, il est peut-être préférable alors de créer votre propre personnage avec sa propre psyché, son propre passé afin de donner votre interprétation personnelle la plus précise possible sur les événements réels que vous allez illustrer dans votre histoire.
Douglas J. Eboch conseille de creuser dans les faits réels pour y trouver ce qui vous intéresse. Pourquoi cet incident, cet événement vous importe autant pour vouloir écrire sur lui ? Vous devriez simplifier la réalité, la résumer et planifier sur le papier les événements en quelques paragraphes.
Si par exemple, une décision gouvernementale a provoqué des manifestations, reportez sur le papier qu’une manifestion de 300000 personnes s’est tenue le…
La manifestation est beaucoup plus dramatique et visuelle que les raisons qui ont abouti à la décision gouvernementale. Surtout si c’est cette manifestation qui vous a interpellé en premier lieu.
Si vous basez votre histoire sur une personne réelle, vous allez avoir beaucoup de détails de surface, un masque social. Vous devrez vous plonger en eux, dans leur psychologie.
Que veut-il ?
De quoi a-t-il besoin inconsciemment ?
En répondant à ces questions, vous récupérerez le matériel pour écrire une version dramatique des événements réels.
La démarche est l’inverse de la création d’un personnage fictionnel. Vous partez en effet d’une psychologie pour aboutir à un masque social, à des comportements et attitudes. Avec une personne réelle, vous étudiez les comportements pour comprendre ce qui les a motivés.