Critique acérée du régime vichyste par le franco grec Costa Gavras, ce film est profondément politique et s’appuie sur une période noire de l’Histoire de France… mais comment aurait-il pu en être autrement lorsqu’un auteur infatigable défenseur des droits et pourfendeur des injustices s’empare d’un tel sujet ?1941, Hitler s’attaque à l’URSS. Les communistes français décident de rejoindre la résistance et via la colonel Fabien abatte un soldat allemand en plein Paris. Les allemands attendent une réaction ferme du gouvernement de Vichy ; ces derniers craignant des représailles allemandes sur la population vont aller bien au-delà de leurs espérances… Sous couvert de raison d’Etat, en une semaine seulement, ce gouvernement s’assoie sur le principe fondateur de la démocratie française de séparation des pouvoirs ; et vont donc par la loi légitimer la peine de mort envers des opposants aux régime. Dans ce régime on promulgue des lois avec effet rétroactif, on fait pression sur les juges, on édicte des lois destinés à une partie seulement de la population, on choisit les juges,… Toutes ressemblances avec des faits similaires actuels dictés aussi parfois par la raison d’Etat serait fortuite… Mais c’est fou comme l’histoire peut bégayer. Et dire que l’Etat trouve toujours des hommes pour faire appliquer des ignominies par couardise, par conviction ou pire par ambition.Violent réquisitoire pas toujours subtile ; Costa Gavras accuse tout en décortiquant précisément les rouages institutionnels amenant au totalitarisme et à l’arbitraire. Et il montre bien comment le système vichyste met tout en œuvre pour donner apparence légale aux décisions les plus abjectes ; l’Etat fait la loi, l’Etat fait loi… çà fait froid dans le dos, montrer de manière aussi directe. Dans le lot de tous ces hommes intellectuellement compromis, le plus abject reste le ministre de l’Intérieur instrumentalisant la justice pour assoir son autorité. Et puis la description du petit théâtre du régime d’opérette est un grand moment ; tous ces ministres loin de Paris vivant comme des curistes, occuper plus que tout à prendre soin d’eux… Le choix de s’installer dans une station thermale avait du bon pour ces vieux messieurs.Film coup de poing fort utile pour rappeler les valeurs de la République… Même si le trait est appuyé.Justement récompensé du prix de la mise en scène à Cannes en 1975.
Sorti en 1975
Ma note: 16/20