Genre : thriller, épouvante (interdit aux - 12 ans)
Année : 1976
Durée : 1h50
L'histoire : En restaurant un martyre de saint Sebastien peint par un artiste local, surnommé "le peintre de l'agonie", un homme découvre dans un petit village l'existence de rites sataniques et de sacrifices humains.
La critique :
Le nom de Pupi Avati ne doit pas vous évoquer grand-chose. Pourtant, son nom est célèbre dans le cinéma italien. Producteur et réalisateur, il participe au scénario de Salo ou les 120 Journées de Sodome (Pier Paolo Pasolini, 1975). Mais c'est surtout l'année d'après (donc en 1976) que Pupi Avati connaît son premier grand succès, avec La Maison aux Fenêtres qui Rient, donc le film qui nous intéresse aujourd'hui. Par la suite, il réalisera quelques films notoires, surtout en Italie, qui connaîtront néanmoins une sortie discrète (voire confidentielle) en France.
C'est par exemple le cas de Aide-moi à rêver (1981), Le témoin du marié (1997) et Un coeur ailleurs (2003). Mais revenons à La Maison aux Fenêtres qui Rient !
La distribution du long-métrage ne réunit pas vraiment des acteurs très connus, à moins que les noms de Lino Capolicchio, Francesca Marciano, Gianni Cavina, Giulio Pizzirani et Bob Tonelli vous parlent. Mais j'en doute ! Attention, SPOILERS ! Artiste spécialisé dans la restauration de fresques, Stefano est invité par un ami à exercer ses talents dans l'église d'un petit village italien.
Là, il découvre une fresque représentant le martyre de Saint-Sébastien. Loin d'être épaulé par le prêtre, il ressent assez vite l'hostilité d'une partie du village qui s'oppose à la résurrection de cette pièce de collection. L'introduction du film a le mérite de présenter les inimitiés. Le long-métrage débute sur une musique anxiogène et sur la voix agonisante d'un peintre : "Mes couleurs... Elles coulent dans mes veines ! Mes couleurs..."
Des paroles énigmatiques qui prendront évidemment tout leur sens lors de la révélation finale. Ainsi, la tension monte crescendo. Autant le dire tout de suite : La Maison aux Fenêtres qui Rient n'est pas un film d'horreur, encore moins un film de "maison hantée", contrairement à ce que ton titre laisse supposer. Ce n'est pas un slasher non plus. En l'occurrence, il s'agit davantage d'un thriller, voire même d'un giallo, dans la grande tradition de certains longs-métrages italiens de l'époque.
Dès lors, le film se focalise sur la fresque restaurée par Stefano. Très vite, l'artiste est nûment menacé. Cela commence par plusieurs coups de fil inquiétants et anonymes. Au bout du téléphone, c'est une voix féminine et hystérique qui invective et menace Stefano. Le jeune homme mène sa petite enquête dans un endroit isolé au beau milieu de nulle part.
A partir de là, Pupi Avati multiplie les fausses pistes. Les fans de films gores, trash et sanguinolents sont priés de quitter leur siège et d'aller faire un petit tour. La Maison aux Fenêtres qui Rient s'appuie davantage sur une ambiance étouffante et anxiogène, confinant à la neurasthénie mentale. Ainsi, Pupi Avati varie les plaisirs, entre les séquences claustrophobiques (se déroulant en huis clos dans la maison du peintre assassiné) et les scènes en extérieur (un cimetière, puis une discussion au bord de l'eau).
Parfois, le film se transforme même en délire onirique relatant les derniers jours du peintre. Bref, on navigue entre l'enquête rationnelle et le surréalisme, à l'image de la fameuse fresque. Cette peinture terrifiante montre un homme sauvagement torturé et assassiné (plusieurs couteaux plantés dans le dos), ainsi que le visage de deux femmes machiavéliques.
Ces dernières sont les deux soeurs (décédées... ou presque... Je n'en dis pas plus...) de l'artiste. Le mystère plane sur l'identité secrète d'un psychopathe aux multiples visages et à la personnalité schizoïde. En l'état, difficile d'en dire davantage sans évoquer les secrets d'un scénario à la fois retors et fuligineux. Certes, on note ici et là quelques longueurs superflues.
Par exemple, la romance amoureuse entre Stefano et sa nouvelle dulcinée ne présente guère d'intérêt. L'interprétation est correcte mais pas transcendante non plus. Dans le rôle de cet artiste qui se transmute en détective, Lino Capolicchio fait le job, sans plus. Ici, ce sont davantage les révélations de personnages (à priori) secondaires qui ponctuent le récit.
Le film peut s'appuyer sur l'excellente musique d'Amedeo Tommasi, une partition à la fois baroque et quasi christique lors des séquences de suspense et de meurtres. Certes, le film élude volontairement toute effusion sanguinaire, mais on relève tout de même quelques saynettes (rapides) montrant le supplice du peintre assassiné. Le long-métrage brille surtout par son atmosphère (encore une fois) anxiogène, flippante et effrayante, qui happe littéralement le spectateur à la gorge.
Enfin, malgré ses (presque) quarante annés au compteur, La Maison aux Fenêtres qui Rient n'a pas trop souffert du poids des années. Il reste toujours un modèle en termes d'effroi, de suspense et d'angoisse. Bref, on tient là un vrai classique du cinéma italien ! Etonnant que le film soit aussi méconnu chez nous...
Note : 16/20