[Critique] – A Bigger Splash

Par Victorvandekadsye @BrouillonsCine

Pour son nouveau film, Luca Guadagnino fait le choix de ré-adapter très librement le film de Jacques Deray, La Piscine, sorti en 1969 et réel succès de l'époque, aujourd'hui dans le Panthéon des classiques cinématographique français.

Lorsque la légende du rock Marianne Lane part sur l'île méditerranéenne de Pantelleria avec Paul, son compagnon, c'est pour se reposer. Mais quand Harry, un producteur de musique iconoclaste avec qui Marianne a eu autrefois une liaison, débarque avec sa fille Pénélope, la situation se complique. Le passé qui ressurgit et beaucoup de sentiments différents vont faire voler la quiétude des vacances en éclats. Personne n'échappera à ces vacances très rock'n'roll...

Le metteur-en-scène ré-invente le casting et s'entoure de comédiens de choix. Mattias Schoenaerts devient le nouveau Alain Delon, et se retrouve accompagné de Tilda Swinton, remplaçante de Romy Schneider, Ralph Fiennes, qui reprend le rôle de Maurice Ronet, et Dakota Johnson (oui, oui, celle de " 50 nuances de Grey" ), qui succède à Jane Birkin.

Avec A Bigger Splash, Ralph Fiennes donne à voir toute la folie qu'il a en lui. Ainsi, le spectateur appréciera un magnifique déhanché de l'acteur sur des morceaux tous plus rock les uns que les autres, et aura aussi le privilège d'apprécier sa silhouette sans le moindre appareil. La sensualité et la nudité trouvent toute leur place dans le film de Luca Guadagnino.. Le réalisateur joue avec le plaisir charnel et laisse deviner l'intimité des personnages par l'intermédiaire de parties du corps légèrement dénudées, tout cela dans une extrême délicatesse.

Pour terminer sur le casting, Matthias Schoenaerts fait toujours preuve d'une certaine classe. Ces muscles luisent au soleil et ne laisseront pas les spectatrices indifférentes. Tilda Swinton n'écope pas d'un rôle facile, en interprétant une rockstar reconnue de tous ayant une extinction de voix. Son interprétation est bonne, mais elle manque de tonus pour être parfaite. Son jeu est irrégulier et on peine à décrocher l'empathie que l'on désirerait avoir à son égard. Enfin, Dakota Johsnon est assez invisible, son personnage s'avère dur à cerner, et est une constante source d'interrogation. Penelope est dans la constante séduction dans le but de cacher un mal-être, de masquer le fait qu'elle se cherche, cela due à son jeune âge. La fin, qui révèle différents mensonges, accentue la perplexité du spectateur à l'égard de la jeune femme. Perplexité qui ne s'avère pas forcément plaisante.

Le scénario est bien ficelé et contient son (petit) lot de rebondissements. Toutefois, certaines ficelles sont apparentés, et les surprises se voient être rapidement estompées. La psychologie de chacun est finement écrite, et aucun manque ne se fait sentir, exception faite sur les interrogations à propos de. Mais Luca Guadagnino ne fait pas le choix d'une idée de base trop compliquée, le quatuor amoureux étant un classique du cinéma. Cependant, la vitalité donnée à l'action est plaisante à voir et on ne s'ennuie pas car le réalisateur italien a des idées de réalisation qui boostent son film. Les ombreux regards-caméras ainsi que des accélérations surprises réveillent le spectateur et l'immiscent avec nos protagonistes. A la folie se fond une tendresse folle, et une chaleur humaine qu'il est plaisant de voir. La scène de karaoké révèle un peu plus les personnages aux spectateurs, qui ne fera qu'accroître leur amitié filmique avec eux. Aussi, on ne se lassera pas de contempler les magnifiques paysages italiens qui nous sont offerts tout au long du film et qui nous procurent une folle envie de voyager et de chercher le soleil.

Luca Guadagino fait le pari osé de ré-adapter La Piscine et s'en sort donc plutôt bien. Certes, son scénario n'est pas une surprise totale, mais ses intentions sont tout à fait percevables. Aussi les acteurs ne jouent pas tous sur le même terrain, et certains, grâce à des personnages haut en couleur ou plus intéressants, resteront en mémoire contrairement à d'autres qui ne convaincront que partiellement.

Zoran Paquot