[Critique] – Rosalie Blum (2016)

[Critique] – Rosalie Blum (2016)

[Critique] – Rosalie Blum (2016)


Avec :
Noémie Lvovsky, Kyan Khojandi, Alice Isaaz, Anémone, Sara Giraudeau, Camille Rutherford et Philippe Rebbot

Vincent Machot connaît sa vie par cœur. Il la partage entre son salon de coiffure, son cousin, son chat, et sa mère bien trop envahissante. Mais la vie réserve parfois des surprises, même aux plus prudents... Il croise par hasard Rosalie Blum, une femme mystérieuse et solitaire, qu'il est convaincu d'avoir déjà rencontrée. Mais où ? Intrigué, il se décide à la suivre partout, dans l'espoir d'en savoir plus. Il ne se doute pas que cette filature va l'entraîner dans une aventure pleine d'imprévus où il découvrira des personnages aussi fantasques qu'attachants. Une chose est sûre : la vie de Vincent Machot va changer...

Rosalie Blum est le premier long-métrage de Julien Rappeneau, déjà à l'oeuvre sur les scénarios de Cloclo ou encore Faubourg 36. Le film est une adaptation d'un roman graphique (du même nom) créé par Camille Jourdy. Le schéma scénaristique s'approche énormément à la bande-dessinée qui est elle aussi divisée en trois points de vue différents. Le film est vraiment très fidèle au matériau d'origine et le réalisateur a apporté avec justesse des nouveautés essentielles pour son développement.

Différents points de vue !

Avoir une bonne histoire ne veut pas essentiellement dire avoir un bon film. Il faut pour cela avoir une bonne idée précise de comment on va aborder celle-ci et surtout comment on va la retranscrire à l'écran. Julien Rappeneau aurait pu s'éloigner des 3 tomes déjà parus et livrer une histoire banale et superflue comme de nombreux cinéastes français (et même étrangers) l'auraient fait. Rosalie Blum c'est l'histoire de cette femme interprétée par Noémie Lvovsky,qui est suivie par un homme du jour au lendemain. Cet homme, c'est Vincent( Kyan Khojandi). Dit comme cela, on s'attend à avoir un film assez minimaliste avec une relation perverse que pourrait initier le personnage de Vincent. Mais pas du tout, car le film s'étend tendrement dans cette timidité qu'apporte Kyan avec une grande aisance. On découvre un personnage touchant, malgré une routine quotidienne assez barbante et un entourage qui ne lui ressemble pas. Tout change lors de son premier contact avec Rosalie Blum. Qui n'a jamais observé quelqu'un dans le bus, le métro ou dans la rue, tout en s'imaginant ce que la vie de cette personne pourrait être ? Que fait-elle au quotidien ? Et plus encore... Ici Vincent pousse cette envie plus loin, sans jamais se transformer en un homme vicieux et dénaturé. On pourrait ressentir une gêne pour cette femme, mais la mise en scène mérite l'honneur de nous livrer dans ses plans, ses dialogues et ses regards qu'on les personnages un film plus émotionnel. Vincent nous montre son quotidien, avec sa mère ( Anémone), son cousin ( Nicolas Bridet) ou encore dans son salon de coiffure. Mais cette focalisation exercée sur lui ne nous fait connaître Rosalie que partiellement, et le spectateur finit par se poser pas mal de questions sur cette femme...

Arrive alors un différent point de vue : celui d'Aude, une jeune fille forte gardant une part de mystère et une certaine fragilité. Sous les traits d'Alice Isaaz, qui se distingue par son jeu subtil et son charisme ravageur, Aude apporte un point de vue et des informations complémentaires sur le personnage de Rosalie. C'est grâce à elle qu'on découvre les peines de chacun ainsi que leurs envies. Elle apporte également beaucoup humour grâce à ses amies ( Sara Giraudeau et Camille Rutherford) et son coloc ( Philippe Rebbot), ainsi qu'une nouvelle page de tendresse à l'histoire. Pour finaliser cette rencontre entre elle et Vincent, mais également entre elle et nous spectateurs, Rosalie livre son histoire, remplie de chagrin et de moments de solitude.

[Critique] – Rosalie Blum (2016)

Une aventure attachante !

Julien Rappeneau découle dans son film une aventure attachante où l'on partage le quotidien de personnages charmants : il n'hésite pas à en faire ressortir les défauts comme les bons côtés. Le film prend une atmosphère encore plus forte avec une bande-originale soignée de la main de son frère et par des morceaux mythiques tel que Belle and Sebastian - Get Me Away from Here, I'm Dying (voir ci-dessus) et bien d'autres. On remarque que le rythme ne baisse jamais et que la construction narrative ne se répète pas en boucle. On se laisse emporter durant les 1h40 par une belle histoire d'aventure romantique manipulé par des mains de maîtres. Le principal reproche qu'on pourrait tout de même faire au film demeure la sous-exploitation de personnages en arrière-plan.

Rosalie Blum nous a ravis. Une magnifique histoire racontée par des personnages tendres et émouvants, partageant une atmosphère chaleureuse.

[Critique] – Rosalie Blum (2016)