Dominicalement Vôtre – Pas de Printemps pour Marnie

Par Z. @Bizardbizard

Alfred Hitchcock, 1964

Diffusion dimanche 20 mars, 20h50, Arte

Comme chacun sait, le dimanche a peu d'avantages et beaucoup d'inconvénients. Mais comme le disait la chanteuse Lorie en son temps " il faut garder la positive attitude ". Ainsi, malgré son statut de jour pestiféré, le dimanche vous pousse a faire des choses incroyables et à dépasser vos limites - faire un poulet Yassa, jouer au foot, faire des abdos, acheter une plante, tenter d'apprendre le tricot - mais aussi à réviser vos classiques. C'est pour cette dernière raison que Bizard Bizard vous propose en ce premier soir de printemps de re (re) regarder l'histoire d'une femme qui n'en a jamais connu.

Margaret Edgar (Tippi Hedren) est une jeune femme phobique de la couleur rouge qui vole les coffres de ses employés avec la même nécessité qu'elle a de respirer. Après chacun de ses non menus larcins, elle a pour habitude de changer d'identité. Mais lorsqu'elle se fait engager par Mark Rutland (Sean Connery) qui pense l'avoir déjà vu, sa petite routine va légèrement devoir changer. Ayant découvert que la belle s'était encore une fois laissée aller à voler, ce nouveau patron, aussi éprit d'elle que de psychologie, lui propose un marché : être dénoncée ou se marier. Au pied du mur, Marnie n'a d'autre choix que d'accepter de l'épouser. C'est ainsi que Mark va peu à peu découvrir l'ampleur de la névrose de sa nouvelle femme, et, va se lancer dans le PTT (Psychologie Tout Terrain) pour la soigner.

Alfred, qui est autant le maître du suspens que notre maître à tous, montre l'étendue de ses talents avec ce film qui mêle chevaux, traumatismes et chignon banane.

Pas de Printemps pour Marnie n'est peut être pas notre favori mais il l'une des oeuvres les plus intéressantes de la dense filmographie hitchcockienne. On y retrouve comme toujours une esthétique divinement impeccable où les scènes sont aussi belles que les acteurs qui sont aussi élégants que leurs vêtements. La mise-en-scène est comme à son habitude un chef d'œuvre d'intelligence et de plans d'une virtuosité inégalé (notamment le détournement du plan alterné dans les bureaux de Rutland où Alfred réussit à mettre en scène deux actions dans le même endroit et au même plan) portés par une cascade d'inserts semi fétichistes.

Et, aussi sûr que les poules n'ont pas de dents, le suspens est à son comble, dans n'importe quelle situation et à n'importe quel moment. Ainsi le spectateur se retrouve aussi stressé par une chaussure prête à tomber que pour les résultats du BAC et passe deux heures dans l'angoisse la plus totale, bien qu'il ne s'agisse pas d' Evil Dead. Mais la particularité ici est que le suspens psychologique, dont il est le roi, épouse totalement le thème principal : la psychologie. Même s'il on se doute que le mal de Marnie n'est pas du à une overdose de visionnage des Bisounours, l'intérêt ne se porte pas forcément sur l'élément traumatique qui a engendré ses névroses, mais sur la façon dont Best Psy Ever, Sean Connery (on ne se lassera jamais de voir James Bond en psychologue du dimanche), va tenter de remonter le fil des évènements. On s'attache plus au processus de psychanalyse qu'au pourquoi du comment. La problématique des liens maternels suinte à tous les plans et la tumultueuse relation homme-femme crève l'écran.

Avec Pas de Printemps pour Marnie, Hitchcock nous livre un thriller psychologique moins olé-olé dans le meurtre ou dans ses tentatives, mais plus réaliste, et quelque part plus dur sur les êtres humains et leurs relations.

Alors, pour achever votre dimanche pleins d'expériences extraordinaires, laissez vous tenter par l'histoire de cette femme, qui à trente ans, aime un peu trop sa maman. Vous vous ne vous sentirez que plus vivant et prêt à faire une insomnie en vous adonnant à de nouvelles activités tel qu'essayer de vous faire un chignon banane parfait, vous mettre à la recherche DU manteau over-size, lire Freud, orthographier correctement Hitchcock ou encore faire des pompes pour faire de votre body le plus proche de celui de Sean Connery.

La bande annonce annoncée par le maître

Crédits images: arte.tv (couverture) - youtube.com - toutlecine.challenges.fr