Genre : thriller, horreur (interdit aux - 16 ans)
Année : 2001
Durée : 1h36
Synopsis : Alors que le texas vit dans la terreur après plusieurs meurtres commis par un tueur en série se faisant appeler "La Main de Dieu", un homme se présente dans les bureau du FBI et ne veut parler qu'au responsable de l'enquête. A ce dernier, il explique alors connaître le nom de l'assassin. Devant la suspicion du policier, l'homme commence à raconter son histoire, démontrant progressivement que les crimes ne sont qu'une infime partie d'un cauchemar qui a commencé 20 ans plus tôt.
La critique :
Pour beaucoup de comédiens, passer à la réalisation est une chose naturelle. Certains démontrent, à cette occasion, qu'ils ont autant de capacité derrière que devant la caméra.
Mais rare sont ceux qui parviennent véritablement à surprendre en accouchant d'oeuvre aussi singulière qu'inattendue. C'est pourtant le cas de Bill Paxton lorsqu'il signe sa première mise en scène en 2001 avec Frailty, sortie chez nous sous le titre Emprise.
L'acteur commence sa carrière au début des années 70, mais on se souvient notamment de lui pour son rôle de soldat dans Aliens, Le Retour, en 1986. Avant cela, Bill Paxton est apparu dans le premier Terminator en punk face à un Arnold Schwarzenegger nu comme un ver. Par la suite, on le reverra dans de nombreux longs métrages des années 80 et 90, dont certains sont devenus cultes aujourd'hui.
On peut citer, entre autres, Prédator 2, True Lies, Titanic, Aux Frontières De L'Aube, Twister, ou plus récemment, Un Plan Simple de Sam Raimi.
Bref, une carrière jalonnée de films importants qui font du comédien un personnage éminemment sympathique et reconnaissable.
Lorsqu'il choisit de tourner Emprise, Bill Paxton ne doit, dans un premier temps, qu'officier en tant que comédien et co producteur. Mais, devant la nature du projet, il décide de s'impliquer également dans la mise en scène.
Pour le casting, Bill Paxton contacte notamment Matthew McConaughey et Derk Cheetwood, avec qui il vient de tourner le film U-571. On trouve également la présence de Powers Boothe et Melissa Crider.
Quant à l'histoire, elle se déroule sur deux époques. De nos jours, alors que le Texas subit une vague de crimes, un homme se présente un soir dans les bureaux du FBI. Face à l'agent Wesley Doyle, responsable de l'enquête, l'individu explique connaître le nom de l'assassin et accuse son frère qui, après lui avoir téléphoné, se serait suicidé.
Il raconte ensuite une histoire s'étant déroulé dans son enfance. Dans les années 60, Adam et Fenton Meiks sont deux jeunes garçons vivant paisiblement avec leur père. Mais, un soir, tout bascule lorsque ce dernier vient les réveiller en pleine nuit pour leur expliquer que Dieu lui ait apparu, et va le charger d'une mission.
Quelques jours plus tard, après une nouvelle vision, le père de famille explique avoir reçu des mains du Christ une liste de noms. Des personnes à éliminer qui seraient des démons.
Sous le regard horrifié de Fenston qui refuse de croire à tout cela, contrairement à son frère, qui adhère entièrement à la quête paternelle, le père commence à kidnapper des personnes pour les emmener dans la grange et les massacrer, sous les yeux de ses garçons.
L'homme, jusque la simple garagiste sans histoires, devient totalement adepte de la parole divine, convaincu que Dieu le protège dans sa croisade. De la même manière, il refuse de se considérer comme un assassin, expliquant n'éliminer que des êtres maléfiques.
Devant l'attitude de ce père que Fenton trouve de plus en plus dérangé, le garçon, partagé entre la peur et l'envie de fuir, tente de se rebeller, aboutissant à une confrontation particulièrement dure entre lui et ce père convaincu de faire le bien.
Il vaut mieux éviter de trop en raconter, notamment à cause d'un final aussi surprenant qu'il peut paraître contestable et osé, et qui enchaîne les retournements de situation.
A sa sortie, Bill Paxton avouera s'être beaucoup inspiré, pour sa mise en scène, de Sam Raimi, dont il a étudié la technique lors du tournage d'Un Plan Simple.
On retrouve, dans Emprise, les longs plans séquences du réalisateur d'Intuitions. Mais, Bill Paxton va également encore plus loin dans la noirceur.
Totalement dénué de la moindre note d'humour et mettant progressivement mal à l'aise comme peu de longs métrages savent le faire, le film ose également aborder de front un thème pour le moins tabou, puisqu'il s'attaque à la religion et aux actes qu'un homme peut commettre au nom d'un dieu.
Face à son fils le plus âgé qui refuse autant de croire à sa quête qu'au Christ, le père de famille, magistralement campé par Bill Paxton lui même, n'hésite pas à user de méthodes pour le moins radicales.
Il lui fait d'abord creuser, durant plusieurs jours, un trou extrêmement profond, puis, face à l'attitude rebelle de son rejeton, il l'enferme dans un abri sombre durant un temps indéterminé, jusqu'à ce que le gamin accepte de rallier la parole divine.
Des méthodes de tortures qu'on retrouve chez certaines sectes, ou quand l'isolement et la fatigue vous poussent finalement à accepter n'importe quelle vérité.
Emprise demeure un film assez complexe, qu'on peut trouver contestable selon la manière dont on va percevoir les dernières minutes, mais totalement abouti. Bill Paxton prend et assume totalement le risque de tourner et jouer dans un tel film, en allant au bout de sa démarche, quitte à déplaire.
Ce qui sera le cas puisque le long métrage connaîtra un échec cuisant à sa sortie, aussi bien aux Etats Unis qu'en France. Raison de plus pour découvrir ce très bon thriller injustement méconnu, choc et glauque dans lequel Matthew McConaughey, alors perçu uniquement comme une belle gueule sans talent, vient, pour la première fois, casser son image et montrer de quoi il est capable.
Note : 14/20