Date de sortie 16 mars 2016
Réalisé par John Hillcoat
Avec Casey Affleck, Chiwetel Ejiofor, Anthony Mackie, Kate Winslet
Aaron Paul, Norman Reedus, Gal Gadot, Clifton Collins Jr., Woody Harrelson
Genre Thriller
Production Américaine
Synopsis
Ex-agent des Forces Spéciales, Michael Atwood (Chiwetel Ejiofor) et son équipe de flics corrompus, parmi lesquels Marcus Belmont (Anthony Mackie) et Franco Rodriguez (Clifton Collins Jr.), attaquent une banque en plein jour, à Atlanta.
Alors qu'il enquête sur ce hold-up spectaculaire, l'inspecteur Jeffrey Allen (Woody Harrelson)ignore encore que son propre neveu Chris (Casey Affleck), policier intègre, est désormais le coéquipier de l'un des malfrats.
À la tête de la mafia russo-israélienne, la redoutable Irina Vlaslov (Kate Winslet), insatisfaite, fait enlever le fils que Michael a eu avec Elena (Gal Gadot), sa soeur. Michael pourra le revoir si son équipe monte un dernier braquage extrêmement risqué.
Michael ne voit qu'une seule issue : détourner l'attention de l'ensemble des forces de police en déclenchant un code "999" – signifiant "Un policier est à terre".
Ils choisissent pour victime Chris, qui vient d'intégrer la brigade avec Marcus Belmont pour partenaire...
Mais rien ne se passera comme prévu…
Le scénariste Matt Cook a eu l’idée de Triple 9, son premier long métrage, en discutant avec un ami au cours d’un périple en voiture à travers le désert : "On faisait le voyage de Phoenix à Las Vegas avec un de mes meilleurs copains, qui est agent infiltré pour la brigade des stupéfiants au sein du Phoenix Police Department, se souvient Cook. J’ai moi-même été soldat et je lui ai donc raconté quelques anecdotes de guerre, et il m’a parlé de l’alerte 999 qu’il avait déclenchée. Je l’ai arrêté pour lui demander de quoi il s’agissait et il m’a répondu que c’était le code d’extrême urgence de la police. Si un flic est touché au cours d’une fusillade, il lance l’alerte 999 et tous les policiers des environs interrompent ce qu’ils sont en train de faire, foncent vers l’agent blessé et oeuvrent sans relâche jusqu’à ce qu’ils attrapent le criminel. Je lui ai alors demandé ce qu’il en était du reste de la ville ? Et il m’a dit : "Elle est livrée à elle-même sans aucune protection policière."
Comprenant que ce dispositif pouvait donner lieu à des situations dramatiques d’une grande richesse, Matt Cook a commencé à écrire les grandes lignes de l’intrigue dès qu’il est rentré à Los Angeles. "Ce concept du code 999 permettait de parler de loyauté, car lorsque votre frère, qui est flic, vous appelle, vous répondez présent, souligne-til. On voulait se poser la question de savoir jusqu’où un type est prêt à aller pour son frère, et puis retourner la proposition en se demandant quel est l’acte le plus épouvantable qu’on puisse commettre."
Originaire du Queensland, John Hillcoatt a passé sa jeunesse en Amérique et au Canada. Après ses débuts dans les beaux-arts, il entre à la Swinburne Film School en Australie, où il réalise des courts métrages très remarqués. En 1988, il réalise son premier long métrage, Ghosts... of the Civil Dead. Le film est nommé à neuf Australian Film Institute Awards, remporte le prix du meilleur film au festival de San Sebastian et se retrouve en compétition à la Mostra de Venise.
Il entame par la suite une carrière de réalisateur de clips pour des artistes comme Nick Cave, Einstürzende Neubauten, Siouxsie and the Banshees, Depeche Mode, Muse, Robert Plant, The Rolling Stones, Bob Dylan et Johnny Cash.
John Hillcoat a signé The Proposition réalisé en 2005, nommé à huit Australian Film Institute Awards et récompensé par l’IF Award du meilleur film.
En 2009, il a réalisé La Route, d’après le roman de Cormac McCarthy, lauréat du Prix Pulitzer.
Trois ans plus tard, il tourne Des Hommes sans loi, sélectionné en compétition officielle au festival de Cannes.
Sous l’égide de sa société Blank Films, il développe plusieurs projets. Il réalise également des vidéo clips et des spots publicitaires primés.
Une fois achevé, le scénario a séduit le réalisateur australien John Hillcoat.
"J’avais lu pas mal de thrillers, et ce qui m’a vraiment intrigué dans le projet de Matt Cook, c’est le dispositif du 999 dont je n’avais jamais entendu parler, précise le réalisateur. Ce code soulève un formidable dilemme moral dans un genre qui a donné lieu à des films extraordinaires. Matt a eu une idée brillante qui nous a permis d’adopter un point de vue original sur cet univers." Cook estime que John Hillcoat est le metteur en scène idéal pour Triple 9. "Quand j’ai terminé le scénario, la production m’a demandé à quels réalisateurs je souhaitais l’envoyer et j’ai immédiatement répondu John Hillcoat, note-t-il. The Proposition est l’un de mes films préférés de tous les temps, si bien que j’étais aux anges quand John a donné son accord. Grâce à la singularité de son approche, le film est encore plus riche en rebondissements et offre largement matière à réflexion."
John Hillcoat et son équipe tenaient par-dessus tout à ancrer le film dans l’univers sonore et visuel d’une grande ville américaine contemporaine. "L’essentiel pour moi, c’était de situer Triple 9 dans la réalité, note le cinéaste. J’ai le sentiment que bon nombre de polars se sont éloignés de tout réalisme. Du coup, on a mené pas mal de recherches." Cette recherche d’authenticité a poussé le réalisateur à solliciter les hommes de l’antigang d’Atlanta. "Ils étaient constamment sur le plateau pour nous donner des conseils, et nous éclairer sur la vraisemblance des situations. Pour reconstituer ce contexte, on s’est rendu dans des quartiers infestés de gangs. Dans le film, on le voit bien dans la séquence majeure où Marcus et la brigade antigang de Chris font une descente dans la cité." Le film évoque les brutalités policières, devenues un sujet sensible. "Depuis quelques années, pas mal d’anciens militaires se sont reconvertis dans la police, explique John Hillcoat. On mutualise aussi les ressources. Les policiers sont équipés de chars et de matériel militaire lorsqu’ils donnent l’assaut dans ce genre de quartiers, ce qui provoque un véritable chaos. À mes yeux, c’était un phénomène fascinant à explorer, d’autant plus qu’on travaillait avec des gens qui venaient vraiment de la cité, des mecs qui appartenaient à des gangs et de vrais flics de l’antigang d’Atlanta. On avait des gens de tous bords sur le plateau."
Lorsque le nom de John Hillcoat a été associé au projet, Triple 9 a attiré des comédiens exceptionnels, dont la plupart tournent très rarement dans des oeuvres contemporaines. À l’instar de Chiwetel Ejiofor, cité à l’Oscar, dans le rôle de Michael Atwood, ex-agent des Forces Spéciales devenu chef de gang. Loin du Solomon Northup de 12 Years a Slave ou de l’humanitaire scientifique dans Seul sur Mars, Michael n’a rien d’un héros. "Il n’est pas franchement recommandable mais il a quand même un certain courage à sa façon", constate Chiwetel Ejiofor. "Il est corrompu jusqu’à la moelle : il est compromis par sa situation et par le contrôle qu’exercent ces mafieux russo-israéliens sur son fils, seul être humain qui le rattache au monde."
Chiwetel Ejiofor est l’un des premiers comédiens à avoir donné son accord, si bien que le réalisateur a pu observer la transformation du comédien tout à loisir. "C’était fascinant de travailler le personnage avec Chiwetel parce qu’il s’agit de l’un des rares acteurs qui s’investissent totalement dans leur rôle, signale le cinéaste."
Si Chiwetel Ejiofor donne à son personnage un soupçon de vulnérabilité à travers son amour pour son fils Felix, Michael, soldat chevronné, est censé parfaitement maîtriser les armes. Au cours des six semaines précédant le tournage, qui a commencé à l’été 2014, l'acteur s’est entraîné avec le chef-cascadeur Mickey Giacomazzi et l’ancien "Navy Sea" Mark Stefanich pour s’initier aux techniques de combat. "Chiwetel s’est donné à fond, indique Giacomazzi. C’était comme s’il faisait ses classes. Trois fois par semaine, il s’entraînait au tir, il apprenait les différentes postures à adopter et se familiarisait aux armes. Chiwetel s’est vraiment amélioré parce qu’au départ il posait des questions très naïves, alors qu’au bout de six semaines, il me faisait penser à un tueur totalement rôdé. C’était génial. "
Casey Affleck a été salué par la critique pour ses interprétations de criminels endurcis dans The Killer inside me et les Amants du Texas. Il change ici de registre en incarnant Chris Allen, policier intègre.
"J’ai souvent interprété des assassins, des criminels et des tordus en tous genres, indique Affleck. Le personnage de Chris Allen m’est apparu comme un pur. Chris a un vrai sens de l’éthique, et il s’y tient malgré toutes les sollicitations dont il est l’objet. Pour moi, c’était formidable de participer à ce grand film choral où l’on rencontre toutes sortes de personnages corrompus et violents. Chris ne change pas, mais la situation le renforce encore dans ses convictions profondes. "
"Ce n’est pas le Casey Affleck qu’on a vu dans ses films précédents", ajoute le réalisateurt. "Ce qui me plaît, c’est que les acteurs changent radicalement de registre, et c’était donc galvanisant de voir Casey Affleck se transformer en machine à tuer constamment en mouvement, tout en restant un homme foncièrement idéaliste."
Pour se documenter sur le contexte du film, le comédien s’est embarqué aux côtés de flics d’Atlanta. "Ces mecs ont un boulot très difficile, affirme-t-il. Je n’en voudrai plus jamais à un flic qui me colle une amende pour excès de vitesse. On passe huit heures par jour à sillonner la ville, et parfois à ne rien faire du tout, jusqu’à ce que, soudain, on reçoive un appel : il faut alors foncer à plus de 140 km/h dans une rue résidentielle en prenant le risque de se tuer ou de tuer quelqu’un si on ne fait pas attention. Après ces virées en voiture, je rentrais chez moi épuisé et je dormais quinze heures d’affilée !" Au cours de son entraînement, Casey Affleck a eu l’occasion de rencontrer certains policiers chargés de combattre les gangs, à l’image de son personnage dans le film. "Les flics de l’antigang sont très intelligents et connaissent les rouages de ce milieu avec une précision que je n’aurais pas soupçonnée. Ces types sont voués corps et âme à leur boulot et sont prêts à y sacrifier leur vie. Le fait de passer du temps à leurs côtés m’a permis de mieux cerner mon personnage." reconnaît le comédien.
Alors qu’il cherchait à renouveler la figure classique du salaud, Matt Cook s’est inspiré de la "mafia casher". "La mafia italienne, la mafia irlandaise et les cartels mexicains ont souvent été représentés au cinéma, mais nous voulions évoquer un univers inédit", déclare le scénariste. "Je me suis pas mal documenté et j’ai découvert qu’il y avait de nombreux Russo-israéliens en détention pour trafic d’armement et autres crimes. Ces gens-là sont milliardaires mais ne sont pas très connus. On a aussi appris que les organisations criminelles russo-israéliennes sont en général dirigées par une seule personne. Les chefs sont des personnages quasi mythiques, un peu comme Keyser Soze dans Usual Suspects."
Kate Winslet mêle intelligence redoutable, allure menaçante et regard impassible dans l’interprétation de la chef mafieuse impitoyable Irina Vlaslov. Citée à l’Oscar à sept reprises, la comédienne oscarisée se produit rarement dans des films d’action. Mais l’opportunité d’adopter un accent russe et d’incarner un personnage profondément maléfique était irrésistible. "Plutôt que de mettre en scène une organisation mafieuse traditionnellement dirigée par un homme, on a eu l’idée de cette Irina qui est une sorte de Lady Macbeth, à la fois très intelligente et complexe, affirme Matt Cook."
John Hillcoat s’est montré impressionné par la force et la présence de Kate Winslet sur le plateau. "Pour Irina, il nous fallait quelqu’un qui impose le respect et qui soit plus puissant que tout autre personnage du film", dit-il. "Kate Winslet s’investit à 100% dans ses rôles et, dans le même temps, comme elle vient de la scène britannique, elle travaille son accent avec beaucoup d’application." Si Cook avait prêté à Irina un grand charisme dès le scénario, la comédienne a encore magnifié le personnage grâce à son jeu. "Kate donne une profondeur au rôle qui dépasse largement le cadre des monologues", dit-il. "On ne peut pas détacher son regard de Kate. On arrive parfaitement à croire qu’Irina a participé à des missions avec le Mossad. Dans le même temps, on ressent son amour pour Felix et sa jalousie vis-à-vis de sa soeur qui est d’une grande beauté. C’est Kate qui dégage tout cela sans qu’on puisse l’expliquer."
La comédienne israélienne Gal Gadot, campe la sensuelle et ténébreuse Elena, soeur d’Irina. "C’est une âme en peine car Irina l’a toujours reléguée au second plan, elle lui a volé son fils et, d’une certaine façon, lui a même volé son mari," indique- t-elle. "Irina fait beaucoup d’ombre à Elena." Loin de la tension qui règne entre les deux soeurs, Gal Gadot confie qu’elle a adoré donner la réplique à la comédienne anglaise. "Kate est à la fois très sympa, ouverte et douée – je l’adore, dit-elle. Les rapports entre nos deux personnages n’ont rien à avoir avec la réalité. D’ailleurs, je serais folle de joie que Kate soit ma grande soeur !"
L’actrice israélienne ne tarit pas d’éloges sur le réalisateur : "John a su formidablement mettre en scène le scénario de Matt Cook en signant un film choral âpre et nerveux qu’on ne voit pas souvent au cinéma, remarque-telle. Grâce à ses cadrages et à ses éclairages, il a donné un côté très sombre au film et un grain à l’image qui, à mon avis, sont formidables. "
Woody Harrelson, deux fois cité à l’Oscar, a déjà campé des policiers corrompus.
Woody Harrelson explique qu’il a abordé son rôle avec l’intensité qui le caractérise, laissant à Hillcoat le soin de le canaliser en cas de besoin.
"Ce qui me plaît bien chez John, c’est qu’il n’hésite pas à venir vers moi pour me dire : " Essaie de refaire la scène avec un peu plus de retenue. Ce fonctionnement me convient très bien parce que j’ai toujours tendance à aller dans l’excès dès que j’en ai l’occasion, si bien que j’ai besoin de quelqu’un pour me tempérer un peu." Jeffrey Allen ne respecte sans doute pas la loi à la lettre, mais il est bien intentionné.
À l’inverse, Marcus Belmont, membre du gang de flics corrompus, abuse de son autorité pour faire aboutir la machination et l’utilisation frauduleuse du code 999. Pour camper ce prince de la duplicité, le réalisateur a choisi Anthony Mackie qui avait impressionné le réalisateur grâce à son interprétation d’un soldat américain dans Démineurs. "Je n’ai jamais oublié sa prestation dans ce film. Anthony Mackie insuffle une authenticité au personnage qu’il n’aurait pu acquérir à partir de ses lectures. Anthony vit à la Nouvelle-Orléans, si bien qu’il connaît déjà très bien cet univers.
Aaron Paul a su camper magistralement un toxicomane dans la série Breaking Bad qui a lancé sa carrière. En interprétant l’ex-flic perturbé Gabe Welch dans Triple 9, il poursuit son exploration de personnages tourmentés, si ce n’est que Welch est rompu aux tactiques de combat paramilitaire. "C’est un mec paumé. Incontestablement un sale type mais parmi la bande, il est le seul à avoir une conscience morale et à tenter de dissuader ses camarades de ne pas mettre à exécution le stratagème du code 999 qui entraîne la mort d’un policier. C’est ce qui me plaît chez lui. Gabe est celui qui émet l’idée de tuer un flic sur un ton humoristique, sans idée derrière la tête, et sans penser une seconde que les autres le prendront au sérieux. Mais c’est pourtant ce qui se passe." déclare l'acteur. Après avoir subi un terrible deuil, Gabe perd la raison. "Gabe et sa petite amie plongent tête la première dans cet enfer destructeur de drogue et de chaos. Étrangement, je crois que c’est grâce à ça que Gabe garde les idées claires et décide de se mettre en danger pour faire échouer le plan." signale le comédien. Grand admirateur de The Proposition Aaron Paul n’a pas hésité une seconde à travailler avec Hillcoat. "Quand John est aux commandes, on peut être certain que le film sera réaliste, nerveux et sans afféterie – et c’est tout ce que j’aime, reprend-il. C’est d’abord le scénario qui a séduit les comédiens, mais lorsqu’on a su que John signerait la mise en scène, tout le monde a voulu participer à l’aventure. C’était très exaltant."
Le réalisateur a apprécié l’investissement personnel de Aaron Paul qui a même accepté l’étrange coiffure du personnage.
Propos relevés dans le dossier de presse.
Mon opinion
Les premières minutes du film demandent une attention particulière pour savoir qui est qui et surtout qui fait quoi. Le scénario, multiplie les personnages et les intrigues, sans, toutefois, les approfondir pour la plupart.
Peu à peu le film prend un envol. Atlanta comme décor. La pauvreté de certains quartiers, dans lesquels la drogue et la prostitution règnent, s'oppose au luxe tapageur de l'autre côté de la ville qui abrite les membres de la mafia israélo russe.
L'image est sombre. Le récit tout autant, cruel et féroce à la fois. La mise en scène rigoureuse est parfaitement maitrisée.
De grands noms au casting. Autant de rôles à peine effleurés dans ce scénario qui ne leur laisse que peu de place pour exister réellement. Chiwetel Ejiofor, Anthony Mackie et Woody Harrelson tous trois parfaitement justes et excellents. Aaron Paul, inquiétant à souhait et Casey Affleck tout à fait convaincant. Deux femmes dans des participations aussi courtes soient-elles, Kate Winslet, qui semble s'amuser dans ce rôle à contre emploi, et la très belle Gal Gadot.
Un film qui pâtit de ce scénario trop peu fouillé.