FORTITUDE : Série givrée, mystère assuré ★★★☆☆

Une série polaire prenante, au parti pris scénaristique déroûtant.

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Prenez une petite île du cercle polaire arctique. Mettez-y 700 habitants, de nationalités différentes, occupés à faire vivre l’île du mieux qu’ils peuvent. Ajoutez un bar, un photographe un peu fou (Michael Gambon), un gouverneur omnipotent (chef de la police, juge, avocat, interprété par la danoise Sofie Gråbøl) et quelques victimes mystérieusement déchiquetées. Pour remuez, placez au centre de l’enquête un shérif (Richard Dormer), pourtant d’un certain âge, novice en matière d’investigation et de gestion de crises, susceptible de péter les plombs à n’importe quel moment. Importez de Londres un détective (Stanley Tucci) qui sent bien qu’il y a du louche là-dedans. Secouez bien. Dégustez très frais, voire même givré.

FORTITUDE : Série givrée, mystère assuré ★★★☆☆

Entre Broadchurch et Fargo, Fortitude réunit tous les ingrédients du bon polar nordique, oppressant et glauque à souhait. Le climat glacial pousse au huis clos, à l’adultère, aux portes fermées derrière lesquelles les perversions les plus diverses rythment le quotidien des habitants. En s’emparant de ces éléments dramatiques, chers au regretté Henning Mankell, les scénaristes nous plongent dans une ambiance feutrée et glaciale. Tous les personnages semblent receler leur part d’ombre. Au fur et à mesure de l’enquête, les langues se délient et les secrets se révèlent. Aucun personnage principal, chacun amène sa pierre à l’édifice. Tels les Dix petits nègres paumés au milieu de l’Océan Arctique, tous deviennent suspects des meurtres commis.

Projeté au milieu de tout cela, le détective Morton incarne notre point de vue : le spectateur s’identifie facilement à lui et à son interprète, Stanley Tucci, qui se délecte de ce personnage sceptique, ironique et tenace. Dans cette île de fous, il est le radeau de lucidité auquel on se raccroche avec bonheur pendant les douze épisodes. Le scénario nous tient, pour nous emmener sur une piste qui frise avec le fantastique… qu’on accueille avec surprise ou déception, selon son degré d’accommodation. Les clins d’yeux aux films de genre (horreur ou sciences fictions), sont légions, faisant de Fortitude un O.V.N.I. des séries glaciaires. Ces références nous amènent progressivement à accepter la possibilité d’une vérité mystique ou paranormale.

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Seule véritable ombre au tableau, le personnage de Frank (Nicholas Pinnock), écrit en accumulant les clichés. Chacune de ses réactions ou décisions est une insulte à l’intelligence la plus basique, le décrédibilise et finit par nous horripiler. Le reste du casting est quant à lui de bonne qualité, mêlant les acteurs très chevronnés qu’on adore (Michael Gambon et Stanley Tucci) à ceux qu’on découvre avec plaisir (Jessica Raine, Richard Dormer). Si la photographie est de facture plutôt classique, soignée mais sans cadrages ou compositions frappants, elle parvient parfaitement à capter la froideur du paysage, son danger, sa beauté. Quelques plans larges rappellent que les protagonistes à l’écran sont bien petits et impuissants face aux éléments naturels. Un excellent travail est par ailleurs effectué sur le son et la musique, dont les violons, souvent aigües, suggèrent par leur grincement une menace surnaturelle grandissante.

Créée par Simon Donald, l’un des scénaristes de la série Wallander, Fortitude est actuellement diffusée sur Canal +, à regarder bien au chaud, lumières éteintes…

La Cinéphile Eclectique (Carnets Critiques )

Série créée par Simon Donald. 

Diffusée à partir du 29 janvier 2015 sur la chaîne britannique Sky Atlantic, en France depuis le 30 janvier 2016 sur Canal +.

Avec Michael Gambon, Stanley TucciJessica Raine, Richard Dormer….

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