Rosalie Blum

Date de sortie 23 mars 2016

Rosalie Blum


Réalisé par Julien Rappeneau


Avec Noémie Lvovsky, Kyan Khojandi, Alice Isaaz,

Anémone, Sara Giraudeau, Philippe Rebbot, Nicolas Bridet, Camille Rutherford


Genre Comédie


Nationalité Français


D'après le roman graphique éponyme de Camille Jourdy (Éditions Actes Sud)

Synopsis

Vincent Machot (Kyan Khojandi) connaît sa vie par cœur. Il la partage entre son salon de coiffure, son cousin Laurent (Nicolas Bridet), son chat, et sa mère Simone (Anémone) bien trop envahissante.

Vincent n'a jamais fait de choix dans sa vie. Comme beaucoup, à une période de son existence, il fait ce qu'on attend de lui et il se réconforte en pensant "c'est comme ça". Il se convainc qu'il n'y a pas d'autre possibilité, en se laissant porter par la vague. Du coup, il se met en veille.

Mais la vie réserve parfois des surprises, même aux plus prudents... Il croise par hasard Rosalie Blum (Noémie Lvovsky), une femme mystérieuse et solitaire, qu'il est convaincu d'avoir déjà rencontrée. Mais où ?

Intrigué, il se décide à la suivre partout, dans l'espoir d'en savoir plus. Il ne se doute pas que cette filature va l’entraîner dans une aventure pleine d’imprévus où il découvrira des personnages aussi fantasques qu’attachants.

Une chose est sûre : la vie de Vincent Machot va changer…

Rosalie Blum - Kyan Khojandi

Kyan Khojandi

Entretien avec Julien Rappeneau relevé dans le dossier de presse


Comment avez-vous eu l'idée de transposer le roman graphique de Camille Jourdy ?


D’abord parce que c’est une formidable histoire et que les histoires formidables sont rares ! J’ai découvert la bande-dessinée de Camille Jourdy au moment de la parution du troisième volume en 2009. J’ai été immédiatement touché par ces personnages, complexes et attachants, séduit aussi par l'univers délicat comme par le principe narratif. Il y a trois ans, quand j’ai eu envie de passer de l’écriture de scénarios à la mise en scène, j’ai relu la trilogie d’une traite en retrouvant de manière plus forte encore les sensations que j’avais éprouvées lors de la première lecture. La transposition de cette histoire m'est alors apparue comme une évidence. Comme si cette Rosalie, qui correspondait si bien à ma sensibilité, avait infusé en moi. Je me suis d'autant plus enthousiasmé pour ce projet qu'il y avait là une vraie singularité et que je pouvais y injecter des choses personnelles. Le tout en racontant une histoire intrigante, en mouvement, et en adoptant un ton à mi-chemin entre humanité, émotion et humour. J'ai donc contacté les producteurs Michaël Gentile et Charles Gillibert qui détenaient les droits de ce roman graphique pour lequel ils avaient également eu un coup de coeur.

Qu'est-ce qui vous a intéressé chez ces personnages que le cinéma représente rarement ?


Ce qui me touche chez eux, c'est qu'ils sont arrêtés à un moment de leur vie : ils sont bloqués par leur peur, par leur histoire familiale, par leur solitude, et ils n'arrivent plus à prendre leur vie en main. Or, grâce à cette étrange histoire de filature, chacun d’entre eux va connaître une remise en mouvement.

Rosalie Blum - Alice Isaaz et

En filigrane, il y a l'idée que même si on doit parfois attendre longtemps, quelque chose de positif et d’inattendu peut toujours survenir. C’est une fable résolument optimiste. L’intrigue se déroule dans une petite ville de province, mais chacun d'entre nous peut s’y retrouver.

C’est la force de cette histoire à la fois intimiste, particulière et universelle : nous avons tous pu, à un moment donné, nous sentir sur la mauvaise route, paralysé par la peur, avant de retrouver une dynamique pour s’en sortir.

Comment s'est déroulée l'écriture ?

Le découpage en trois parties s'est-il imposé très en amont ?


J’ai écrit seul en partant régulièrement m’isoler en Bretagne. Dès le départ, j’ai pensé le film comme un triptyque en utilisant des cartons avec le nom des personnages. Le romangraphique est lui-même en trois volumes, mais ils ne sont pas intitulés de la même façon. J'ai lu et relu la BD pour bien m'imprégner de son esprit, puis je l'ai refermée pour l'adapter. J’ai commencé par bâtir une structure. Celle de ce film est particulièrement délicate à mettre en oeuvre car tout en devant faire avancer l’histoire, elle s’appuie sur des changements de points de vue. J’ai pris beaucoup de plaisir à jouer avec le spectateur, à ménager des surprises et du suspens. Mais le plus gros travail d’écriture était de trouver le ton juste sur les personnages dans un film qui peut être à la fois drôle, émouvant et intriguant. Je n’ai pas voulu m’enfermer dans un film de genre à proprement parler, mais plutôt m’inscrire dans un état d’esprit qui mêle toutes sortes d’émotions. J’aime beaucoup ça au cinéma. Il fallait donc trouver le bon équilibre dans ce métissage des genres, sans perdre le spectateur en route.

Vous diriez que c’est un feel-good movie comme disent les anglo-saxons ?


Je ne me suis pas dit au départ "Tiens je vais faire un feel-good movie". Mais aujourd’hui, alors que je commence à montrer le film au public, j’entends souvent des spectateurs me dire que le film leur a fait du bien. Si c’est le cas, tant mieux.


Quelles libertés vous êtes-vous autorisées dans l’adaptation ?


Toutes ! Mais comme la BD comporte beaucoup d'éléments transposables et très réussis, j'y suis resté fidèle à plusieurs égards. En termes de rythme, le film s'éloigne du livre parce qu'un film ne peut pas se raconter de la même façon qu'une BD. J’ai dû enlever des choses, en inventer d’autres, trouver ma propre musique notamment dans les dialogues. Pour mieux connaître les personnages, je leur ai ajouté certaines caractéristiques comme par exemple les saignements de nez de Vincent ou encore le fait que Aude fasse de la photo. Sur le plan de l’histoire, j'ai entre autres modifié des événements du passé de Rosalie ou travaillé différemment la façon dont les personnages se rencontrent et agissent dans la troisième partie.

Peut-on dire que ce sont trois solitudes - Vincent, Aude, Rosalie - qui se rencontrent ?


Absolument. Par un jeu de hasards assez savoureux qui mêle ludisme et mystère.


Avez-vous rencontré Camille Jourdy ?


Bien sûr. Quand j’ai choisi de me lancer dans l’aventure, je l’ai rencontrée avec mes producteurs. Je voulais me présenter, lui expliquer ce que j’avais en tête. C’était un peu la rencontre de deux timides. On s’est très bien entendu. Elle m’a fait confiance et je suis parti écrire le scénario. Je lui ai fait lire mon adaptation. Et puis, plus tard, elle est passée nous voir sur le tournage alors que nous étions chez Rosalie Blum. C’était émouvant de la voir se promener dans la maison du personnage qu’elle avait créé à l’origine.

Comment a-t-elle réagi en découvrant le film ?


C’est toujours difficile de répondre à la place de quelqu’un. Mais elle m’a dit l’avoir beaucoup aimé, ce qui m’a évidemment touché. Je crois qu’elle y a retrouvé son univers et apprécié les nouveautés que j’y avais apportées.

Pourquoi Vincent ne parvient-il pas à s'affranchir du joug de sa mère ?


Rosalie Blum

Vincent est le fils unique d'une femme possessive et farfelue qui vit seule depuis la mort de son mari. Son fils est son seul lien avec le monde extérieur. Elle sait parfaitement sur quels boutons appuyer pour le faire culpabiliser dès qu'il s'éloigne d'elle. Ça remonte à loin. Et puis, si Vincent ne s’est pas encore émancipé c’est aussi parce qu’il s’est installé dans un certain confort.

Il a son appartement en-dessous de chez sa mère, il a repris le salon de son père, il a une petite vie tranquille. Dans le fond, Vincent s'en veut de s’engluer dans ses petites habitudes qui le minent. Sur le papier, il ne manque de rien, mais en réalité il manque de tout : d’envies, de projets et d'amour.


Comment expliquer qu'il se mette à suivre Rosalie, cette inconnue, du jour au lendemain ?


Quand il rencontre Rosalie dans son épicerie, Vincent est convaincu de l’avoir déjà vue. Mais impossible de savoir où, quand, ni comment. Cela nous est tous arrivé, cette sensation de déjà vu qui peut parfois se révéler assez obsédante. Alors, quand il la recroise, Vincent se décide à la suivre pour savoir qui elle est. Il y prend vite goût car cela pimente sa vie. Suivre Rosalie bouscule ses habitudes. Il se met à fréquenter des lieux où il n’allait jamais. Mais bientôt, le voilà pris à son propre jeu. Cette Rosalie, solitaire et mystérieuse, finit par l’intriguer. Il a envie d'en savoir plus et il s'attache à elle.

Est-ce une manière de se trouver un petit espace de liberté ?


La filature de Rosalie, c’est le jardin secret de Vincent. Il n'en parle à personne, pas même à son cousin qui est aussi son meilleur ami. D’une certaine manière, il se construit une intimité qu'il n'a plus. Sa vie sentimentale est au point mort depuis que sa copine Marianne est à Paris et qu’elle ne lui donne presque pas de nouvelles. Quant à l’intimité chez lui, elle est toute relative, vu que sa mère cogne au plafond dès qu’elle veut lui parler ! J’aime l’idée qu’en suivant Rosalie, Vincent ne sait pas très bien lui-même ce qui lui arrive. Il est dans l'action, n'analyse pas ce qu'il fait. Cela va lui échapper et entraîner des bouleversements qu'il n'a pas anticipés.

Croit-il à sa relation avec Marianne ?


Rosalie BlumIl s'y raccroche comme à une bouée. Mais au fond de lui, il a conscience que cette relation sentimentale va dans le mur.

C'est souvent plus confortable dans la vie de ne pas s'avouer certaines choses. Avec Marianne, comme sur d’autres choses, Vincent est dans le refoulement au début du film. Mais, au fur et à mesure, il va davantage laisser remonter les choses et agir.

Aude est-elle dans le renoncement ?


Aude (Alice Isaaz) est une jeune femme de 25 ans qui passe beaucoup de temps à ne rien faire. En fait, si elle glande c’est qu’elle n’a pas encore trouvé sa place. Elle se sent incomprise par sa famille qu’elle ne voit presque plus et qui ambitionnait pour elle une voie toute tracée. Elle a arrêté la fac mais n’a aucune envie d’enchaîner des petits boulots. Quant à sa vie sentimentale, la rupture avec un ex-copain qui l’a larguée pour une autre semble l’avoir vaccinée pour un temps. Du coup, malgré son jeune âge, Aude a effectivement renoncé à se bouger. Par peur sans doute d’affronter ce dont elle aurait réellement envie. Entourée de ses fidèles copines et de son atypique colocataire, elle dérive lentement. Dans le fond, elle n’attendait qu’une étincelle pour se remettre à bouger. Et cette étincelle, c’est Rosalie qui va la provoquer.


Elle ressent une grande proximité avec sa tante Rosalie.


C'est ce qui me touche beaucoup dans leur relation. Parfois, dans sa famille, on a quelqu'un d'un peu éloigné dont on se révèle plus proche que d'un parent, d'un frère ou d'une soeur. Le film raconte aussi comment ces deux personnages vont se connecter, se faire mutuellement du bien. Je pense que l’une et l’autre se reconnaissent des traits de caractère communs. Toutes les deux, par exemple, à des époques différentes évidemment, se sont senties comme étrangères dans leur propre famille.

Pourquoi accepte-t-elle de prendre Vincent en filature ?


Elle se sent aussi valorisée par ce service que lui demande Rosalie. Et puis ça lui donne quelque chose à faire. Elle y voit un côté ludique d'autant plus que sa copine Cécile l'y pousse ardemment. Aude est aussi très curieuse : elle se demande pourquoi cet homme suit sa tante, avant de se laisser prendre par son propre jeu. D'abord amusée, elle finit par s’intéresser à ce Vincent Machot.

Rosalie Blum - Alice I

Alice Isaaz


Rosalie est enveloppée d'une aura de mystère…


Je ne voulais pas que le film soit une pure chronique sur des gens seuls qui se rencontrent. Il y a une vraie intrigue avec des éléments de suspens. Comme Vincent, puis Aude, on s’interroge sur Rosalie. Pourquoi cette femme vit seule un peu coupée du monde ? Pourquoi se rend-t-elle régulièrement à la prison ? A travers le regard de Vincent et de Aude, on comprend peu à peu les choses. Rosalie est un personnage extrêmement touchant. On sent bien que quelque chose s’est cassé à un moment donné.

Comment avez-vous choisi les trois acteurs principaux ?


J'ai écrit sans trop penser aux acteurs pour me concentrer sur les personnages et les connaître le mieux possible. Puis, j’ai abordé la phase du casting. Je suis content d’avoir pu tisser des liens entre différentes générations d’acteurs et mélanger plusieurs familles. Pour Vincent Machot, qui est une sorte d'antihéros, j’ai rapidement pensé à Kyan Khojandi. Je l’avais découvert comme beaucoup dans Bref sur Canal Plus. Je trouve qu’il dégage beaucoup d’empathie. Il a un côté maladroit et beaucoup de charme. Quand je lui ai proposé le rôle, je ne l’avais encore jamais vu au cinéma. Mais en l’entendant me parler du scénario, du personnage, j’ai su que c’était le bon choix. Noémie Lvovsky, dont j’admire aussi le travail comme réalisatrice, est une grande actrice. C’était naturel d’aller vers elle pour le rôle de Rosalie. Elle m’avait beaucoup touché dans son film Camille Redouble Je sentais qu’elle pourrait dégager le désarroi profond dans lequel vit Rosalie Blum mais qu’elle avait aussi en elle de la fantaisie. J’ai été lui porter le scénario un jour chez elle et faire connaissance. Elle m’a rappelé le lendemain pour me dire oui. Ça m’a porté. Avoir la confiance de Noémie Lvovsky, ce n'est pas rien. Au moment du casting est sorti La crème de la crème de Kim Chapiron. C'est là que j'ai découvert Alice Isaaz. J'ai trouvé qu'elle était très jolie, excellente actrice. J’aimais notamment beaucoup sa voix grave qui tranche avec son physique. On s'est rencontrés et je l'ai choisie rapidement. J'ai découvert sur le tournage à quel point elle a une vraie capacité émotionnelle.

Et les seconds rôles ?


Rosalie Blum - Anémone

Pour incarner Simone, la mère possessive de Vincent, j’ai très vite pensé à Anémone. Je la savais capable d’apporter la dimension farfelue du personnage tout autant que sa facette plus dramatique. Ça s’est très bien passé entre elle et Kyan qui joue son fils.

Rosalie Blum - Philippe Rebbot

J’avais vu Philippe Rebbot, l’acteur qui joue le colocataire, dans plusieurs films où je l’avais toujours trouvé très bon. Il dégage vraiment quelque chose du personnage avec une dégaine qui lui est propre. Il est extrêmement drôle.

J’ai lancé un casting avec Gigi Akoka pour trouver les deux comédiennes qui interprèteraient les copines d’Aude. Je voulais composer un trio dont on sente immédiatement la complicité. Sara Giraudeau (Cécile) est très inventive, elle propose des choses, et elle a un sens inné de la comédie. Je la trouve extrêmement drôle elle aussi. Je ne connaissais pas Camille Rutherford (Laura) mais en la découvrant au casting, j’ai su qu’elle s’intègrerait très bien à l’univers du film. Tout comme Nicolas Bridet qui joue Laurent, le cousin de Vincent.

Comment les avez-vous dirigés ?


C’est mon premier film. Je n'avais jamais tourné de ma vie, ni même réalisé de court métrage. J'ai donc appris en faisant. Mais je savais exactement ce que j'attendais de chaque personnage et où je voulais aller. Nous avons fait des lectures pour qu'ils apprennent à se connaître et pour que je me familiarise avec leur travail. Cette phase a permis aux acteurs d'entrer dans leurs rôles. C'était aussi utile pour affiner certains détails du script ou quelques dialogues. Une fois sur le tournage, même si je le savais théoriquement, j'ai découvert à quel point chaque comédien est différent dans sa psychologie, sa manière de se préparer et de s'inscrire dans la scène. La direction d'acteur, c'est aussi comprendre cette différence. J’ai essayé d’être à l’écoute et en même temps toujours précis sur ce que demandais.

Rosalie Blum - Nicolas Bridet et Kyan Khojandi

Nicolas Bridet et Kyan Khojandi

Pourquoi avez-vous tourné à Nevers ?


Comme dans la BD, l’action du film se déroule dans une petite ville de province. Visuellement, c’est l’une des choses qui m’attirait. J'avais beaucoup aimé le travail de Raymond Depardon sur la France où il avait photographié beaucoup de villages et de petites communes. En cherchant le lieu de tournage, je voulais retrouver un peu de cette atmosphère. Je ne voulais pas choisir une ville trop marquée régionalement, que l’on aurait pu identifier immédiatement comme étant au Nord ou au Sud, à la mer ou à la montagne. Alors j’ai été seul me promener dans plusieurs villes en régions Centre et Bourgogne. En arrivant à Nevers j’ai su que je tournerai là. J’ai aimé la sinuosité des rues, le relief, les couleurs, et la présence de la Loire. Il y avait du charme et une dimension modeste qui convenaient parfaitement au sujet. Plus tard, en choisissant les lieux de tournage, je voulais faire en sorte que le spectateur finisse lui aussi par connaître la ville où vivent les personnages, qu’il en ressente l’ambiance et la géographie.


Quel style visuel souhaitiez-vous donner au film ?


Rosalie Blum est un conte, mais un conte réaliste. Je ne voulais pas d’un film dans un style naturaliste, ni dans un univers visuellement très chargé, artificiel, qui aurait enlevé de l’authenticité aux personnages. Il fallait trouver le bon dosage avec notamment une certaine douceur dans la lumière ou le choix des couleurs. C'est dans cette optique que l’équipe a travaillé avec notamment Pierre Cottereau à la lumière, Marie Cheminal aux décors et Isabelle Pannetier aux costumes.


Parlez-moi de la musique.


Dès l’écriture, je savais que la musique jouerait un rôle important dans le film. J’avais par exemple choisi la chanson de Belle & Sebastian Get me Away From here I Am Dying pour qu’elle soit reprise par la chanteuse dans le bar où Vincent suit Rosalie. Rythmiquement, même si évidemment cela s’est précisé plus tard avec le monteur Stan Collet, j’avais déjà une idée des moments où la musique interviendrait. J'ai choisi de travailler avec mon frère Martin qui est à la fois chanteur et compositeur de musiques de film. Depuis notre adolescence, j'ai toujours été sensible à son grand talent mélodique. Je sentais qu’il saurait être en osmose avec l’humeur du film. D’autant plus qu’il en avait suivi toutes les étapes puisque nous échangeons beaucoup lui et moi. Du coup, son travail de composition a eu le temps de mûrir. J’avais envie pour ce film de thèmes forts, un pour chacun des trois personnages principaux. Martin me faisait ses propositions au piano et je lui disais ce qui me plaisait ou moins.

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Roslie Blum - Noémie Lvosky

Mon opinion

Au sujet des principaux protagonistes du film, Noémie Lvovsky déclare : "Le réalisateur évoque des personnages de l’ombre, des gens que beaucoup considèreraient comme étant "de la lose", des gens "de rien"... Julien les regarde et les raconte autrement. Il voit leur grandeur… Le regard de Julien, mêlé à celui de Camille Jourdy, fait de ces gens en marge, gris et invisibles, de grandes et belles personnes."

Pour son premier long-métrage, Julien Rappeneau a choisi de porter à l'écran le roman graphique et éponyme de Camille Jourdy. La réussite est inattendue, tendre, mélancolique et joyeuse à la fois.

La lassitude de certains côtoie les échecs de quelques autres mais tous les personnages mis en scène avec brio, deviennent attachants. Comme dans les puzzles, qu'affectionne particulièrement Rosalie, chaque séquence trouvera sa juste place. Jusqu'à la toute fin qui restera comme une bouteille lancée dans la mer.

La ville de Nevers est, dans l'objectif de Pierre Cottereau, le reflet idéal pour cette libre adaptation parfaitement réussie. Martin Rappeneau signe les musiques originales. Autant de thèmes qui accompagnent avec talent les principaux personnages.

Kyan Khojandi est juste et attendrissant. Anémone en mère, ô combien possessive, s'en donne à cœur joie, pour notre plus grand plaisir. Alice Isaaz, Sara Giraudeau et Camille Rutherford rayonnent. Philippe Rebbot et Nicolas Bridet complètent avec talent cet excellent casting. La formidable Noémie Lvovsky rend toutes les situations possibles. Elle illumine l'ensemble.

Ce film est à la fois étonnant, brillant, et poétique.

Un moment de cinéma qui fait du bien.