Genre : fantastique, aventure
Année : 1925
Durée : 1h41
Synopsis : Le professeur Challenger a un objectif : retrouver la trace d'un monde rempli d'étranges créatures décrit par l'explorateur Maples White. Pour cela, il met en chantier une expédition formée de sa fille Paula, du professeur Summerlee, du journaliste Edward Malone et de Sir John Roxton. Dix jours après leur départ, les aventuriers parviennet en pleine jungle amazonienne et découvrent un spectacle saisissant : devant eux se dresse un paysage entièrement peuplé de dinosaures et autres espèces de l'ère quaternaire. Ils décident alors de capturer l'une de ces extraordinaires créatures et de la ramener à Londres.
La critique :
L'univers fantaisiste de Jules Verne, soit autant d'opuscules fantastiques. Que ce soit Voyage au centre de la Terre, De la Terre à la Lune ou encore Vingt Mille Lieues sous les Mers. Tous ces romans vont largement inspirer le noble Septième Art, mais aussi le monde de la littérature. En 1912, Arthur Conan Doyle, le célèbre créateur de Sherlock Holmes, s'inscrit dans cette dynamique scientifique et féérique, avec Le Monde Perdu. Le roman signe le grand retour des animaux préhistoriques sur notre vaste planète, mais aussi cette idée d'un endroit mystérieux, plus précisément une île encore inexplorée par l'homme.
Une idée à priori fantasque dont s'empare le cinéma avec un film homonyme, réalisé par Harry O. Hoyt en 1925. Bien avant la sortie de Jurassic Park (Steven Spielberg, 1993), cette toute première version cinématographique va durablement marquer les esprits.
On peut même considérer Le Monde Perdu comme l'ancêtre proverbial du blockbuster. Par la suite, le long-métrage va influencer plusieurs générations de cinéastes, ainsi que de nombreux succédanés. En hommage au chef d'oeuvre d'Harry O. Hoyt, Steven Spielberg réalisera même Le Monde Perdu : Jurassic Park (1997), soit le second chapitre de la tétralogie. Le film d'Harry O. Hoyt marque un tournant rédhibitoire dans l'histoire du Septième Art. Désormais, le cinéma possède une technologie suffisamment avancée pour insuffler la vie à des animaux préhistoriques, jadis radiés de la surface de la Terre.
Harry O. Hoyt s'adjoint les services de Willis O'Brien et de Devereaux Jennings pour superviser les effets spéciaux et visuels du film. Les deux techniciens érudits créent la stop-motion à partir d'une cinquantaine de figurines de dinosaures, conçues durant plusieurs journées, semaines et mois de dure labeur.
Précautionneux et vétilleux, Willis O'Brien tient à rendre ces dinosaures les plus réalistes possibles. Le célèbre démiurge et le futur "papa" (si j'ose dire) de King-Kong (Ernest B. Schoedsack, 1933) ne se contente pas seulement de confectionner des animaux cruels, voraces et à la complexion reptilienne. Willis O'Brien nimbe ces créatures d'un appareil respiratoire fabriqué à l'aide d'une vessie de ballon de football.
Par conséquent, les dinosaures du Monde Perdu ne se contentent pas uniquement de se mouvoir et de rugir dans une jungle hostile. Ils respirent sous le regard béat et ébaubi des spectateurs.
Concernant les mouvements des animaux préhistoriques, chaque minute de projection nécessite plus de 950 images. Un travail minutieux et d'orfèvre qui nécessite 14 mois de tournage et une besogne acharnée.
Au moment de sa sortie, Le Monde Perdu suscite à la fois l'admiration et les quolibets. D'un côté, certains fans encensent les qualités techniques, visuelles et esthétiques du long-métrage. De l'autre, certains contempteurs semoncent cette adaptation et lui reprochent, entre autres, de dénaturer l'essence même du cinéma par sa profusion d'effets spéciaux. En réalité, Le Monde Perdu s'apparente surtout à une expérience de laboratoire, à une sorte de brouillon qui doit préfigurer l'arrivée d'un autre monstre.
Ce sera King Kong, un classique du cinéma fantastique sur lequel Willis O'Brien développera davantage la technique de la stop-motion (image par image). La distribution du Monde Perdu réunit Wallace Beery, Bessie Love, Lloyd Hughes, Lewis Stone et Arthur Hoyt. Attention, SPOILERS !
Le professeur Challenger a un objectif : retrouver la trace d'un monde rempli d'étranges créatures décrit par l'explorateur Maples White. Pour cela, il met en chantier une expédition formée de sa fille Paula, du professeur Summerlee, du journaliste Edward Malone et de Sir John Roxton. Dix jours après leur départ, les aventuriers parviennet en pleine jungle amazonienne et découvrent un spectacle saisissant : devant eux se dresse un paysage entièrement peuplé de dinosaures et autres espèces de l'ère quaternaire. Ils décident alors de capturer l'une de ces extraordinaires créatures et de la ramener à Londres.
Derrière ce schéma narratif à priori basique et laconique, on décèle déjà les prémisses de King Kong, de Godzilla (Ishiro Honda, 1954) et de Jurassic Park, bref le film de monstre ! La trame scénaristique pourrait se résumer ainsi : l'organisation d'une expédition scientifique, l'arrivée impromptue de nos chers aventuriers sur une île énigmatique et hostile, la capture d'un animal préhistorique aux incroyables rotondités, puis la destruction de la ville par la créature furibonde.
Autrement dit, Jurassic Park, King Kong et les autres n'ont rien inventé. Steven Spielberg et ses prosélythes ne feront qu'ergoter la même recette de cuisine. Toujours la même antienne : celle du Monde Perdu et de l'univers fantasmagorique déployé par la caméra avisée d'Harry O. Hoyt. Film muet et tourné en noir et blanc, Le Monde Perdu se focalise, dans sa première partie, sur les détails de l'expédition. Certes, le concept reste assez conventionnel.
Sur notre planète, il existerait encore un endroit méconnu de l'homme, plus précisément une île peuplée d'animaux préhistoriques. Après de nombreuses conversations oiseuses et sibyllines, nos chers explorateurs découvrent enfin la contrée aux couleurs châtoyantes et paradisiaques... Enfin presque... L'endroit n'est pas seulement une série de précipices et de parois abruptes.
Il marque également une rupture avec les prémisses de notre société consumériste. Cette île est même la parfaite antithèse de notre monde moderne. Surgi du vide, cet endroit obombré semble appartenir au néant et à notre fantasmagorie archaïque. Ce n'est pas un hasard si cette île est habitée par des stégosaures, des brontosaures, des diplodocus et le fameux tyrannosaure, ce prédateur vorace et à l'appétit pantagruélique. Encore une fois, un grand soin a été apporté aux décors et à la confection de nos créatures braillardes. Harry O. Hoyt décrit alors une sorte de royaume cruel où règne la loi du plus fort.
Dans cette jungle en perpétuelle mutation, l'homme se retrouve face à ses pensées primitives et reptiliennes. Appâtés par le lucre, nos aventuriers capturent la dépouille encore vivante d'un brontosaure. Furibonde, le monstre se réveille dans une ville en ébullition. La Préhistoire contre l'hédonisme.
Hélas, c'est le second qui triomphe de son adversaire opiniâtre. Une logique qui sera celle aussi de King Kong. Toutefois, malgré son statut de grand classique du cinéma, Le Monde Perdu n'est pas exempt de tout reproche. Les personnages humains ne présentent aucun intérêt et sont logiquement évincés par les dinosaures, donc les vraies stars du film. Enfin, la première partie du film reste assez longuette et superflue. Le Monde Perdu justifie surtout son visionnage pour l'univers qu'il déploie au fil des minutes. Conscient de cet énorme potentiel, Harry O. Hoyt s'attarde largement sur les animaux préhistoriques de l'île, soit la seconde partie du film. Enfin, la bande son du film est assez redondante, voire parfois dissonante ; ce qui pourra éventuellement décontenancer les spectateurs les plus avisés.
Mais ne soyons pas trop sévères ni vachards, on tient clairement là le ou l'un des "must" du genre. En un seul mot : indispensable.
Note : 17.5/20
Alice In Oliver
Critique du film également disponible sur E-Pôle-Art : http://epoleart.canalblog.com/archives/2016/02/17/33114480.html