Genre : horreur, épouvante (interdit aux - 12 ans)
Année : 1987
Durée : 1h43
L'histoire : Un prêtre, des étudiants et quelques scientifiques entreprennent de mettre à jour le secret contenu dans un mystèrieux coffret gardé depuis des siècles par une secte religieuse. A l'intérieur un troublant liquide vert va vite mettre toute l'humanité en péril.
La critique :
Dans les années 1980, John Carpenter alterne les films à gros budget et les séries B plus modestes. L'immense succès de Halloween : la nuit des masques (1978) a définitivement assis sa notoriété. En 1980, il réalise un nouveau film d'épouvante, The Fog, qui confirme à nouveau son statut de maître de l'épouvante. En 1981, il s'essaie à la science-fiction avec New York 1997.
Nouveau succès pour le cinéaste. New York 1997 s'inscrit dans la lignée et la continuité de Mad Max, une production à la fois pessimiste et nihiliste. L'année suivante, John Carpenter réalise un film beaucoup plus personnel. Son nom ? The Thing. Ce sixième long-métrage est le premier volet d'une trilogie sur l'Apocalypse. Hélas, le film se solde par un énorme bide commercial.
Pourtant, John Carpenter renoue avec le succès en 1983 avec Christine, une adaptation d'un roman de Stephen King. Malheureusement, en 1986, il connaît à nouveau les foudres et les avanies de la critique avec Les aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin. A l'instar de The Thing, le long-métrage est lui aussi voué à l'opprobre et aux gémonies, avant de se tailler le statut de film culte au fil des années. Répudié par le système hollywoodien, John Carpenter décide de revenir vers des productions plus modestes. C'est dans cette logique qu'il réalise Prince des Ténèbres, sorti en 1987.
Le film constitue également le second volet de la trilogie sur l'Apocalypse. Il sera suivi par L'Antre de la Folie en 1995. Malgré des critiques plutôt dithyrambiques, le long-métrage obtient un succès plutôt modéré.
Parallèlement, Prince des Ténèbres obtient le Prix de la Critique au festival d'Avoriaz et impressionne par son ambiance crépusculaire. A l'instar de The Thing et de Jack Burton, lui aussi obtiendra le statut de film culte. Néanmoins, ce n'est pas forcément le film que l'on cite en premier parmi les grandes réussites du cinéaste. Prince des Ténèbres, un film sous-estimé ? Indubitablement.
La distribution de long-métrage d'épouvante réunit Donald Pleasence, Victor Wong, Jameson Parker, Lisa Blount, Dennis Dun, Susan Blanchard, Anne Marie Howard et Alice Cooper. Attention, SPOILERS ! Sous l’égide d’un prêtre, un groupe de scientifiques étudie un phénomène étrange dans une église abandonnée de Los Angeles. Déposé dans le sous-sol depuis des siècles, un cylindre de verre abrite une étrange activité.
Son contenu semble se modifier d’heure en heure pour prendre vie. Catherine, une jeune mathématicienne, parvient à percer le mystère du manuscrit codé lié au cylindre : il contient le fils de Satan, dont la mission est de se matérialiser pour délivrer son père des ténèbres et lui permettre enfin de régner sur le monde. Tandis qu’une horde de clochards assiège l’église, le démon suinte hors de son catafalque et s’empare de l’âme de Kelly. Plus que jamais, John Carpenter est un réalisateur du passé.
Ses précédents films ne sont finalement que des hommages à des augustes cinéastes, entre autres, Howard Hawkes. Avec Prince des Ténèbres, John Carpenter signe un véritable plaidoyer à la série télévisée The Quatermass Experiment, réalisée par Val Guest en 1953.
Autant le dire tout de suite. Prince des Ténèbres n'est pas forcément le film le plus accessible de John Carpenter. Résolument anti-commercial et anti-hollywoodien, Prince des Ténèbres a une vraie consonance religieuse, scientifique et eschatologique. Cette fois-ci, le mal s'immisce dans une église abandonnée de Los Angeles. Surtout, le fils de Satan prend la forme d'une étrange substance, dont l'objectif est de se matérialiser à travers les corps humains.
Il est donc question à la fois de messages subliminaux, de métempsychose, de physique quantique et d'explications pour le moins nébuleuses. Clairement, le spectateur peu avisé sera probablement rebuté par l'ambiance anxiogène du film. Ici, peu ou prou de Snake Plissken ou de McReady, les héros respectifs de New York 1997 et de The Thing.
John Carpenter s'interroge sur les racines et les origines profondes du mal. La progéniture de Satan n'est finalement que le substrat de notre société consumériste et égotiste, de notre propre isolement et d'une Humanité condamnée à s'annihiler. Ainsi, les personnages humains se transmutent en morts vivants aux yeux injectés de sang. Quant à la plèbe, menée par un Alice Cooper plus inquiétant que jamais, elle descend dans la rue et menace une église en proie à des forces qui la dépassent.
Prince des Ténèbres, c'est aussi la traduction d'une religion chrétienne en plein marasme. Désormais, la foi ne permet plus d'éradiquer le vice et le péché. Par certains aspects, Prince des Ténèbres n'est pas sans rappeler Le Village des Damnés (Wolf Rilla, 1960). A la seule différence que le mur de briques, une sorte de rempart irréfragable, a été évincé par des dimensions parallèles et des trous de ver.
Vous l'avez donc compris. Prince des Ténèbres est un film à la fois complexe et introspectif qui mériterait sans doute un meilleur niveau d'analyse. Bref, on tient là l'un des meilleurs crus de John Carpenter. Probablement l'un des plus personnels...
Note : 16/20
Synopsis du film sur : http://www.avoir-alire.com/le-prince-des-tenebres-la-critique