Genre : horreur, gore (interdit aux - 16 ans)
Année : 2010
Durée : 1h38
L'histoire : Un meurtrier assassine des adolescents sitôt qu'ils refusent de continuer une chaîne d'emails.
La critique :
Depuis le début des années 2000, le genre torture porn s'est littéralement démocratisé au cinéma et surtout par le biais du direct-to-dvd (DTV). On ne présente même plus Saw et Hostel, réalisés respectivement par James Wan et Eli Roth. Succès oblige, les deux films connaîtront plusieurs suites et de nombreux succédanés. Le but ? Eventuellement renouveler un genre moribond, étriqué et calibré afin de séduire un public (majoritairement adolescent) en manque de sensations sanguinaires.
Certes, certains titres provoqueront le débat, la polémique et même les quolibets sur la Toile. C'est par exemple le cas de A Serbian Film (Srdjan Spasojevic, 2010), The Human Centipede - First Sequence (Tom Six, 2009), Philosophy of a Knife (Andrey Iskanov, 2008), ou encore de The Bunny Game (Adam Rehmier, 2010).
Vient également s'ajouter Chain Letter, réalisé par un certain Deon Taylor en 2010. Le film n'a pas bénéficié d'une sortie dans les salles obscures, mais d'un petit tour par la "case" DTV. La distribution du long-métrage réunit Keith David, Brad Dourif, Bai Ling, Noah Segan, Betsy Russell, Matt Cohen et Nikki Reed. Etonnant de retrouver Keith David et Brad Dourif dans cette production impécunière.
Attention, SPOILERS ! Six adolescents, complètement accros à la Toile, Youtube, Facebook et autres joyeusetés d'internet, sont aux prises avec une chaîne d’e-mails bien mystérieuse, intitulée « Romps la chaîne et perds la vie ». Tout d'abord incrédules, certains d'entre eux décident justement de rompre la chaîne de messages, provoquant les inimitiés d'un tueur cagoulé.
Autant le dire tout de suite, Chain Letter s'inscrit dans la logique et la continuité de Saw, Hostel et consors. Néanmoins, le film tente de renouveler le genre via un scénario amphigourique et alambiqué. C'est le plus gros défaut de cette pellicule plus bête que réellement méchante. Certes, Deon Taylor veut faire dans l'originalité. A l'instar de Saw, le réalisateur essaie de mélanger (maladroitement) l'enquête policière, le thriller et le torture porn. Hélas, la comparaison s'arrête bien là.
Certes, Les intentions de Deon Taylor sont tout à fait louables. Le message de Chain Letter est à peine déguisé. A travers Chain Letter, le but du cinéaste est de réaliser une diatribe au vitriol de notre société consumériste, en particulier de tous ces jeunes impubères, qui ne jurent plus que par Internet et leurs sms sur leur téléphone portable.
Notre individualisme, notre hédonisme et notre égotisme sont donc les cibles principales du film et surtout celles d'un tueur en série sanguinaire, qui torture à la chaîne (c'est le cas de le dire !). C'est d'ailleurs la seule et unique qualité de Chain Letter. Les effets spéciaux et visuels sont plutôt soignés et correctement réalisés, sans jamais susciter le moindre sursaut ou effroi.
La faute revient à un concept qui a déjà épuisé son concept au bout de quinze petites minutes de bobine. Dès sa courte introduction, Chain Letter a le mérite de présenter les inimitiés. Deux automobilistes tuent malgré eux un éphèbe ligoté aux deux roues de leur véhicule respectif. Qui se cache derrière ce meurtre d'un nouveau genre ? Dès lors, Deon Taylor privilégie l'enquête policière menée par un Keith David en mode cabotinage.
Au détour de plusieurs flash back, le réalisateur dissémine plusieurs pistes. Deon Taylor donne assez peu d'informations sur son étrange serial killer cagoulé et défiguré. Le croquemitaine psychopathe a évidemment des complices avec qui il ourdit une conspiration machiavélique. Tous ces adolescents, désormais lobotomisés par Internet et leur Iphone dernier cri, doivent être torturés, suppliciés et exterminés.
Certes, l'idée, bien que saugrenue, n'est pas forcément inintéressante. Hélas, le long-métrage souffre de nombreuses longueurs superflues et de conversations pour le moins sibyllines. Si bien que l'on décroche rapidement de ce torture porn profondément idiot. Quant aux divers protagonistes, difficile se passionner pour leurs aventures tant ils sont caricaturaux.
D'où la sensation de visionner un film gore à la fois pédant, prétentieux, moralisateur et condescendant. Bref, vous l'avez compris. Chain Letter vient se rajouter à la longue liste des navets trash et horrifiques. Chronique courte aujourdhui mais sincèrement, je ne vois pas quoi dire de plus sur cet étron flotteur.
Côte : Navet