De : Baltasar Kormakur.
Avec: Olafur Darri Olafsson ( Banshee, Balade entre les tombes), Ilmur Kristjansdottir ( L’histoire du géant timide, White night wedding), Ingvar Eggert Sigurosson ( Everest, Sparrows).
Synopsis Allociné: Un torse non identifié échoue sur les rives de la petite ville de Seydisfjördur, en Islande. Lorsqu’une tempête rend les routes impraticables et isole la ville du reste du monde, elle bascule dans le chaos : les habitants réalisent qu’ils sont tous de potentiels suspects, mais aussi tous potentiellement en danger. Un flic impitoyable et perturbé risque alors sa vie, sa famille et la sécurité de sa ville pour résoudre le mystère, dans l’espoir de racheter sa réputation ternie.
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Rien de nouveau dans le genre. Ceci dit, la sauce prend étonnamment bien même mieux que bien.
Il faut dire que le spectateur est pour une fois délocalisé. Exit les buildings, les jungles urbaines américaines et ses dérives pour faire place à l’Islande et ses températures avoisinant les zéros et moins. Plus précisément dans une ville retirée où la moindre tempête vous isole du reste du pays et pourquoi pas du reste de la Terre par la même occasion.
D’apparence du moins, on pourrait croire que ce genre d’espaces, de grands espaces où la nature a tous ses droits est vierge de toute violence, de toute rancœur et de batailles. Mais, c’est sans compter les rêves déchus et les ambitions démesurés des uns et des autres exacerbés dans un contexte social et économique difficile.
Néanmoins, ce sentiment semble décuplé dans ce genre de petites villes sans doute à cause de son isolement, du fait aussi que tout le monde connait tout le monde ou tout du moins croit connaitre son voisin. Par certains aspects, on a ce sentiment que cette bourgade islandaise a son propre fonctionnement presque aussi ses propres règles. Si bien que lorsque l’équipe de police de Reykjavík arrive sur les lieux c’est une catastrophe. Pour comprendre cette ville et ses habitants, il faut y être né semble-t-il.
Ce qui m’a frappé dans une autre mesure c’est le décor. Immense, rude et parfois aussi, inhospitalier. C’est le décor tout trouvé pour ce genre d’histoires car il offre de magnifiques scènes d’autant que ce dernier semble ( presque) exempt de la main de l’homme; c’est lui qui compose avec elle et non l’inverse.
D’ailleurs, le générique offre un magnifique panorama de cela quoique glaçant lorsque le parallèle entre cette nature hors du commun et le corps mutilé retrouvé est dressé.
L’autre point fort de la série est sans aucun doute les personnages. Tout d’abord et ça fait un bien fou, de voir des acteurs et des actrices qui n’ont pas le sourire Colgate et qui ne semblent pas tout droit sortis d’un magazine de mode. Donc, pas les mensurations standard ni le physique d’Aphrodite et d’Apollon. De plus, les choix vestimentaires sont en adéquation avec le climat islandais donc pensés surtout pour le côté pratique que tendance.
Les femmes sont très peu maquillées et n’ont pas la coupe standard américaine: un carré mi long bouclé et méché aux pointes. Pour une fois, on a vraiment l’impression d’avoir affaire à monsieur et madame tout le monde; on a presque l’impression qu’on pourrait les croiser dans la vraie vie sans en être embarrassé ni impressionné outre mesure tant ils nous ressemblent de par les émotions et les soucis du quotidien qui les habitent.
Pourtant, il y a aussi parfois quelques moments de grâce , d’une beauté à couper le souffle. Je pense notamment à cette scène où le beau père d’Andri se décide enfin à parler au petit ami de sa fille, Hjörtur. Cet échange est intense de par ce qui est dit et ce qui ne l’est pas; magnifié par une BO à la Sigur Ross signé Johan Johannsson qui avait notamment travaillé sur Sicario et Prisonners ou encore The Theory of everything ( Forces of attraction ♡ ) .
Cependant, Trapped a tendance à se perdre aussi quelquefois. Dans des longueurs, dans des pistes non exploitées, dans des redondances et aussi, dans des illuminations soudaines souvent finales qui frôlent l’improbable. Ceci dit, rien de particulièrement grave bien qu’il aurait fallu comme le disait Virginia Woolf pour ses écrits, resserrer le texte pour garder cette touche islandaise à part.