Genre : drame, comédie dramatique
Année : 1998
Durée : 1h43
L'histoire : Truman Burbank mène une vie calme et heureuse. Il habite dans un petit pavillon propret de la radieuse station balnéaire de Seahaven. Il part tous les matins à son bureau d'agent d'assurances dont il ressort huit heures plus tard pour regagner son foyer, savourer le confort de son habitat modèle, la bonne humeur inaltérable et le sourire mécanique de sa femme, Meryl. Mais parfois, Truman étouffe sous tant de bonheur et la nuit l'angoisse le submerge. Il se sent de plus en plus étranger, comme si son entourage jouait un rôle. Pis encore, il se sent observé.
La critique :
La carrière cinématographique de Peter Weir débute vers la fin des années 1960, tout d'abord à la télévsion, puis par deux moyens-métrages. Il réalise son tout premier long-métrage en 1974 avec Les Voitures qui ont mangé Paris, un thriller horrifique assez étrange. Son second film, Pique-nique à Hanging Rock (1975), tiré d'une histoire vraie, va connaître un immense succès en Australie.
A partir des années 1980, le nom de Peter Weir s'exporte en dehors de ses frontières, notamment L'Année de tous les dangers (1982), Witness (1985), Mosquito Coast (1986) et Le cercle des poètes disparus (1989). Entre 1990 et aujourd'hui, Peter Weir est devenu beaucoup plus discret et surtout moins prolifique. Son dernier coup de maître remonte à 1998 et s'intitule The Truman Show.
Le scénario du film est écrit par un certain Andrew Niccol, qui ressort à peine du tournage de Bienvenue à Gattaca (1997), un long-métrage d'anticipation pour le moins terrifiant. Pour l'anecdote, c'est Brian De Palma qui devait réaliser The Truman Show. Mais le cinéaste se désiste car il ne souhaite pas tourner avec Jim Carrey, qu'il juge peu crédible pour jouer le rôle de Truman Burbank.
Brian De Palma aurait préféré Tom Hanks pour interpréter un personnage aussi complexe. Inutile de présenter Jim Carrey, essentiellement spécialisé dans les comédies grivoises et licencieuses. L'interprète est surtout connu pour avoir triomphé dans Ace Ventura, détective pour chiens et chat (1994), Dumb et Dumber (1994), Disjoncté (1996) ou encore The Mask (1994).
Par conséquent, difficile de s'acheter une certaine notoriété dans un registre plus dramatique. Pourtant, l'acteur tient probablement là le ou l'un des meilleurs rôles de sa carrière. Viennent également s'ajouter Ed Harris, Noah Emmerich, Laura Linney, Natascha McElhone, Holland Taylor, Brian Delate, Peter Krause et Paul Giamatti. Attention, SPOILERS ! Truman Burbank mène une vie calme et heureuse.
Il habite dans un petit pavillon propret de la radieuse station balnéaire de Seahaven. Il part tous les matins à son bureau d'agent d'assurances dont il ressort huit heures plus tard pour regagner son foyer, savourer le confort de son habitat modèle, la bonne humeur inaltérable et le sourire mécanique de sa femme, Meryl. Mais parfois, Truman étouffe sous tant de bonheur et la nuit l'angoisse le submerge.
Il se sent de plus en plus étranger, comme si son entourage jouait un rôle. Pis encore, il se sent observé. Ce n'est pas la première fois que le cinéma s'intéresse et dénonce les jeux de téléréalité. Déjà, entre les années 1970 et 1980, plusieurs films de science-fiction tançaient et fustigeaient les dérives de la télé "poubelle", notamment dans La course à la mort de l'an 2000 (Paul Bartel, 1975), Le Prix du Danger (Yves Boisset, 1983) et bien sûr Running Man (Paul Michael Glaser, 1988), le jeu se transformant à chaque fois en arène de la mort. Certes, sur la forme, The Truman Show est beaucoup moins virulent dans sa diatribe d'une société à la fois consumériste et hégémonique.
Ici point de valeureux guerriers qui meurent au combat. La victime se nomme Truman Burbank, un quidam, à priori un homme comme tout le monde ou presque...
Toute la vie de Truman Burbank n'est qu'un leurre, un simulacre de panneaux, de spots publicitaires et d'acteurs qui sont censés jouer les amis, les proches et même la famille de ce nouveau Candide des temps modernes. Evidemment, le trentenaire ignore tout de ces accointances et de cet univers factice qui l'entourent. A travers son histoire atypique, le film n'est pas sans rappeler le roman 1984 de George Orwell.
Les moindres faits et gestes de Truman sont épiés, scrutés et surveillés à la loupe non seulement par l'émission, mais par la populace, passionnée par ce cobaye synonyme de gain, de scoop et de profit pour un capitalisme de plus en plus pervers, fallacieux et mercantile.
Plus qu'une relecture de 1984, The Truman Show s'apparente également à une nouvelle vision de l'Allégorie de la Caverne (Platon).
A la seule différence que la Caverne est une ville bien réelle, tout du moins érigée par une énorme société de production et de télévision. Finalement, l'entourage de Truman Burbanks et son petit univers à priori idyllique ne sont que des ombres destinées à farder une réalité beaucoup plus pernicieuse. Plus précisément, Truman est le jouet d'un producteur séditieux, un certain Christof (Ed Harris).
A ce sujet, le long-métrage aborde une autre thématique essentielle : le Complexe d'Icare. A travers le personnage de Truman qu'il dirige et espionne, Christof cherche à s'élever au rang de Dieu. Il considère le jeune homme comme son propre fils et surtout comme la propre création d'un univers qu'il régente. A lui tout seul (ou presque...), il a bâti une société fictive.
Truman n'est finalement qu'un instrument manipulable et corvéable en fonction de l'audience et des exigences du public. Mais The Truman Show, c'est aussi l'histoire d'un homme qui s'insurge contre cette autorité à priori irréfragable. Evidemment, Truman finira par découvrir la vérité. Certes, Peter Weir traite son sujet avec beaucoup d'humour. Pourtant, malgré ses allures de comédie dramatique, The Truman Show n'en demeure pas moins terrifiant, notamment grâce à l'excellente composition de Jim Carrey, et surtout par les différents niveaux de lecture que le film exige.
Bref, un long-métrage choc, percutant et déroutant.
Note : 17/20